AccueilInterviewTunis Ré pense à l’assurance islamique et se lance dans la micro-assurance...

Tunis Ré pense à l’assurance islamique et se lance dans la micro-assurance et Takaful

Lamia Ben Mahmoud, président-directeur général de la compagnie de réassurance Tunis-Ré, a accordé à Africanmanager une interview exclusive dans laquelle elle a dressé de l’état des lieux du secteur de l’assurance en Tunisie.

Elle a également exprimé sa satisfaction des résultats de la compagnie, évoquant sa stratégie et ses projets d’avenir ainsi que les difficultés financières rencontrées par la compagnie notamment celles en rapport avec la loi des finances 2014. Interview :

Quel est l’état des lieux actuel du secteur de l’assurance en Tunisie ? Y a-t-il des défis à relever ?

En dépit du contexte national économique et financier encore fragile, le secteur des assurances a pu boucler l’année 2013 avec un chiffre d’affaires en progression de 8,3% et avec un total placement de 3420 MD, soit une évolution de 9% par rapport à 2012.

Toutefois, le secteur, ne joue pas pleinement son rôle de collecteur d’épargne. Un rôle, longtemps freiné par des insuffisances structurelles qui l’ont laissé en deçà de son potentiel, à savoir un faible taux de pénétration dans l’économie ne dépassant pas 1,8% du PIB contre une moyenne mondiale de 7% et un montant annuel de dépenses par habitant en assurances ne dépassant pas 100 Dinars contre une moyenne mondiale de 800 Dinars.

Cela s’explique également par une participation limitée de l’assurance vie dans la mobilisation de l’épargne nationale avec une part modeste ne dépassant pas 14% du chiffre d’affaires total du secteur contre une moyenne mondiale avoisinant les 60%.

Cette situation est due à plusieurs insuffisances portant sur la taille du marché (Marché trop effrité : 23 entreprises résidentes) avec une assise financière assez fragilisée et certaines branches structurellement déficitaires (l’automobile, la maladie, etc. ….)

C’est pourquoi l’année 2013 a été marquée par le lancement de deux études stratégiques dont la première, porte sur l’élaboration d’un contrat programme public/privé sur 5 ans (2014/2018) et qui vise l’amélioration du taux de pénétration du secteur et le renforcement de sa contribution dans l’effort de développement de l’économie nationale, alors que la 2ème étude porte exclusivement sur l’assurance automobile et devrait aboutir à une nouvelle approche tarifaire.

Etes-vous satisfaite des résultats de Tunis Ré en 2013 ainsi que ceux arrêtés au 31 mars 2014 ?

Oui, tout à fait, parce qu’en dépit d’un environnement national et régional fortement concurrentiel, Tunis Ré a pu réaliser en 2013 de bonnes performances dont les principaux indicateurs sont les suivants :

 Une évolution du chiffre d’affaires de 11,5% passant de 77,029 MDT en 2012 à 85,878 MDT, soit un dépassement de 3,6% des objectifs ;

 Une régression de la charge sinistre de 26% ;

 Une progression du produit des placements de 31% ; avec un taux de réalisation de 104% ;

 Une gestion globale excédentaire avec un résultat net de l’exercice de 7,674 MDT, soit en amélioration de 24% par rapport à 2012.

Par ailleurs, au cours de cette année 2013, l’agence de notation AM-BEST a confirmé la note de solidité technico-financière de la société à B+ (bien) avec perspectives stables, authentifiant ainsi la performance de sa solvabilité financière.

S’agissant de 2014, l’activité technique de Tunis Ré a poursuivi sa progression sans difficultés marquant une évolution de 14% avec une amélioration de sa charge de sinistre nette de 3%.

Quels sont les grands projets d’avenir de Tunis Ré ?

L’alliance stratégique constitue actuellement notre grand projet d’avenir. En effet, Tunis Ré, réassureur pionnier et acteur majeur du secteur des assurances en Tunisie et dans toute la zone MENA, entame, en cette année 2014, la dernière étape de son plan de développement pour la période 2012 / 2016, à savoir l’élargissement de son actionnariat à un partenaire stratégique.

Tunis Ré a une valeur certaine, elle a évolué et a progressé de façon appréciable grâce au dévouement et l’expertise métier de ses employés femmes et hommes et à la confiance et l’appui de ses partenaires et actionnaires. Elle a contribué, tout au long de ses trentaines d’années d’existence, à la régulation du marché, à la consolidation de la capacité de rétention nationale et au développement d’un courant d’affaires avec le marché régional et international.

Aujourd’hui, Tunis Ré a besoin d’une alliance stratégique qui va réconforter davantage son essor dans un environnement qui devient de plus en plus concurrentiel, et dominé par les Méga Réassureurs.

Avec ce partenariat, Tunis Ré aborderait une nouvelle étape qui va lui permettre de promouvoir ses performances, renforcer ses capacités, consolider ses acquis et lui édifier un avenir meilleur.

Y-a-t-il des difficultés financières rencontrées par la société ou un problème avec la loi des finances 2014 ?

En fait, le résultat de 2013, bien qu’amélioré par rapport à 2012, a été fortement impacté par la constitution d’une provision supplémentaire pour risque et charge pour un montant de 2,5 MD à la suite d’une imposition par voie de retenue à la source des primes cédées vers des réassureurs ressortissants de pays n’ayant pas conclu des conventions de non double imposition avec la Tunisie. Sachant que cette imposition n’a jamais été appliquée dans le passé. Heureusement et après de longues discussions avec l’administration, on a réussi à insérer des dispositions nouvelles dans la loi des finances 2014 qui ont consacré le principe de l’exonération de ces primes. Mais le problème de la rétroactivité de cette exonération demeure posé puisqu’elle ne s’applique qu’à compter de 2014.

C’est pourquoi on a sollicité l’administration pour prendre en considération ce problème de rétroactivité dans le cadre de la loi des finances complémentaire.

Vous avez évoqué, lors de la communication financière de la société, que vous souhaitez intégrer de nouveaux marchés africains, peut-on avoir plus d’informations sur ce projet et quels seront ces marchés ?

Depuis sa création en 1981, Tunis Ré a toujours accordé à ses relations avec l’Afrique une place privilégiée, consacrant ainsi sa dimension africaine du fait de sa profonde conviction d’un destin commun, de l’impératif de la coopération et de la solidarité avec ses partenaires africains. C’est dans ce cadre que Tunis Ré a ouvert son bureau de représentation à Abidjan, en Côte d’Ivoire, fin 2012. Notre présence en Côte d’Ivoire entre dans le cadre du développement de notre activité sur toute la zone subsaharienne de l’Afrique.

Le marché Africain est en train de s’organiser davantage, les perspectives de ce marché sont énormes et cela nous réconforte dans notre vision d’avoir choisi Abidjan pour ouvrir notre premier bureau de représentation en Afrique. Cette externalisation sera suivie par d’autres ouvertures qui seront annoncées en temps opportun.

Mais pour l’instant, notre expansion prochaine sur ce continent tablera sur les nouveaux produits tels que le Retakaful et la micro-assurance. La population musulmane en Afrique serait certainement intéressée par les couvertures Takaful.

Khadija Taboubi

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -