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Tunis : Mystère du Lac de Gafsa, une catastrophe environnementale ou miracle divin ?

Les circonstances de la formation du Lac qui a fait son apparition, début juillet, dans un alignement montagneux à Gafsa fait depuis et toujours l’objet d’une importante controverse et dispute à l’échelle aussi bien nationale qu’internationale. Les points de vue des experts en la matière convergent et souvent divergent. Certains pensent que le Lac pourrait être contaminé et cancérigène suite à la présence du phosphate dans le sol alors que d’autres soulignent que des tests de forage de gaz de schiste auraient déclenché des secousses sismiques et seraient donc à l’origine de l’apparition de cette étendue d’eau dans cette région.

Le journal américain « The New York Post », a souligné que le nouveau lac de Gafsa Beach qui a fait son apparition depuis quelques jours peut contenir des résidus radioactifs et représente par conséquent un danger pour la santé des citoyens. Une constatation qui a été délivrée sans pour autant être basée sur des études ou des analyses.

Dans une interview accordée à Africanmanager, Chokri Yaich, docteur en géosciences et environnement, a affirmé que le lac de Gafsa n’est pas un mystère contrairement à ce qu’a été publié par la presse nationale et internationale, particulièrement (New York Post, Maxisciences, le Point, Bmtv etc.). Ces derniers ont longuement débattu, selon lui, de l’apparition d’un petit lac collinaire apparu dans une dépression montagneuse isolée de la région de Gafsa, soulignant que certains médias parlent de malédiction en évoquant des eaux dangereuses car radioactives ; d’autres sont allés jusqu’à attribuer cette gigantesque accumulation d’eau aux essais de fracturation hydraulique des prospecteurs de gaz de shiste et ont accusé à tord le chef du gouvernement, Mehdi Jomâa en personne, selon ses dires.

Il a affirmé, en outre, qu’il est vrai que cette « piscine grandeur nature » apparaît dans un bassin connu par des exploitations de phosphate, et que ce phosphate contient quelques dizaines de grammes/tonne d’uranium et donc faiblement radioactif, les séries argileuses environnantes sont aussi naturellement radioactives comme partout. Seulement, ces eaux collinaires même si elles ont ruisselé ou traversés les phosphates, seraient beaucoup moins radioactives que les phosphates voire dépourvues d’éléments radioactifs dangereux comme les eaux de la nappe éocène que contient le phosphate », a-t-il expliqué.

Il a affirmé, en outre, que le Lac se trouve au Jbel Stah, une structure anticlinale faiblement « pentée » connue par ses calcaires crétacés stériles, ses argiles paléocènes imperméables et phosphates et calcaires éocènes.

L’expert en géosciences et environnement a fait savoir, à ce propos, qu’avant 2003, la Compagnie des Phosphates de Gafsa avait creusé une méga-tranchée sur 2km de long et pouvant atteindre 40m de profondeur, elle a décapé la barre carbonatée éocène pour atteindre et exploiter à ciel ouvert la série phosphatée en dessous qui repose elle même sur une assise argilo-gypseuse étanche, estimant qu’au cours de l’exploitation, les géologues n’ont nullement rencontré des suintements ou émergences d’eau.

Selon lui, les analyses chimiques effectuées jusqu’à présent dans cette retenue d’eau de 100 milles m3 montrent un résidu sec de l’ordre de 2500mg, les teneurs en sulfates sont de 1800 mg, le calcium de 600 mg avec un faible taux de bicarbonates. Ceci montre dans un premier temps que ces eaux ne sont pas issues de formations calcaires comme celles qui se trouvent en bas ou latéralement et donc l’origine ne peut être que des eaux de ruissellements de surface qui se sont accumulées dans cet exutoire artificiel aux points les plus bas. La forte teneur en sulfates est expliquée par la dissolution du gypse appartenant aux évaporites du fond.

Il a ajouté que, depuis son apparition, le lac perd de son extension et de son volume, causés par une très forte évaporation, les algues se multiplient, la couleur vire au vert et les batraciens envahissent le milieu. Ceci montre clairement que la qualité de ces eaux se détériorent et ne sont plus alimentées ou renouvelées, soulignant qu’il ne s’agit donc pas d’émergences naturelles. « Ceci plaide en faveur d’une accumulation des eaux de ruissellement suite à des pluies orageuses et torrentielles. Il semblerait que ce lac collinaire se soit formé au moins une fois dans le passé puis s’est asséché (chercher sur les anciennes scènes de Google Earth) et n’a pas suscité de polémiques comme c’est le cas aujourd’hui », a-t-il dit, appelant à éviter les accidents et les problèmes d’ordre sanitaire, les services de la santé. La protection civile est appelée à la vigilance et à faire le nécessaire pour éviter les noyades ou les contaminations bactériologiques de ces eaux stagnantes.

Khadija Taboubi

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