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Tunisie : Etat d’urgence prolongé de deux mois, quel effet sur l’économie ?

Le 31 juillet dernier, le président de la République Béji Caied Essebsi a décidé de prolonger de deux mois l’état d’urgence, décrété après l’attaque terroriste de Sousse, dans tout le pays à partir du 3 août dernier.

Une décision qui n’a pas plu à plusieurs partis politiques contrairement aux économistes qui ont exprimé leur indifférence vis-à-vis à cette décision et ont considéré qu’une telle mesure ne présente aucun danger pour l’économie nationale.

Dans une déclaration ce mardi 4 août 2015 à Africanmanager, l’expert en économie Mourad Hattab a qualifié la décision de prolongation de l’état d’urgence d’ « opération blanche » qui n’a aucun effet sur l’économie nationale ni à court ni à moyen termes. Et de préciser que le souci majeur de l’investisseur n’est autre qu’un climat d’affaires propice à l’investissement, ce qui n’est pas possible aujourd’hui en Tunisie en l’absence d’un code de l’investissement, un plan de développement et une vision claire au moins à court terme. « Le climat actuel des affaires n’encourage guère à l’investissement avec ou sans l’état d’urgence », a indiqué Mourad Hattab.

Selon ses déclarations, le climat actuel des affaires est tout à fait morose et défavorable à toute initiative d’investissement et il ne peut pas sauver l’économie nationale et faire sortir le pays de cette situation de crise. Cela empêche le gouvernement d’avoir une vision claire au moins à court terme surtout que le pays n’a plus aujourd’hui la capacité et les moyens pour s’endetter.

De son côté, le président du Centre Tunisien de Veille et d’Intelligence Économique (CTVIE), Walid Belhaj Amor, dans une déclaration récente à Africanmanager, a affirmé qu’on ne doit pas, aujourd’hui, parler de conditions de relance mais plutôt de sauvetage, estimant que toutes les mesures mises en œuvre par le gouvernement pour protéger le pays et l’économie nationale du dérapage sont les bienvenus y compris l’état d’urgence.

Il a, en outre, indiqué que la protection du pays et la sauvegarde des institutions de l’État n’est pas seulement du ressort de l’État, appelant le secteur privé et plus particulièrement les chefs d’entreprises à s’impliquer dans ces mesures pour au moins protéger les outils de production et préserver l’emploi qu’ils offrent. « Le secteur privé doit être un acteur majeur dans la relance du pays et faire preuve de résilience dans ce contexte économique difficile », a-t-il dit.

Walid Belhaj Amor a tenu à préciser que cette mesure exceptionnelle demeure aujourd’hui une nécessité voire une obligation pour rassurer les citoyens, en présence d’un gouvernement capable de gérer la situation dans un contexte où les libertés sont menacées.

Le Parti des Travailleurs a considéré, dans un communiqué publié récemment, que la prolongation de l’état d’urgence de deux mois, sans donner des explications convaincantes relatives à la lutte contre le terrorisme, n’est pas acceptable.

Pour sa part, le Forum Tunisien des Droits Économique et Sociaux (FTDS) a exprimé son étonnement de la décision de prolongation de l’État d’urgence, reconnaissant toutefois que la situation actuelle est certes difficile surtout avec la prolifération des actes terroristes, mais insistant sur le fait que la décision de prolonger l’état d’urgence suscite l’inquiétude.

S’agissant d’Ettakattol, le parti a considéré que l’annonce de l’état d’urgence limitera les libertés individuelles et collectives, faisant remarquer que l’annonce de l’état d’urgence sur la base du décret n° 50 du 26 janvier 1978, qui est contraire à la constitution de 2014, comme il l’a été à la constitution de 1959 lors de sa parution, ouvre la voie vers l’atteinte aux droits et aux libertés individuelles et collectives.

C’est ainsi que le parti a fait assumer au pouvoir exécutif la responsabilité de manquement et de défaillance sécuritaires graves.

Le CPR a de son coté demandé au président de la République de dévoiler les vraies raisons de cette annonce avant d’appeler à adopter une stratégie d’urgence au lieu d’un état d’urgence afin d’éviter l’épuisement des unités sécuritaires et militaires et de concentrer les efforts sur la lutte contre le terrorisme.

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