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Tunisie : Jbali, ou le chef du Gouvernement qui refuse que ses ministres soient contrôlés !

Il y a plusieurs années, Habib Bouhaoual, caricaturiste des années de braise du bourguibisme dans l’illustre hebdomadaire «Le Phare», publiait les chroniques du Poulet, héros de la bande dessinée. Dans l’une d’elle, on voyait le Poulet courir aux côtés de Mohamed Mzali, en ces temps- là, Premier ministre célèbre pour son jogging matinal quotidien et célèbre aussi pour sa réplique de « Moi, je suis propre », faite devant la Chambre des Députés où il venait discourir en djebba blanche. Le Poulet faisait, en jogging avec Mzali, la promotion de sa dernière invention : une TV qui dévoilait  toute la vérité et tout ce que  possédait toute personne qui passait devant cet écran comme devant un rayon X. Le Premier ministre était tout content de cette invention, jusqu’à ce que le Poulet lui propose d’être son premier client. Mzali freine alors sec son Jogging et lui écrase l’écran sur le crâne, mettant fin à l’invention du Poulet. Mzali venait alors de lancer ce qu’on pourrait appeler l’opération «Mani Puliti», à la manière des Italiens lorsqu’ils lançaient l’opération mains propres, et avait annoncé, à grand renfort de communication, les fameuses déclarations de biens de tous ses ministres. Elle n’aura jamais de suite et on ne saura jamais qui possédait quoi parmi ses ministres et avec quoi était sorti chacun de ses ministres du pouvoir en termes de biens et avoirs.
Il y a seulement quelques jours, Mohamed Abbou démissionnait de son poste de ministre chargé de la Réforme administrative, l’expliquant par les limitations faites à ses prérogatives. Le lundi 9 juillet, le chef du Gouvernement Hammadi Jbali annonçait, dans un communiqué, avoir accepté [presque sans regrets, oserions-nous dire] cette démission et apporte un démenti aux déclarations du SG du CPR, membre de la troïka, concernant ses prérogatives. Le plus important dans ce communiqué du gouvernement est qu’il révèle que la démission de Mohamed Abbou intervient à la suite et à cause de sa proposition de création d’une structure qui pourrait amener à questionner les propres ministres du gouvernement, ce qui est du ressort  du seul Hammadi Jbali. Abbou, dit en substance le communiqué du chef du Gouvernement, a bénéficié de toutes les prérogatives demandées, jusqu’à ce qu’il demande ce qu’il ne devait pas demander : la redevabilité des ministres du gouvernement Nahdhaoui de Hammadi Jbali. C’est là que ce dernier le stoppe. Cette démission acceptée, appelle au moins deux commentaires.

 

  1. Qui contrôlera ceux qui veulent tout contrôler ?

La démission de Mohamed Abbou met ainsi fin, de fait, comme l’avait fait Mohamed Mzali avec le Poulet, à l’expérience de redevabilité de tout le monde, les anciens, comme les nouveaux ministres, la nouvelle comme l’ancienne administration, deux corps que les nouveaux gouvernants menacent à cor et à cri, oubliant que nul ne peut demander des comptes à quiconque s’il ne les demande pas à lui-même et à ses proches. Cela, d’autant plus, que la presse n’a jamais été mise au courant du niveau d’application de la règle de déclaration des biens des membres du gouvernement, du chef du gouvernement, du chef de l’Etat et de son cabinet. On ne sait toujours pas ce que possédait tout ce beau monde pour pouvoir évaluer, éventuellement, son «Fassed» et éventuellement encore, l’usage fait du  pouvoir pour acquérir des biens, pour  les ministres  ou pour autrui, après qu’ils ont quitté leurs postes de gouvernants. La lutte contre la corruption serait-elle valable que pour ceux qui n’ont pas de légitimité carcérale ? Le Fassed serait-il l’apanage de ceux qui sont nés avant le 14 janvier 2011 ?

  1. Une explication qui sème  le doute !

L’explication donnée par le communiqué du Cabinet du chef du Gouvernement est plus qu’équivoque. Le communiqué du Cabinet du chef du gouvernement explique, en effet, la démission d’Abbou, par «le refus du chef du gouvernement de la volonté d’Abbou de créer un comité central d’inspection administrative et financière qui serait sous sa tutelle directe et qui aurait latitude à faire des inspections dans les entreprises publiques et en recevrait directement les rapports ».
Hormis la dispute sur les  prérogatives que suggère ce conflit entre Abbou et Jbali, le refus de ce dernier relève d’une volonté flagrante de non-transparence de la part de Hammadi Jbali. Ces services centraux d’inspection existent déjà. C’est aussi sur la base de leurs travaux et les conclusions de leurs rapports que peuvent être engagées des poursuites judiciaires et des sanctions administratives. Ces travaux et conclusions restent cependant pour les seuls yeux du chef du gouvernement. Bizarrement, le Cabinet du chef du gouvernement explique que «cela demanderait une évaluation du système d’inspection actuellement en place et l’étude de leurs champs d’intervention, l’interférence de leurs spécialisations». Autant dire que cela risquerait de ne se faire qu’après une seconde Révolution !
En attendant, Hammadi Jbali tient à rester le seul à savoir qui est le corrompu et qui est le corrupteur, le seul à pouvoir décider s’il faut engager des poursuites contre l’un ou l’autre, pourquoi ?
En attendant, les gouvernant resteront des blancs plus  blancs que blanc, au-dessus de tout soupçon, intouchables, incontrôlables, non justiciables… jusqu’à la prochaine Révolution !
Un certain 14 janvier 2011, elle avait pourtant eu lieu !
Khaled Boumiza.

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