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Tunisie : 2 projets Coréen et 5 chinois, mais «on veut attirer les constructeurs automobiles », indique le ministre Bettaïeb.

Le code de l’investissement, le bilan de la visite du ministre l’Investissement et de la Coopération internationale en Turquie, les principaux projets déclarés en Tunisie et les nouveautés de la prochaine édition du Forum de Carthage ont fait les grandes lignes d’une Interview accordée par le ministre tunisien de l’investissement et de la coopération Riadh Bettaieb à Africanmanager.

Comment peut-on caractériser la situation de l’investissement étranger en Tunisie ?

On est en train de vivre une mutation profonde dans tous les secteurs. Heureusement en matière d’investissement étranger, le site tunisien a bien résisté. On est arrivé aux mêmes chiffres de l’année 2010. On est seulement à une baisse 1% par rapport au quatre premiers mois de l’année 2010. La Tunisie demeure donc un site très attractif pour les investissements étrangers.

Pour faire revenir les investisseurs étrangers, la Tunisie devrait faire face à plusieurs défis. Quelles seront les priorités ?

Comme premier étape, on doit diversifier nos partenaires. Le niveau d’échange actuel avec nos partenaires européens a atteint environ 80%. Toutefois, suite à la crise de la zone Euro, on est appelé à diversifier davantage nos partenaires. C’est un défi très important surtout qu’on a les atouts et les possibilités pour s’ouvrir sur notre environnement maghrébin, arabe, et africain. Le taux d’intégration au niveau maghrébin varie de 2 à 3%. Tandis que celui arabe est estimé entre 6 et 7%. Il s’agit des chiffres les plus bas au monde. Avec l’Europe, la Tunisie enregistre le taux d’intégration le plus élevé, soit environ 67%, d’où les grandes possibilités qui s’offrent pour la Tunisie pour développer ses échanges avec les pays voisons.

Y-a-t-il une stratégie engagée par votre ministère pour améliorer le climat de l’investissement en Tunisie ?

On est, en effet, en train de revoir la stratégie et la cartographie de l’investissement pour l’axer sur développement régional. Le code d’incitation à l’investissement reste un facteur déterminant pour l’investisseur étranger. On va mettre l’accent sur le climat des affaires comme premier critère de choix pour les investisseurs étrangers qui cherchent un climat de confiance et un climat d’affaires sain et transparent. Nous volons un Etat qui puisse préserver les intérêts de toutes les parties et des institutions d’arbitrage qui fassent leur travail avec intégrité et rapidité. Heureusement, avec la Révolution, la Tunisie a pu offrir cet environnement.

Notre deuxième axe, s’articule autour de l’infrastructure. Il s’agit dans ce cadre de développer les zones industrielles et leur compétitivité, les doter de logistique, d’infrastructure routière, de transport, de télécommunication et de services. Le port de Rades rencontre actuellement plusieurs problèmes. Quelques retards ont été enregistrés dans le déchargement des bateaux. On est en train de voir, avec les différents ministères, comment résoudre ce problème puisqu’il qu’il s’agit aussi d’un critère très important en termes de proximité et de positionnement géographique.

Le troisième critère cherché par l’investisseur étant le potentiel humain, les compétences, les centres de formation et les techniciens, on est en train de multiplier nos efforts pour le développement de ces spécialités. Dans ce cadre un grand projet est en train de se développer. Il concerne la construction des ports de plaisance pour développer le stationnement et la maintenance. Dans le domaine automobile, on est aussi en train de voir comment attirer les constructeurs automobiles. On est en train d’examiner notre tissu industriel et préparer tout un dossier dans l’objectif de mettre en place quelques centres de formation professionnelle.

Dans le domaine de l’aéronautique, un centre de formation professionnelle va être construit.

Lors d’une journée organisée récemment à Gammarth un ensemble de projets on été présentés aux bailleurs de fonds.

Quel bilan pour cette rencontre ?

Beaucoup d’investisseurs ont manifesté déjà leur intérêt pour travailler sur plusieurs projets en Tunisie. Beaucoup d’investisseurs ont voulu par exemple entrer en partenariat dans le projet minier de Sra Ouartane, ainsi que dans plusieurs autres projets dans les domaines de pétrole, des ports, des chemins de fer, des énergies renouvelables, des matériaux de construction, des ciments ainsi que de l’infrastructure. Mais on est en train de réviser beaucoup de choses à la fois.

Pour l’année 2012, on est arrivé à assurer tous nos besoins en financement. Cependant, on est en train de travailler sur le financement des projets publics qui seront programmés peut être pour l’année 2013. Avec les fonds arabes, on est arrivé pratiquement à un financement de projets d’environ 1,5 milliard de dollars. Ces projets ont été présentés d’ailleurs depuis le mois de mars dernier. On est aussi en train de négocier avec les Coréens et on est arrivé à un accord sur deux projets. De sa part, la Chine a manifesté son intérêt pour le financement de 5 grands projets d’infrastructure.

