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Tunisie : 25000 emplois dans la fonction publique, une faute ! Dixit : Neji Baccouche.

«La création de 25000 emplois dans la fonction publique est une faute », a indiqué Néji Baccouche, professeur de droit public et directeur du centre d’études fiscales de la faculté de droit de Sfax, dans une déclaration à Africanmanager : « On ne va rien résoudre avec ça. Au contraire, on va compliquer davantage la situation. Si on va recruter 25 000 chômeurs, d’où va-t-on les payer ? De nos impôts ? De nos contributions ? On a déjà plus que 500 mille fonctionnaires dans la fonction publique. C’est déjà un surplus qui ne correspond pas à nos besoins. Le recrutement de 25 000 dans la fonction publique ne pourrait être qu’une très mauvaise politique pour la Tunisie. Je suis contre les recrutements massifs. Dans certains secteurs tels que la médecine, il est vrai qu’il faut recruter mais dans beaucoup d’autres secteurs il est impossible », a-t-il affirmé.

Selon lui, si on va aggraver les impôts et les charges, la compétitivité de notre économie vis-à-vis de l’étranger va être mise en cause. Ceci, alors que le coût fiscal des produits des biens et services se doit être bien maitrisé pour que nos produits soient compétitifs et puissent être vendus, au risque de voir les usines fermer en Tunisie. Pour cet expert tunisien en fiscalité, «l’une des choses à faire aujourd’hui est de donner une faveur à l’industrie tout en diminuant l’impôt sur les sociétés industrielles et en surimposant, au besoin, celles commerciales dans l’objectif de protéger le tissu de production nationale et rationnaliser le secteur commercial». Et Neji Baccouche d’expliquer qu’aujourd’hui, les sociétés industrielles payent 30% d’impôt, alors qu’elles devraient n’en payer que 20%. Selon lui, les entreprises industrielles pourraient payer jusqu’à 30%, parce qu’elles vont répercuter cela sur le consommateur et cela s’inscrirait, selon lui, dans ce qui devrait être une démarche de protection du tissu industriel, pour encourager la production tunisienne et limiter les importations ».

Visiblement soucieux de la situation économique en Tunisie, Neji Baccouche estime que les Tunisiens devraient être mis au courant de la gravité de la situation, notamment celle des finances publiques et «la Tunisie n’a pas le droit de s’endetter parce que sa capacité de remboursement est limitée. Il faut observer la ligne rouge de l’endettement» et va plus loin en incluant cela dans ce qu’il appelé «une centaine logique dans la démocratie».

Pour ce professeur de droit public, les Tunisiens sont appelés à respecter le travail qui n’est pas compatible avec le droit de manifester. «Notre démocratie est menacée, par la non reprise économique et pas par autre chose », a-t-il expliqué. Les actes irresponsables contre les touristes et l’appel à l’assassinat des juifs est un comportement irresponsable vis-à-vis de ces personnes. Menacer une catégorie déterminée c’est de perdre de l’argent ».

Au sujet du contrôle fiscal, Neji Baccouche a indiqué que dans l’ère Ben Ali, «l’instrument fiscal a été utilisé contre certains contribuables pour les mettre à genoux, ce qui n’est plus acceptable aujourd’hui» et insiste pour dire que «le contrôle fiscal ne devrait pas être instrumentalisé à des fins personnelles». Le fiscaliste tunisien qu’il est, estime donc qu’il faut instaurer la transparence au niveau de tous les mécanismes de contrôle afin d’éviter «les dessous des tables et les transactions frauduleuses» selon ses dires.

Apparemment sensible à la chose politique, mais en lien avec sa spécialité, notre interviewé n’hésite pas à donner son avis sur la situation qui prévaut actuellement en Tunisie et déclare que «la démocratie dans l’Europe Occidental notamment l’Angleterre et les Etats Unis d’Amérique, a été bâti sur l’impôt, comme un prix de la liberté et de sécurité. Cependant, en contre partie, de cette contribution, le gouvernement devrait faire preuve de transparence dans les comptes par le biais de leurs représentants », nous dit-il. Pour le cas tunisien, Neji Baccouche trouve que «la Révolution est la conséquence d’une série d’injustices, notamment fiscales» et trouve que c’est à cause de la fraude fiscale massive qu’on n’a pas pu mener une politique publique de développement interventionniste dans les régions de l’intérieur et plus particulièrement à sidi Bouzid, Kasserine et Gafsa. «L’Etat a dérivé, à cause de la fraude dans les ressources fiscales qui auraient du créer de l’emploi et ouvrir des horizons pour les jeunes», estime Neji Baccouche qui a appelle à l’occasion au civisme fiscal, « c’est bien que les gens réclament leur droit. Mais ils devraient aussi accomplir leurs droits vis-à-vis de l’Etat».

Khadija Taboubi

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