Jusqu’au 10 juillet courant, le nombre des touristes algériens a atteint 491 587, ce qui correspond à une hausse de 26,1% par rapport à la même période de l’année écoulée, date à laquelle 389 819 avaient été recensés, selon les chiffres communiqués par le ministère du Tourisme.
Cette tendance haussière du marché algérien, qui représente 20% des recettes du tourisme tunisien, risque d’être arrêtée net par l’effet de la loi des finances complémentaire 2014 soumise actuellement à l’ANC pour adoption, et comprenant une série de mesures dont notamment la majoration de la redevance sur la carte de séjour des étrangers de 15 à 100 dinars, ce montant passant du simple au triple (300 dinars) en cas de fin de validité de la carte. Les recettes escomptées sont de l’ordre de 1 MD. En outre, une taxe sera imposée aux non résidents désirant quitter le pays. Cette taxe sera de l’ordre de 30 dinars au lieu des 2 dinars par nuitée initialement prévus, pour une mobilisation de ressources de 75 MD.
Des mesures ont suscité la polémique notamment auprès des visiteurs algériens qui restent fidèles à la Tunisie malgré le climat « fragile » qui est celui du pays depuis la Révolution.
Pour ce faire, Abdelmajid Ferchichi, ambassadeur de la Tunisie en Algérie, a tenu récemment un point de presse en Alger ou il a démenti l’information relayée sur plusieurs médias selon laquelle la Tunisie appliquera prochainement ces taxes car elles font toujours l’objet de discussion à l’Assemblée nationale constituante.
Le diplomate a, par ailleurs, déclaré qu’en cas d’adoption, cette taxe ne sera pas appliquée au cours de la saison estivale. Dans le même contexte, la diplomatie va certainement trouver une meilleure solution en mettant en place une autre mesure afin d’exclure les Algériens de cette taxe, selon ses dires.
Un avis partagé par Mohamed Ali Toumi, président de la Fédération Tunisienne des Agences de Voyage (FTAV) qui a soutenu la position de l’ambassadeur. Dans un entretien téléphonique avec Africanmanager, il s’est dit inquiet par ce genre de mesure qui « pourrait toucher plusieurs marchés émetteurs dont les clients visitent la Tunisie pour une longue période ». « Le gouvernement est certes en train de chercher une issue à la crise économique, mais ce genre des taxe affecterait certainement le rendement de plusieurs régions touristiques qui continuent à accueillir des touristes « séniors ».
Pour l’hôtelier Anis Chemli, le recours à l’augmentation des frais appliqués à la carte de séjour est raisonnable pour un pays en crise et qui cherche à sortir l’économie de la situation inextricable dans laquelle il patauge depuis trois ans. Mais, cela ne doit pas toucher l’intérêt général et les intérêts de la Tunisie au titre de l’Union maghrébine. « Il est logique d’exiger une hausse de la redevance sur la carte de séjour ou même enjoindre aux étrangers venant en visite en Tunisie de s’acquitter 30 dinars tunisiens à leur sortie. Mais, il faut prendre en considération le rôle stratégique joué par les marchés maghrébins ».
Vers un million d’Algériens…
Dans ce sens, la nouvelle directrice générale de l’ONTT, Wahida Jaiet a fait remarquer que la fidélisation du marché algérien demeure un souci majeur du ministère du Tourisme qui œuvre à accueillir un million de touristes algériens à la fin de l’année.
D’ailleurs, une nouvelle feuille de route a été élaborée pour promouvoir ce marché, considéré prioritaire. Cette feuille de route est basée sur la diversification des produits au profit des différentes catégories de touristes algériens, l’amélioration de la qualité de service et de la formation du personnel ainsi que la publicité pour la promotion de la destination en Algérie.
Wiem Thebti
