AccueilChiffreTunisie : Le « flagrant retard » de la finance islamique

Tunisie : Le « flagrant retard » de la finance islamique

Le ministère des Finances a organisé samedi, à Tunis, une journée d’information sur les travaux de la commission nationale chargée du dispositif juridique de la finance islamique en Tunisie. Chargée de relever les principaux obstacles devant le développement de cette technique en Tunisie, la commission se concentre sur la mise en place, dans les prochaines semaines, d’un cadre législatif qui devrait être soumis aux constituants pour approbation. La commission nationale a été créée en février 2012 dans le cadre du développement de la finance islamique afin de mieux l’intégrer dans le tissu économique et financier notamment après les réussites réalisées par l’industrie de la finance islamique à l’échelle internationale, ce qui a facilité l’accès des institutions financières islamiques dans divers pays. Lors de cette rencontre, les sous-commissions relevant de cette structure ont présenté des projets de textes encadrant les domaines d’activités de l’industrie des finances islamiques, tels que les contrats d’affaires, l’assurance solidaire, les fonds d’investissement, la Zakât, les Sukuks.

Dans une déclaration à Africanmanager, Chedly Ayari, le gouverneur de la Banque centrale a fait savoir que la finance islamique en Tunisie n’a pas atteint les objectifs escomptés. Il existe en Tunisie seulement deux banques islamiques dont Al Baraka, une banque non résidente mais se lancera prochainement, dans l’on-shore, selon le gouverneur de la BCT. Les actifs de ces deux banques (Al Baraka et Zitouna) ne dépassent pas les 1400 millions de dinars, soit 2,5% du total des actifs du secteur. D’ailleurs, « The Banker » a classé la Tunisie à la 23ème place à l’échelle mondiale, devancée par la Turquie (8ème), l’Egypte (12ème) et l’Algérie (20ème).

La finance islamique dans le monde a connu, durant les deux dernières décennies, un progrès, principalement au Moyen-Orient. En effet, dans son rapport 2012 sur la compétitivité, le congrès mondial pour la finance islamique a relevé qu’il existe actuellement 363 banques et 108 guichets islamiques issus des banques traditionnelles. Les actifs islamiques s’élèvent actuellement à 1,3 trillion de dollars dans le monde, soit une progression qui varie entre 15 et 20% annuellement et une rentabilité dépassant les 15%.

Le gouverneur de la BCT a précisé que les actifs financiers qui sont conformes à la législation au Moyen-Orient et au Nord de l’Afrique représentent 15% de la part du marché bancaire mondial. Au pays du Golfe, ce chiffre est plus important et se situe à 26%. En termes de techniques utilisées par la finance islamique, Ayari a précisé qu’il existe actuellement 20 outils d’investissement utilisés par les banques islamiques.

Le gouverneur de la BCT a expliqué cette progression de la finance islamique, ainsi que sa nature basée sur le partage des risques, par l’utilisation de moyens novateurs et l’investissement selon les besoins des clients et les exigences de l’époque.

Chedli Ayari a également expliqué que la finance islamique va inciter les banques conventionnelles à être plus compétitives.

Pour sa part, le ministre des Finances par intérim, Slim Besbes a indiqué que malgré l’introduction relativement précoce par rapport à nos voisins africains de la finance islamique puisque la première banque islamique a été créée en Tunisie en 1983, nous enregistrons un retard flagrant et la finance islamique ne représente que 2,5% de tout le système financier. « Un grand travail nous attend. Il faut mettre en place les structures permettant de mobiliser des ressources et attirer des capitaux », a expliqué Slim Besbes à Africanmanager. En effet, selon le ministre, jusqu’à ce jour, la finance islamique ne trouve de la place ni dans les banques classiques ni dans les circuits officiels. La finance islamique est une opportunité pour capter ce genre de capitaux.

Slim Besbes a recommandé, dans ce cadre, de relever le principal défi empêchant le développement de la finance islamique en Tunisie dont l’absence d’un cadre juridique adéquat. Une fois ce défi est levé, beaucoup de travail reste encore à faire, notamment à travers la formation et la création. « Il ne faut pas se contenter d’un cadre juridique pour stimuler le secteur, mais il faut aussi que les opérateurs du domaine soient créatifs et offrent au public des produits attractifs et efficaces », explique Besbes à Africanmanager.

Le ministre a précisé également que, dans son rapport du mois de septembre 2012, l’agence de notation américaine Standard&Poors (S&P), souligne que l’ensemble des actifs financiers islamiques mondiaux atteindra les 1,6 trillions de dollars à fin 2012, Actuellement, le volume ne dépasse pas 1 trillion de dollars, soit une croissance de 20% annuellement durant les années 2011/2015.

Le rapport prévoit aussi que les Sukuks seraient une source principale de financement. En effet, le volume des émissions des Sukuks a atteint les 100 milliards de dollars, au 15 septembre dernier. Ces émissions ont été utilisées pour le financement de l’infrastructure. Standard and Poor’s estime en outre que le taux de croissance au niveau des émissions des Soukouks atteindra les 25% entre les années 2012 et 2015.

Khadija

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