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Tunisie-BCT : Ce que Marzouki n’a pas voulu entendre de la bouche de Kamel Nabli

Le Rapport annuel de la Banque centrale de Tunisie vient enfin d’atterrir sur le bureau du président provisoire de la République, Moncef Marzouki. Il lui a été remis par l’actuel gouverneur de la BCT, Chedly Ayari, sachant que l’auteur du rapport, Mustapha Kamel Nabli, avait toujours demandé audience à Moncef Marzouki, pour lui présenter, comme le veut la tradition républicaine, le rapport annuel de l’institut d’émission. Mustapha Kamel Nabli a ainsi fait le pied de grue pendant des semaines sans que le chef de l’Etat se résolve à le recevoir et prendre connaissance, à la source, des maux qui rongent l’économie du pays et de la thérapie proposée. A lire maintenant ce rapport, on comprendrait presque que Marzouki refuse d’entendre les vérités que le rapport recèle, que l’ancien Gouverneur avait résumées dans sa lettre introductive et dont certaines représenteraient presque l’antithèse de ce que Marzouki défendait.

L’ancien gouverneur commence par brosser le tableau, grisâtre, sur le plan économique, que Marzouki et la troïka ne voulaient pas croire et défendait même son contraire. «L’économie nationale a subi le contrecoup de l’instabilité politique, sécuritaire et sociale post-révolution et les retombées de la guerre en Libye. Le climat d’incertitude et d’attentisme des opérateurs économiques et des ménages s’est, par ailleurs, traduit par un reflux de l’épargne et un blocage de l’investissement dont les taux ont reculé de 5,5 et 2,8 points de pourcentage respectivement. Ainsi, la croissance

économique s’est établie en 2011 à un niveau négatif estimé à -1,8% en termes réels», assène ainsi le rapport de la BCT. A certains égards, le rapport martèle des chiffres que la troïka refuse, comme lorsqu’il affirme que «cette récession a affecté les équilibres macroéconomiques avec une aggravation des déficits de la balance des paiements courants et du Budget de l’Etat (respectivement 7,4% et 3,7% du PIB) et par conséquent une chute des réserves en devises de l’ordre de 19% pour

revenir à 113 jours d’importation. La situation sociale s’est également dégradée avec la perte

nette d’environ 107 mille postes d’emploi, ce qui a porté le taux de chômage à près de 19%

de la population active». Ainsi réalistement dépeint, le tableau ne pourrait en effet plaire à des dirigeants qui soutenaient une importante reprise de la croissance et annonçaient fièrement des plans d’emplois en milliards de Dinars.

Le rapport de l’ancien Gouverneur de la BCT, aura certainement aussi servi à rappeler au Chef de l’Etat qu’il a échoué. «Notre pays a réussi la première phase de transition (…). Néanmoins et sur le plan économique, force est de constater que les résultats demeurent mitigés », lui rappelle-il comme un réveil au milieu d’un rêve d’été.

A la fin de sa lettre introductive du rapport annuel de la BCT, Kamel Nabli esquissait des solutions sous forme de défis à relever. «Le premier défi consiste à renouer avec une croissance économique forte, soutenue et inclusive. Ceci passe par le rétablissement d’un climat social apaisé à même de rassurer les opérateurs économiques et d’œuvrer à l’amélioration de l’environnement des affaires ». Tout ce que la troïka démontrait comme résilience politique à faire !

«L’autre défi majeur concerne la politique financière et en particulier la maîtrise de l’endettement extérieur tout en préservant un niveau minimum de réserves en devises d’au moins quatre mois d’importations, en tant qu’indicateur important de stabilité économique et financière du pays». Un défi qui va même à l’encontre des convictions d’un président qui prône le non-paiement de la dette et d’un gouvernement qui demande à tous ceux qui veulent donner, de quoi financer un budget dont les dépenses ne s’arrêtent pas et prennent de plus en plus un caractère fortement socialiste, en face d’une production aux arrêts et d’une productivité fortement ébréchée par une contestation sociale qu’il ne saurait arrêter ou même dénoncer.

Dans ce rapport annuel, Mustapha Kamel Nabli insiste par ailleurs sur la mise en œuvre d’urgence d’une réforme profonde des institutions et de l’administration par l’instauration effective de la bonne gouvernance et de la transparence; deux facteurs fondamentaux de consolidation des piliers de l’Etat de droit et des institutions démocratiques compte tenu du changement institutionnel qui en découle et qui permet de rassurer tant les citoyens que les investisseurs, de mobiliser les ressources aussi bien intérieures qu’extérieures, et par conséquent de relancer la croissance et d’assurer la réussite économique de la Tunisie post-révolution.

Il ajoute que la Banque Centrale s’est investie à dans la modernisation du fonctionnement de ses services et l’instauration de mécanismes internes de gouvernance en vue d’assurer pleinement ses missions en tant qu’autorité publique chargée de la politique monétaire et de la régulation du secteur bancaire, deux missions qui requièrent une indépendance garante de sa bonne gouvernance. Cette indépendance, qui implique, en outre, la cohérence de la politique monétaire avec les politiques économiques générales de l’Etat, la responsabilisation de l’Institut d’émission devant le pouvoir législatif et l’opinion publique, est un facteur décisif dans la crédibilité de la Banque Centrale dans son action visant la stabilité financière, l’efficience de la politique monétaire et la maîtrise de l’inflation avec ce qu’elles induisent comme répercussions positives sur la croissance et le développement économique à moyen et à long terme.

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