AccueilInterviewTunisie : La BFPME veut gérer les fonds publics

Tunisie : La BFPME veut gérer les fonds publics

Afin d’assurer la création d’un grand nombre des PMEs, l’Etat devrait jouer un rôle primordial. Khalil ammar, Pdg de la Banque du Financement des Petites et Moyennes Entreprises (BFPME), appelle le gouvernement à confier la gestion des fonds publics à ladite banque pour qu’elle puisse soutenir les entrepreneurs dans le montage de leurs propres projets. D’après le lui, l’Etat, dans les économies les plus libérales et afin de promouvoir la création de projets, a donné à structures destinées aux PMEs tous les moyens pour relever ce défi. Interview.

Si vous brossez le bilan de la BFPME pour l’année précédente ?

Au niveau des approbations, l’année 2012 a été marquée par une augmentation de 3% en comparaison avec l’année précédente, l’équivalent de 82,1millions de dinars. De même, on a constaté une évolution de 26% des engagements pour atteindre 55,6 millions de dinars, en 2012, et 204 millions de dinars, depuis 2005, date de la création de la banque.

Aussi, 2012 a connu une hausse au niveau des décaissements des prêts de l’ordre de 18%, soit 45 millions de dinars, durant cette année. Ceci a permis de réaliser un volume global des décaissements de l’ordre de 169 millions de dinars, depuis la création de la banque.

Pourquoi cete différence entre le montant des engagements et celui des décaissements ?

La majorité des projets que nous finançons dont 83% sont des projets de création alors que 17% sont des extensions.

Pour les types des projets ?

On finance tous les secteurs d’activités sauf la promotion immobilière à usage de logement.

Au niveau de répartition sectorielle, 66% des projets financés appartiennent au secteur industriel, soit 75% du portefeuille de la banque. Près de 20% des projets concernent le secteur des services avec un volume d’approbation de 50 millions de dinars et 7,6% des projets appartiennent au secteur de la technologie de l’information et de la communication ainsi que le secteur des énergies renouvelables.

Pour la répartition régionale, deux tiers des projets financés sont implantés dans les zones de développement régional. Plus de 45% des projets sont approuvés par la banque pour une enveloppe de l’ordre de 165 millions de dinars. L’ensemble de ces projets ont permis la création de 16 mille postes d’emplois, soit 22 postes d’emplois par projet.

De toutes les façons, on peut dire que l’activité de la banque est toujours en croissance, malgré la conjoncture particulièrement difficile que traverse le pays.

Des chiffres sont encourageants certes, mais la BFMPE fait face à plusieurs lacunes. Pouvez-vous nous en parler ?

Tout d’abord, on n’est pas en train de recevoir suffisamment des bons couples promoteurs-projets. En termes de nombre, il faudrait que la banque soit en mesure de recevoir davantage des couples projets promoteurs. Cela suppose un grand effort en amont pour diffuser la culture entrepreneuriale en Tunisie, le développement du programme d’essaimage pour pouvoir identifier des promoteurs potentiels et intéressants et la promotion des activités des structures d’appuis (centres d’affaires, pépinières d’entreprises etc.).

Le deuxième problème concerne le financement de création des PMEs. On se rend compte qu’on ne dispose pas des outils du financement qui répondent aux différents besoins des promoteurs.

Aujourd’hui, la banque est mono-produit, c’est-à-dire qu’elle a un crédit à moyen et long terme alors qu’il y a des besoins au niveau des fonds propres et au niveau des besoins du fonds de roulement qui sont importants au démarrage des PMEs. A cela s’ajoutent les produits pour le financement des cycles d’exploitations. Cependant, la banque ne dispose pas des produits financiers adéquats pour répondre aux attentes et aux besoins des promoteurs.

La troisième contrainte est liée à la qualité des conseils et de l’accompagnement. Les promoteurs des PMEs ont besoin plus que les autres entreprises d’un accompagnement à tous les niveaux, depuis l’engagement de crédit jusqu’à la réalisation du projet et même au niveau du suivi de l’exploitation. A ce jour, on n’a pas encore atteint le niveau de conseil et d’accompagnement que nous estimons nécessaires pour ces PMEs.

Donc, on peut affirmer que beaucoup reste à faire afin d’améliorer la qualité des services.

Que faut-il faire pour combler ces carences ?

Pour répondre à ces problèmes, la stratégie de la banque est claire avec un seul objectif d’améliorer la qualité des services destinés aux promoteurs des PMEs, c’est-à-dire promouvoir la qualité de nos conseils et améliorer ainsi la qualité de nos produits en apportant des produits financiers qui seront capables de répondre à leurs besoins.

Pour renforcer notre capacité de conseil et d’assistance, on s’est penché sur la décentralisation. Il s’agit du renforcement de nos représentations régionales, puisque le besoin des promoteurs est un besoin de proximité. Plus vous êtes proches de vos clients, plus vous comprenez ces difficultés et les aider à dépasser ces contraintes.