Suite à votre visite récente en Turquie, quels résultats peut-on en tirer ?

On a participé à plusieurs ateliers concernant la lutte contre la corruption, la bonne gouvernance et l’impact de la Révolution du printemps arabe sur les équilibres dans la région arabe. Des chefs d’entreprises et des décideurs se sont rencontrés pour promouvoir le site de la Tunisie et attirer le financement de projets qui ont nécessité environ 400 millions de dinars. De notre côté, on veut que se soit un appui direct au budget de l’Etat. On est en train de discuter avec la partie turque qui a proposé un taux d’intérêt très encouragent de l’ordre de 1,5%. La semaine dernière, la Turquie nous a accordé un don d’environ 100 millions de dollars.

A travers de cette visite on s’est mis d’accord aussi avec les turcs, pour travailler à améliorer le niveau d’échange entre les deux pays. Actuellement la Tunisie fait plus que 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires mais la balance est déficitaire au profit de la Turquie. D’où la nécessité de trouver un équilibre. On va probablement essayer de conclure des accords avec la Turquie dans le domaine de l’agriculture et de l’industrie, afin de permettre la commercialisation de nos produits en Turquie.

Selon les premières prévisions, quelles sont les principaux domaines de coopération entre les deux pays ?

Il y avait quelques projets qui sont en phase de concrétisation. Ainsi, pas mal de projets dans le domaine des matériaux de construction, un investisseur turc qui veut travailler sur un projet de transformation et d’exportation des marbres. On est en train de lui sélectionner de 3 à quatre sites pour s’installer au Sud, au Centre et au Nord-ouest de la Tunisie. Un autre investisseur veut installer une usine de plâtre pour produire de plâtres en poudre et des carreaux et panneaux de plâtre. Un projet qui dépassé les 30 ou 40 millions de dinars. Il y en a aussi ceux qui veulent investir dans le domaine de l’agriculture, les semences principalement en pommes de terre et quelques autres projets dans l’agro-industrie.

y-a-il d’autres investisseurs qui ont manifesté leur intérêt pour la Tunisie à part les turcs ?

On enregistre en effet une bonne présence de nos investisseurs traditionnels comme la France, l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne et l’Italie.

Il y avait un investisseur hollandais qui veut investir dans un projet pour l’utilisation des eaux thermales pour la production des primeurs dans les régions d’El Hamma. Cela a été conforté par la réussite de l’expérience de la société espagnole « 5éme saison » dans ce domaine. Cette dernière exploite environ 60 hectares dans cette région. C’est un projet très intéressant en termes de qualité du produit et de productivité. Il offre environ 1000 postes d’emplois. Cette même société est aussi en train de chercher un nouveau terrain pour développer encore ses activités. Il y avait aussi des sociétés françaises qui étudient actuellement la possibilité d’installer une usine d’outillage et de décolletage en Tunisie.

Un grand projet d’autoroute de grande vitesse maghrébine sera aussi étudié. Des sociétés chinoises se sont présentées pour la réalisation de ce projet. On a reçu également l’une des plus grandes compagnies d’infrastructure au monde et une autre dans le domaine des chemins de fer. On a présenté aussi quelques idées de projets dans le domaine des chemins de fer maghrébins allant des frontières algériennes jusqu’aux celles libyennes qui s’étalent sur 850 Km.

En ce qui concerne le code d’incitation à l’investissement, vous en êtes à quel niveau de sa révision et quelles sont les grandes lignes qui vont être revues ?

Actuellement on est en phase de définition d’un plan d’action. On a beaucoup d’intervenants dans sa révision, que se soit ou niveau de l’administration ou des différents représentants des ministères et des agences. On enregistre également la participation des bailleurs de fonds comme l’OCDE, la BEI, la SFI et plusieurs autres institutions .On est très ouverts pour faire réussir ce code.

Il y a aussi un grand travail de concertation avec le secteur privé tunisien particulièrement avec l’Utica, l’UGTT, l’Utap, les chambres mixtes qui représentent les investisseurs étrangers et les chambres du commerce mixtes. On veut aussi faire participer aussi les représentants des medias, les avocats d’affaires, les associations, ainsi que les membres de la Constituante.

Le code de l’incitation à l’investissement doit être simple et basé sur la liberté d’entreprendre à travers la mise en place d’un système d’incitation, axé sur les technologies nouvelles, les énergies renouvelables, les projets environnementaux et le développement régional. On veut tenir compte, comme l’a souhaité la BEI, des incitations fiscales. La BEI nous a recommandé d’octroyer un prix unique d’appui à la compétitivité. Quant à L’OCDE, elle a proposé d’établir une étude sur les incitations fiscales en Tunisie. C’est une grande tâche ! Nous volons accomplir ce travail avant la fin de l’année en cours afin de le présenter par la suite à l’Assemblée constituante.

Khadija Tabboubi

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