AccueilLa UNETunisie : Le projet des logements sociaux sera-t-il renvoyé aux calendes grecques...

Tunisie : Le projet des logements sociaux sera-t-il renvoyé aux calendes grecques ?

L’annonce du programme des 30 mille logements sociaux, ne date pas d’aujourd’hui. Elle remonte à mars 2012, lorsque le chef du Gouvernement en faisait un des points forts de son discours du budget devant la Constituante. Six mois plus tard, en septembre 2012, l’appel d’offres en est lancé. Il n’intéressera aucun investisseur étranger, malgré le prorogation de la date d’ouverture des plis, d’octobre à novembre de l’année dernière. La raison en est que le gouvernement tunisien, échaudé par les offres d’aides de pays arabes «amis», avait poussé la prétention jusqu’à demander que le constructeur qui sera choisi apporte le financement du projet. Les quelque 1200 MDT espérés par le ministère tunisien de l’Equipement, ne viendront pas. Le gouvernement tunisien change alors son fusil d’épaule et se prépare déjà à relancer un autre appel d’offres, sous d’autres conditions.

– 15.000 personnes concernées par le programme des logements rudimentaires, pour presque rien.

Ce que l’on on sait moins, c’est que ce programme des 30.000 logements était en fait scindé en deux parties. La première et certainement la plus importante pour le gouvernement Jbali, est la partie éradication des logements rudimentaires dans les régions intérieures du pays et leur remplacement par des logements décents. Ce programme interviendrait, soit par la construction, soit par l’extension, soit par la rénovation. Il nécessiterait une enveloppe de 220 MDT qui sera financée sur les fonds de l’Etat. Ce dernier décide, en plus, de confier cette partie du programme des logements rudimentaires où l’offre ne devrait pas dépasser les 15 mille logements ou familles, à des petits tâcherons des régions concernées par ce programme. Cela contribuera à donner de l’emploi aux entreprises, comme aimait à le dire la secrétaire d’Etat chargée de l’Habitat Mme Chahida Fraj-Bouraoui à Africanmanager. Les travaux ont déjà commencé, et certains seraient sur la finition, dans au moins 6 gouvernorats, et le reste des appels d’offres est en cours pour le reste des gouvernorats, puisque le projet s’étend à toutes les régions sans exception

Pour les bénéficiaires choisis, la secrétaire d’Etat chargée de l’Habitat précise que l’Etat supportera 50 % du coût de son intervention, que ce soit par l’extension, le relogement ou la rénovation. Les bénéficiaires ne supporteront que 50 % qu’ils rembourseront sur une période de 25 ans, sans coûts supplémentaires et même avec une année de grâce. Ils devront, cependant, pour éviter la malheureuse expérience des logements du 26-26 dont beaucoup ont été revendus, conclure un contrat d’hypothèque sur toute la période de remboursement. La Banque de l’habitat sera chargée de ce programme et de ses crédits

– 110 mille demandes pour 20.000 logements qui restent à faire !

L’autre volet de cet ambitieux programme de logements sociaux du gouvernement Jbali, c’est celui qui concerne les personnes ou les familles dont les revenus ne dépassent pas 3 fois le SMIG. Deux problèmes cependant, pour ce programme. D’abord, le nombre de demandes qui sont jusqu’à présent de 110 mille, pour une offre qui ne pourra pas dépasser les 20.000 logements. Le choix des bénéficiaires se fera après recoupement des informations financières données, avec le concours des autorités locales et de l’administration fiscale. Lorsqu’on sait, comme nous l’avait raconté la secrétaire d’Etat Chahida Fraj-Bouraoui, les subterfuges auxquels ont eu recours certaines familles allant jusqu’à vendre leurs anciennes habitations pour essayer de détourner les critères d’acquisition, on imagine bien les difficultés qu’auront les autorités tunisiennes lorsque les listes des bénéficiaires deviendront définitives.

L’autre difficulté, c’est le financement que devra trouver le gouvernement Jbali. Une seule partie s’est présentée à l’appel d’offres de 12.000 logements et elle n’est ni turque ni qatarie. La cause en a été, comme le précisera la secrétaire d’Etat, la conjoncture du pays, la situation sociale et la situation politique qui prévaut actuellement en Tunisie. 10 autres entreprises tunisiennes ont aussi retiré le cahier des charges. Les banques tunisiennes ont cependant refusé de les accompagner par les crédits nécessaires, ce qui a mis fin à leur participation. Devant le refus des entreprises étrangères d’y concourir, le ministère se propose de commencer à concrétiser sur les fonds de l’Etat. La secrétaire d’Etat refuse cependant de donner un chiffre précis, se limitant à dire qu’il est en discussion avec le ministère des Finances. Par la suite, les 12.000 logements à construire, seront saucissonnés en plusieurs lots de 3000 logements à faire construire par des appels d’offres nationaux auprès des entreprises locales de promotion immobilière, publiques, en premier lieu, et par la suite privées. Une première enveloppe de 150 MDT est déjà à louer. Pour le reste, le financement restera toujours à trouver, ce qui ne manquera pas de retarder la concrétisation, dans les délais qu’espèrent les demandeurs de logements sociaux inscrits sur les listes de candidature. La secrétaire d’Etat rassure, enfin, sur le fait que les privilèges fiscaux, déjà prévus dans la loi des finances 2013, resteront de vigueur et seront accordés aux entreprises tunisiennes qui se chargeront de ces lots de 3000 logements pour lesquels les terrains sont déjà prêts !

Khaled Boumiza

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -