AccueilLa UNETunis : Les 2 mauvaises nouvelles du mercredi pourrait-elles coûter cher ?

Tunis : Les 2 mauvaises nouvelles du mercredi pourrait-elles coûter cher ?

Le mercredi 29 mai 2013 sera certainement une journée à marquer d’une pierre noire dans les annales économiques tunisiennes.

D’abord, le communiqué de l’ambassade américaine à Tunis, publié en réaction au verdict clément rendu, mardi soir, à l’encontre des accusés dans l’affaire des actes de violence perpétrés contre les locaux de l’ambassade américaine le 14 septembre 2012, surprend à plus d’un titre. Un communiqué au ton dur et qui traduit une profonde déception américaine dont la diplomatie a été touchée dans son honneur, bafoué par un parti au pouvoir, Ennahdha, qu’elle soutenait contre vents et marées.

– Le Congres américain pourrait handicaper la garantie de 500 MUSD.

Loin des réactions à ce communiqué américain, comme celles, ce jeudi 30 mai 2013, de l’Observatoire tunisien de l’indépendance de la justice qui s’indigne, ou du manque de réaction, comme de la part des ministères tunisiens des Affaires étrangères et de la Justice, le communiqué de l’ambassade américaine intervient à un moment économique critique pour la Tunisie et pourrait impacter négativement son économie.

En effet, l’indignation de l’ambassade américaine du verdict des assaillants de son siège à Tunis, intervient au moment où des discussions sont entamées entre la Tunisie et les USA, pour une seconde garantie du Trésor américain à Tunis, en vue d’une seconde sortie sur les marchés financiers internationaux, pour un montant de 500 MUSD. Washington, jusque là bienveillante à l’égard du pouvoir islamiste en place en Tunisie, depuis octobre 2011, avait accordée une première fois sa garantie à Tunis pour une dette de 500 MUDS. Depuis les dégradations successives de la note souveraines par quasiment toutes les agences internationales de notation, et le retard législatif qui permettrait le recours au Sukuks islamiques, les sources d’endettement tarissent pour la Tunisie qui se retrouve obligée de faire de nouveau appel à la garantie américaine. Bien que faite par le biais de l’USD, cette garantie qui nécessite le déblocage des 500 MUSD, pourrait cependant être bloquée par le Congres américain. De l’avis des connaisseurs, contrairement au gouvernement américain, le Congres reste plus chatouilleux sur la question de l’attaque de l’ambassade, la non arrestation du principal accusé, Abou Iyadh, et la clémence vis-à-vis du reste des accusés. L’éventualité d’une réaction du Congres, pour des motifs politiques, si elle n’est pas certaine, reste fortement probable et pourrait donc handicaper la décision de garantie pour une dette dont la Tunisie a grand besoin.

– Moody’s, intransigeante et cassandre…

Tard dans la nuit du même mercredi, Reuters rapporte la mauvaise nouvelle d’une autre dégradation de la note souveraine tunisienne. Moody’s a, en effet, de nouveau dégradé la note souveraine de la Tunisie, invoquant «l’incertitude politique et le risque d’instabilité» ainsi que «la sous-capitalisation des banques publiques et les pressions externes importantes sur sa balance des paiements».

L’agence n’exclut pas, en plus, que d’autres dégradations de la note puissent intervenir à l’avenir.

«Bien que les tensions aient diminué depuis l’assassinat du politicien Chokri Belaid et la chute du gouvernement intérimaire du Premier ministre Hamadi Jbali en février, le risque d’une nouvelle escalade de l’instabilité politique reste élevé », a ainsi déclaré Moody dans son communiqué, évoquant un risque important de nouveaux retards dans l’adoption d’une nouvelle loi électorale.

«L’adoption d’une nouvelle constitution et la tenue de nouvelles élections seraient de nature à promouvoir une reprise économique durable. Étant donné que les fondamentaux économiques du pays continuent de se détériorer, tout retard supplémentaire dans le processus politique serait négatif pour la note souveraine », a déclaré Moody.

Pour les banques publiques, Moody a déclaré que «les banques contrôlées par le gouvernement sont largement sous-capitalisées et ont «plusieurs problèmes de qualité d’actifs et que toute restructuration de ces banques, qui peut intervenir avec l’aide du Fonds monétaire international, sera probablement un processus lent. » Moody’s estime que le prêt stand by de 1,7 milliard de dollars du FMI afin d’aider la Tunisie à financer ses déficits, «souligne les vulnérabilités extérieures accrues de la Tunisie ».

… et pourrait impacter le Spread du Samouraï.

Selon des sources proches des discussions qui ont eu lieu, il y a une dizaine de jours, entre la délégation de l’agence de rating et les responsables tunisiens, Moody’s aurait fait montre d’un certain «parti pris » à l’égard de la Tunisie, ne voulant pas tenir compte du rapport envoyé, le 24 mai 2013, par les autorités tunisiennes au FMI sur la situation politique et qui aurait dû nuancer son jugement. Moody’s aurait aussi refusé de nuancer son jugement sur la situation du secteur bancaire tunisien et les incidences financières de la recapitalisation des 3 banques publiques, que l’agence de rating estimait à 5 % du PIB alors qu’elle ne dépasserait pas les 2,7 %, selon les autorités tunisiennes appuyées par le FMI.

Pour le reste, les autorités tunisiennes ne semblent pas trop préoccupées par cette dégradation de la note souveraine, sauf peut-être, lors du recours au Sukuks islamiques. Les deux autres sorties sur le marché international de la dette étant garanties, l’une par l’US AID malgré les risques d’un Congres chatouilleux, et l’autre par le gouvernement japonais. Pour ce dernier, qui est, en fait, la seconde partie du Samouraï d’un montant de 25 MUSD, la garantie étant, pour les 5 premières années, à la charge du gouvernement tunisien, le Spread pourrait, en effet, être alourdi sous l’effet de la dégradation de la note souveraine par Moody’s.

K.B

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