En effet, la banque est présente dans 20 gouvernorats et notre objectif est d’augmenter l’effectif. Aujourd’hui, l’effectif représente le ¼ dans les régions. Notre objectif est de le faire passer de 25% à 50% soit 50% dans les régions et 50% dans le siège, avec un objectif, d’ici deux ans, d’avoir le deux tiers de l’effectif dans les régions et 1/3 uniquement au siège.

Le deuxième axe est qu’on est en train d’augmenter la capacité de nos cadres à apporter les services nécessaires.

En matière de diversification des produits, nous avons adopté un certain nombre des nouveaux contrats de développement, destinés à renforcer les fonds propres des projets que nous finançons. D’autres produits seront également mis en place, comme les produits de leasing, le factoring ainsi que les produits d’assurances.

Nous sommes en train de travailler avec les autorités pour obtenir la gestion des fonds publics à l’instar de FOPRODI et FOSDAP qui sont destinés au renforcement des fonds propres des PME.

L’objectif ?

Réduire tout d’abord le nombre des interlocuteurs. Au lieu d’avoir deux intervenants (BFPME et l’API), l’idée est d’avoir un seul interlocuteur. Aussi, notre intérêt est de réduire les délais en matière de bouclage de financement. Mais, cela reste tributaire de l’accord de l’Etat.

L’objectif est de réduire les délais. Aujourd’hui, le blocage du schéma de financement d’une PME, entre SICARs, fonds publics et crédits bancaires, nécessite 6 mois. L’objectif sera alors de réduire les délais pour passer de six mois à un mois et demi.

Si l’Etat nous confie la gestion des fonds publics, les délais seront réduits avec l’existence d’un vis-à-vis unique et une même institution, donc, il serait capable d’obtenir son fonds public ainsi que son crédit à moyen et long terme.

Des actions sont certes prometteuses, mais elles ne répondent pas aux aspirations des jeunes, déjà déçus et qui demandent des choses concrètes qui pourraient les aider à travailler. Selon vous, quel est le problème majeur ?

Les problèmes sont à plusieurs niveaux. Aujourd’hui, le dispositif de création d’entreprise, malgré l’effort fournis, reste encore insuffisant et inefficient.

Pourquoi ?

En effet, la création des entreprises et les nouveaux projets est une activité qui n’est pas beaucoup profitable pour les banques privées. Pourquoi ? Parce que vous faites beaucoup de diligence pour convaincre un promoteur. Vous allez passer beaucoup du temps avec lui pour comprendre ce qu’il veut. Vous allez instruire un dossier et puis donner un crédit qui n’est pas de très grand montant, mais avec un risque très élevé, puisqu’il s’agit d’une nouvelle création dans un environnement compétitif.

Une entreprise naissante est plus fragile qu’une autre déjà présente depuis des années. Aussi, on constate que le promoteur pourrait être animé d’une bonne volonté, mais il n’a pas l’expérience suffisante.

Que faut-il faire pour rendre le financement de la PME intéressant ?

L’Etat doit, dans ce cadre, déployer un grand effort aussi bien au niveau de l’accompagnement qu’au niveau d’appui. C’est la raison pour laquelle l’Etat doit beaucoup investir dans les structures d’accompagnement et d’appui.

Donner plus d’importance aux centres d’affaires, pépinières d’entreprises et surtout aux compétences humaines qui seront chargés d’encadrer les jeunes entrepreneurs. Cette démarche aiderait ces porteurs d’idées à réaliser leur business plan qui soient bien renseignés et bien structurés.

Donc, le promoteur aura plus de chance à obtenir son financement dans les meilleurs délais.

Et comme propositions ?

L’un des outils d’entreprendre est la diffusion du programme national d’essaimage. Je profite de cette occasion pour rappeler que beaucoup d’entreprises, notamment dans le secteur bancaire, n’ont pas adhéré à ce programme pilote.

On peut aussi réformer le congé création d’entreprise, jugé très lourd.

Il faut mettre en place un dispositif qui permettrait de soutenir les promoteurs en augmentant la chance de réussite des PMEs.

Au niveau de la BFPME, la banque est appelée à apporter et assurer la gestion des fonds publics destinés aux PMEs en renforçant les niveaux de garantie.

Quel serait le rôle de l’Etat dans ce processus ?

Confier la gestion des fonds publics à la BFPME et œuvrer au rapprochement entre la société tunisienne de garantie et la BFPME. Il faut passer à une garantie dynamique. Pour certains besoins, il faut aller à des niveaux de garantie qui dépassent 70% en fonction de profil de promoteur et de l’activité. Il faut donner plus de garantie aux nouveaux promoteurs.

Il faut donner aussi à la BFPME des fonds spécifiques pour qu’elle puisse augmenter le niveau de garantie au financement accordé aux nouveaux promoteurs, qui sont naturellement plus risqués.

Wiem Thebti

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