AccueilLa UNETunis : Mensonges financiers ou précipitation à des fins politiciennes ?

Tunis : Mensonges financiers ou précipitation à des fins politiciennes ?

Pris séparément et sans aucun lien de causalité ou de responsabilité, les mensonges peuvent paraître futiles et on pourrait même leur trouver des explications. Mis dans un seul et unique cadre, leurs auteurs s’avérant ensuite être les mêmes, ces petits mensonges, ou pour être plus politiquement correct, ces «déclarations inexactes » faites de manière délibérée, plus est, par des responsables au sein de l’Etat dans ses différents rouages, prennent une autre dimension.

En l’espace de deux mois, la presse tunisienne faisait état de trois annonces d’importantes aides internationales, dans les efforts fournis pour amasser les aides internationales et les dettes. Des annonces, toutes officielles, dans une conjoncture internationale où l’étau financier se resserre chaque jour un peu plus autour de capacités financières locales et où les portes de l’endettement se ferment les une après les autres, au fur et à mesure que les agences internationales de notation dégradent chaque jour un peu plus la note souveraine de la Tunisie. Des annonces qui ressembleraient presque à des mensonges financiers, tant, à trois reprises , les responsables tunisiens se font démentir ou au moins recadrer par les responsables des trois institutions.

– Un mensonge à 500 MUSD !

Le 21 janvier dernier, nous rapportions sur la foi d’un article de l’agence de presse officielle Tap, que la Banque mondiale (BM) a donné son accord de principe pour l’octroi à la Tunisie d’un prêt d’une valeur de 500 millions de dollars (1USD = 1,557 TND), sous forme d’appui budgétaire, pour l’exercice 2013, selon une déclaration faite à la Tap, par Riadh Bettaieb, ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale. Le prêt en question sera accordé, selon le ministre, à des conditions avantageuses (remboursement sur une longue période), avec un délai de grâce de 5 ans, de manière à ne pas accabler davantage le budget de l’Etat et à maîtriser les équilibres financiers du pays.

3 jours plus tard, la banque mondiale réagit pour indiquer que «il a été rapporté par la TAP que la Banque mondiale a donné un accord de principe pour un prêt de 500 millions de dollars USD au gouvernement tunisien pour 2013. Afin de clarifier cela, le Directeur du département Maghreb à la Banque mondiale, Simon Gray, a rendu publique une déclaration dans laquelle il indique que «La Banque mondiale a discuté avec les autorités tunisiennes de la possibilité d’un appui budgétaire additionnel pour 2013, mais nous sommes encore loin d’un accord pour un nouveau prêt. Cela dépendra de la performance du programme du gouvernement pour le renforcement de l’environnement des affaires et la promotion de la transparence et la bonne gouvernance ».

– Une annonce prématurée, pourquoi ?

La Banque européenne d’investissement (BEI) a donné son accord initial pour apporter sa contribution à Theemar, a annoncé le DG de la Caisse de Dépôts et Consignations, Jamel Belhaj.

Theemar, une filiale conforme à la Charia de la caisse, apporte un appui financier au secteur des PME en Tunisie. L’agence TAP indique que, à l’issue d’une rencontre avec le vice-président de la BEI chargé de l’innovation, Philippe de Fontaine Vive, Jamel Belhaj a déclaré : «Nous avons remis aux responsables de la BEI une copie des documents fondateurs de fonds Theemar et ils vont étudier les documents avant de décider du financement des projets de Theemar. »

Contacté par nos soins, Robert Feige, qui est le représentant de la BEI en Tunisie, nous indique que le dossier est encore à l’étude, «aucune décision n’a encore été prise, ni dans un sens ni dans l’autre», manifestant le désir de ne pas aller plus loin dans le commentaire de la déclaration faite par la CDC et qui indiquait déjà «un accord initial » pour apporter une contribution de la BEI au fonds Theemar.

– Un mensonge de 1,78 milliard USD.

Amine Mati, chef de la mission du FMI pour la Tunisie a affirmé, dans une interview accordée à la TAP, que « les négociations entre la Tunisie et le Fonds Monétaire International (FMI) sur le déblocage d’un accord stand-by ou accord de confirmation à titre de précaution de 1,78 milliard de dollars, se poursuivent, malgré le climat d’incertitude généré par la démission du gouvernement de Hamadi Jbali (19 février 2013). Le FMI procèdera, toutefois, à une évaluation de la situation après la formation du nouveau gouvernement et son mandat défini. «Une fois cela établi, nous évaluerons le meilleur moyen d’aider la Tunisie pour réaliser ces objectifs qui visent à générer une croissance plus inclusive et réduire le chômage ». Ce recadrage intervenait, à la suite des déclarations officielles tunisiennes qui donnaient la nette impression que le principe du prêt est définitivement acquis.

La question se pose donc, pourquoi cette précipitation dans l’annonce d’appuis financiers pour lesquels les partenaires en question ne semblent pas si pressés de conclure ? Est-ce pour essayer de redorer un blason économique qui s’effrite sous le poids des incertitudes politiques qui pèsent sur les perspectives économiques ? Ou est-ce simplement la fuite en avant d’une équipe gouvernante qui refuse toujours de voir la réalité de son image, à l’intérieur comme à l’extérieur et qui persiste ainsi à faire croire que les instances financières internationales soutiennent ses politiques, économique et financière, malgré le très peu de résultats de ces politiques ? Ou est-ce enfin une démarche destinée à faire croire aux Tunisiens que l’argent existe pour que le gouvernement islamiste puisse continuer à le distribuer à un peuple qu’il ne tient que par les promesses ?

Khaled Boumiza.

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -