AccueilLa UNETunisie : Le nouveau gouvernement, entre âpres négociations et «petits mots assassins».

Tunisie : Le nouveau gouvernement, entre âpres négociations et «petits mots assassins».

Ennahdha est là pour gouverner, même pour une seule année, et elle le confirme. Dans une ignorance, complète et royale de l’objet initial de la Constituante qui est l’élaboration de la nouvelle Constitution, se poursuivent, en effet, en Tunisie, les tractations pour la constitution d’un nouveau gouvernement, sans même attendre l’annonce des résultats définitifs.

Et à mesure qu’approche la date du 9 novembre, préalablement annoncée pour la première réunion de la Constituante, les négociations entre grands et petits vainqueurs essentiellement des élections du 23 octobre 2011, les négociations sur le partage des sièges s’intensifient, deviennent plus âpres, parfois en mode persiflage de petits mots assassins des uns et des autres et les discussions byzantines, parfois, autour du «sexe des anges».

Divergences sur le type de gouvernement.

On notera par exemple ces divergences, pour ne pas dire plus, si elles ne relèvent pas de la simple tactique de négociation, entre les trois principales composantes de la prochaine coalition gouvernementale tunisienne. Ces 3 partis, Ennahdha, le CPR de Marzouki où l’avocat Mohamed Abbou prend de plus en plus de place médiatique et Ettakattol de Mustapha Ben Jaafar qui monte lui-même au créneau, ne s’entendraient toujours pas sur l’appellation même du prochain gouvernement. Le CPR et Abbou indiquaient, jeudi dernier, à l’AFP, que leur parti voudrait un «gouvernement de coalition», alors que Ettakattol penchait pour un «gouvernement d’intérêt national», en précisant qu’il «ne s’agit pas d’appliquer les critères connus dans les démocraties selon la logique de la majorité et de la minorité». Le porte-parole du Mouvement «Ennahdha», Noureddine Bhiri, restait, quant à lui, plus évasif lorsqu’il déclarait à l’agence Tap que «la composition du prochain gouvernement sera déterminée par les formations les plus représentées au sein de la Constituante, sans pour autant exclure les autres parties». Samir Dilou évoquait, vendredi dernier, sur les colonnes du quotidien Assabah, «un gouvernement d’union nationale».

Et alors que le marchandage des sièges du prochain gouvernement se poursuit, le CPR fait monter les enchères en indiquant à l’AFP que «les négociations tournent autour de la nature du gouvernement et de son objet». Une déclaration qui cadre certainement avec  la stratégie de négociation. Vouloir discuter d’abord de la nature du gouvernement et de son objet, donne plus de latitude à celui qui voulait d’abord auditer l’action du gouvernement de transition, à faire des concessions, sans trop «y laisser des plumes».

Qui court derrière qui ?

Ici et là, circulent [ou fait-on circuler] des noms de quelques figures de l’actuel gouvernement transitoire qu’Ennahdha accepterait de laisser en service, en dose homéopathique, surtout pour être en accord avec ceux qui appelleraient au maintien des technocrates dans le second (ou le troisième) gouvernement de transition. Non d’accord, depuis qu’il a déclaré que «tous les chiffres qu’on  donnait sont faux et qu’il faudra d’abord auditer leur travail », Moncef Marzouki fait du rentre-dedans, se démarque de la position de son partenaire Ennahdha et affirme que «le prochain gouvernement ne comportera aucun ministre de l’actuel gouvernement [celui de Caïed Essebssi]».

Un tantinet irritable et touché dans son amour propre, un actuel ministre dont le journal «Le Maghreb»  n’a pas cité le nom a rétorqué en se demandant «si aucun de ces ministres [par ailleurs en grande majorité issus des milieux d’affaires avec leurs propres entreprises qui les attendent] était venu le prier de le maintenir au gouvernement» avant d’ajouter : «Dis-moi au nom de Dieu, qui t’est venu en prière ?»

Divergence sur l’objet du gouvernement.

Les divergences entre les membres de la probable coalition ne portent pas que sur  la composition et l’appellation de ce gouvernement. Elles semblent plus profondes et toucheraient à l’objet de ce gouvernement à mettre en place. L’un des membres de cette coalition, le CPR en l’occurrence, joint au téléphone par l’agence Tap, Samir Ben Amor, représentant du Congrès Pour la République (CPR), a déclaré que les négociations se poursuivent entre le parti Ennahdha et le parti Ettakattol pour constituer un gouvernement «qui dirigera le pays» pour la prochaine période. Ce gouvernement de coalition, tel qu’il est envisagé par le CPR, doit être un « gouvernement politique par excellence qui ne se contente pas uniquement de la gestion des affaires courantes», espérait Ben Amor.

En attendant la fin de cette course aux sièges, on sait déjà qu’Ennahdha n’appliquera pas son plan économique. Mohamed Ben Romdhane, l’un des concepteurs du plan économique du parti, nous dit-on à Ennahdha, l’a affirmé, mercredi dernier, à la Radio publique tunisienne, en précisant que le programme qui sera mis en place sera issu de négociations avec les partenaires de son parti. Cela laisse donc présager d’autres négociations, des tergiversations, des déclarations et des contre-déclarations, jusqu’à s’entendre sur ce que fera le prochain gouvernement.

On n’est pas sorti de l’auberge !

Khaled Boumiza

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