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Tunisie : Etat d’alerte maximale à la BCT. 3500 MDT seraient utilisés par les entreprises à des fins de spéculation financière !

Signée de la main de Chedli Ayari, une nouvelle circulaire de la BCT (Banque Centrale de Tunisie) parvenue, le 9 octobre 12, aux banques tunisiennes, semble porter un sérieux coup à l’estomac de l’économie tunisienne, frappant directement l’entreprise exportatrice. La circulaire donnait aussi l’impression d’un resserrement de la ceinture de la Tunisie en matière de devises, face à la baisse incessante des réserves. La dernière réunion du CA de la BCT, faisait, en effet, état d’une baisse du niveau des avoirs nets en devises, revenant à 9.810 MDT et 96 jours d’importations, le 26 septembre 2012, contre 13.003 MDT ou 147 jours d’importations et 10.582 MDT ou 113 jours au terme des années 2010 et 2011, respectivement. Cela n’a pas trop changé à la date du 8 octobre 2012, puisque les réserves étaient à 9925 MDT, représentant 96 jours d’importation. Cette mesure pouvait aussi être comprise comme un mouvement de «marche arrière toute», remettant en cause même la convertibilité courante. Qu’en est-il vraiment ?

Ce que dit la circulaire.

La circulaire de la BCT, en date du 8 octobre 2012, stipule, en effet, que «les titulaires des comptes professionnels en devises, devront pour le règlement de leurs dépenses en devises, utiliser en priorité et sous leur responsabilité, les disponibilités de leurs comptes et ne doivent y maintenir que les montants dont ils ont effectivement besoin. Tout excédent, doit faire l’objet de cession contre Dinar sur le marché des changes». La mesure, nous assure-t-on, serait conjoncturelle et n’aurait cours que jusqu’à la fin de l’année 2012 ! Elle pourrait être maintenue ou levée en fonction du développement du déficit commercial. Ce dernier est actuellement évalué à 7425 MDT en face de 9925 MDT de réserves.

Précisons, d’abord, que le Compte Professionnel en Devises (CPD), sert à payer les importations de l’entreprise, en la mettant à l’abri des risques de fluctuations de change et des intérêts bancaires. Le CPD était né en 1987, d’abord, avec un plafond de 15 % des produits de la vente à l’export en devises à garder par l’entreprise dans ce CPD, un taux qui sera plafonné à 100 % quelques années plus tard.

Selon des sources officielles à la BCT, cette mesure de restriction aurait été prise après qu’il a été remarqué «le recours de quelques centaines d’opérateurs économiques», à la pratique de la spéculation sur le cours du Dinar et des devises. Notre source nous explique, en effet, que certains opérateurs, au lieu de payer leurs importations, à partir de leurs CPD, préfèrent les garder intacts, les donner en garantie pour des prêts bancaires à des taux bas, dans un Dinar lui-même dévalué par les effets du glissement. Ces Dinars serviront à acheter ensuite des devises pour financer leurs importations. Il y aurait même, selon nos sources, ce que les banquiers appellent les «exportateurs purs », comme ceux des produits agricoles, qui n’importent rien et gardent 100 % de leurs produits en devises, sommes qui leur serviraient pour des opérations spéculatives. Notre source estime même le montant soupçonné de telles pratiques à 3500 MDT ! On rechigne cependant à donner toute autre information, nominative ou chiffrée, pour ces actes de spéculation qui risquent ainsi de devenir de simples spéculations et de simples procès d’intention pour expliquer une mesure financière restrictive due à des échecs économiques et financiers.

Une mesure sous pression pour alléger la pression.

De l’avis de tous, ces pratiques ne seraient pas nouvelles et auraient toujours existé. Elles passaient cependant inaperçues devant l’aisance de la situation des réserves tunisiennes en devises, avant la Révolution. Elle serait cependant devenue urgente à essayer d’endiguer, en face de quatre faits nouveaux pour l’économie tunisienne. D’abord, l’inflation galopante. Ensuite le déficit courant qui se creuse dangereusement. A cela, il faudra ajouter les grandes pressions sur la liquidité qui obligent la BCT à injecter chaque jour de l’argent frais (5000 MDT au cours de mois de septembre dernier) et une plus grande anticipation des opérateurs en matière d’achats de matières premières et semi-produits. Les achats augmentant, cela augmente aussi la sortie des devises et pèse dangereusement sur les réserves en face d’entrées en devises, de plus en plus difficiles, voire rares à cause notamment de la crise touristique, de la décélération du rythme des exportations.

Notre source à la BCT, insiste cependant pour dire que cette mesure ne touchera en rien la convertibilité courante du Dinar et n’aura aucun impact sur les capacités des exportateurs tunisiens, sauf, lorsqu’il s’agit de spéculation financière !

Une mesure applicable ou simple placebo ?

Reste à savoir comment la BCT compte s’y prendre pour veiller à l’application de cette circulaire. Dans la circulaire, on lit que cela reste «sous leur [celle des propriétaires de CPD] responsabilité. A l’institut d’émission, on nous assure qu’il n’y aura pas de contrôle a priori. On évoque au contraire le patriotisme des opérateurs devant la situation économique et financière du pays et on nous dit vouloir compter sur les banques pour rationaliser et pourquoi ne pas dire non à toute opération qui «pue la spéculation» et n’autoriser que les opérations régulières. C’est précisément cela qui pourrait faire de cette mesure un simple placebo pour des difficultés financières désormais quasi-structurelles. Cela, d’autant plus qu’on pourrait presque comprendre que certains opérateurs, non malintentionnés certes, gardent la totalité de leurs propres réserves en devises dans les CPD, en face d’un manque flagrant de visibilité économique, de l’absence de toute visibilité politique, même à court terme. Un manque de visibilité et des rapports de notation comme celui de Fitch qui assurent que la Tunisie reste sous pression à cause d’incertitudes politiques et économiques, qui poussent tous à la prudence et qui laisse les portes grandes ouvertes devant les excès et les dérapages.

Khaled Boumiza.

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