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Tunisie : Les devins des sondages le prédisent. Allons-nous vers un bis repetita islamiste du 23 octobre 2011 ?

Prenant les devants sur un chef de Gouvernement, Hamadi Jbali, ayant apparemment la tête ailleurs pour pouvoir le faire lui-même, le président de l’Assemblée Nationale Constituante Mustapha Ben Jaafar présentait, jeudi dernier, la feuille de route qu’on espère définitive, à l’occasion de l’adoption de la loi de finances au titre de l’année 2012.

Cette feuille de route se résume en 6 points, mieux classés selon nous :

1. Création d’une instance supérieure pour les élections (ISIE).

2. Création d’une haute autorité indépendante pour la communication audiovisuelle (HAICA).

3. Création d’une instance provisoire de la magistrature.

4. Réaliser la justice transitionnelle.

5. Elaborer une nouvelle loi des partis.

6. Mettre en place un collectif judiciaire chargé de l’examen des affaires de corruption.

Les délais ont été fixés aussi et on les espère, encore une fois, définitifs, à moins que Hamadi Jbali et son parti Ennahdha n’en décident autrement :

– Fin du mois de juin pour les 6 points.

– La nouvelle Constitution sera fin prête au plus tard le 23 octobre 2012.

– Le code électoral qui ne pourra être examiné après l’adoption de la nouvelle Constitution.

Presqu’au même moment, le journal que Mustapha Ben Jaafar critiquait du haut de son perchoir, publiait un sondage effectué par l’agence Sigma, comme un coup d’assommoir qui s’abattait sur la tête de ceux qui attendaient impatiemment la fin de l’intermède Nahdhaoui et le départ d’un gouvernement qui s’était pris au jeu et avait détourné la loi de la Constituante pour en faire un instrument de gouvernement, mettant entre les seules mains de son chef Nahdhaoui tous les pouvoirs, jusqu’à celui d’accorder ou de refuser l’autorisation de constituer un parti politique.

L’assommoir vient de ce résultat de «37,5% des Tunisiens interrogés qui ont déclaré que le mouvement Ennahdha est le plus proche d’eux et de leurs convictions, parmi tous les partis politiques dans le pays». Cela est, de plus, annoncé par Sigma qui avait déjà prédit, presqu’au siège près, la victoire d’Ennahdha aux élections de la Constituante.

Pour les deux autres partis de la troïka, il ressort du sondage de Sigma, que le CPR est passé de 8,5% à 6,2%, alors que le parti Ettakattol a enregistré une légère avance passant de 6,8% à 7,5% et c’est ce qui avait, peut-être, plus fâché Mustapha Ben Jaafar dans ce que publiait Al Maghreb, que le simple fait d’avoir dit que la Constituante n’avait voté aucune loi en presqu’une année de législature !

Et pour revenir au sondage de Sigma, on se rend compte qu’au niveau régional, «la force de frappe d’Ennahdha se trouve dans les gouvernorats du Sud avec 59,1%, au contraire des gouvernorats du Nord-ouest où le parti islamiste ne récolte que 26,9% ». Cette réalité d’une force inouïe à l’intérieur du pays a déjà été démontrée par les élections du 23 octobre 2011.

Plus d’un observateur averti des développements de la scène politique tunisienne, semble maintenant convaincu que les prochaines élections changeraient la donne politique, mais pas de manière renversante pour le principal parti en place et le parti au pouvoir aussi. Ces observateurs, dont nous avons écouté plus d’un, se rejoignent, dans leurs analyses, autour du fait que les élections d’avril, ou de mai ou de juin prochains, apporteront certes quelques changement dans le paysage des partis et de leurs poids dans l’échiquier en place. Elles ne bouleverseront pourtant pas «l’ordre» établi pas les résultats d’octobre 2011, sauf peut-être les plans d’Ennahdha dans la prochaine Chambre des Députés ou quelle que soit sa prochaine appellation.

Il est cependant, encore temps de rappeler deux ou trois vérités, qu’Ennahdha n’avait jamais voulu entendre, bien que cela lui ait été maintes fois dit.

 Les chiffres issus des résultats des élections d’octobre 2011, ont clairement démontré la limite de l’électorat d’Ennahdha. Cette dernière n’a représenté qu’un million et demi de partisans, sur plus de quatre millions d’électeurs qui ont exprimé leurs voix.

 Plus d’un million de voix exprimées ont été perdues et n’avaient rien rapporté, à cause notamment du système électoral qui avait alors été adopté.

 4.308 millions de Tunisiens s’étaient présentés aux bureaux de vote, le 23 octobre 2011, sur 8.278 votants potentiels. Seulement 4.047 millions des votes ont été validés lors du comptage final. Le taux des participants ne représente donc que 52% du corps électoral.

Après tout cela et pour revenir à l’agenda présenté par le président de la Constituante, il nous semble important d’attirer l’attention de toute la société civile tunisienne et le reste des partis politique, sur deux choses essentielles :

– D’abord, le devoir de tirer les conclusions des résultats d’octobre 2011 en veillant à munir la Tunisie d’une loi électorale différente qui n’aboutisse pas, encore une fois, à gaspiller des voix.

– Ensuite, laisser ce gouvernement travailler avec ce qu’il a et se mettre à travailler sur les prochaines élections, aller sur le terrain, sensibiliser, expliquer, éclairer les esprits pour mobiliser les huit millions d’électeurs, même s’il faut pour cela faire du porte-à-porte. C’est cela, à notre sens, le vrai nationalisme pour les prochains mois.

Khaled Boumiza.

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