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Tunisie : Ne pouvant offrir le travail, le gouvernement en diminue le temps «par souci de l’équilibre et des besoins de la famille »

La polémique autour de la prolongation du régime de la séance unique au 15 septembre 2012 n’a pas cessé. Plusieurs observateurs et experts en économie, considèrent que cette décision, annoncée sans concertations, aura un impact négatif et pourrait donner lieu à plusieurs interprétations. La polémique enfle aussi, au regard du chômage qui approche le million de personnes, au regard de l’incapacité de l’actuel gouvernement à en trouver et au regard d’une croissance économique qui tarde toujours à venir, une croissance qui ne peut se faire que par le travail.

Selon l’expert économique Abderrahmen Fendri, dans une rencontre avec Africanmanager, la décision de rallonger la séance unique jusqu’au 15 septembre par la présidence du gouvernement pose une multitude de questions, aussi pertinentes les unes que les autres.

D’abord, il y a la question du nombre d’heures de travail par semaine qui est ramené à 35 heures. «Des pays plus riches que la Tunisie, ne se permettent pas des semaines de travail aussi légères» affirme l’économiste. Il explique ensuite que «ceux qui sont redevables de 40 heures par semaines, vont être exonérés de 12,5 % du temps dû de travail. Sur l’année, la décision réduit ce temps, et par là-même la productivité, de 0,52 %, ce qui est important ».

Ensuite, la décision pose le problème de la dichotomie entre le secteur public et le secteur privé. Les horaires du travail au niveau des ménages risquent de ne pas être uniformes.

Le secteur privé demandera-t-il l’alignement ?

Et Abderrahmen Fenderi d’ajouter que, sur le plan social les employés du secteur privé risquent de revendiquer un alignement sur leurs homologues du secteur public, créant ainsi des tensions sociales inutiles. «Il est vrai que la séance continue présente des avantages considérables pour l’économie (moins de frais de transport, économie d’énergie au niveau des bureaux, plus de bien-être pour les travailleurs, etc.), mais ceci ne doit pas se répercuter négativement sur la productivité. Des journées de 7 heures, auraient par exemple arrangé tout le monde. La question de la séance continue pose d’autres problèmes, tels que la problématique de la restauration et de la garde des enfants, explique l’économiste Fendri.

De son coté, Salah Riahi, expert en économie, envisage deux positions. Une première qui considère que la prolongation au-delà du 31 août 2012, aura des conséquences négatives sur la productivité des employés tunisiens et notamment la communication avec nos partenaires européens. En effet, ces partenaires, en plus du décalage horaire, vont travailler avec les entreprises tunisiennes moins d’une demi-journée, ce qui pourra les amener à annuler des commandes et les orienter vers d’autres pays.

C’est le cas d’Anis Abidi, gérant d’une société de services Internet qui n’a pas manqué de montrer son inquiétude sur la gestion de ses effectifs qui travaillent essentiellement avec l’Europe. Il se demande, si la séance unique sera prolongée, comment pourra-t-il gérer les autorisations de ses employés qui ne peuvent contacter l’administration tunisienne que le matin alors qu’il a besoin d’optimiser leurs interventions avec ses clients étrangers. «La baisse de la productivité intrinsèque après la révolution, accompagnée d’une mauvaise gestion du temps, est incompatible avec une situation qui nécessite plus d’effort pour reprendre la croissance économique», nous avoue ce chef d’entreprise.

Pour la deuxième position, l’expert prévoit que le fait de travailler une demi-journée, permettra aux citoyens tunisiens d’avoir plus de temps pour le tourisme intérieur et ils peuvent par conséquent consommer plus, ce qui pourrait avoir des retombées positives sur la croissance économique. «Cette position, nécessite à mon avis plus des données statistiques pour prouver sa logique avant de prendre une telle décision».

«Pas d’effets sur notre économie» affirme Nizar Ben Sghaïer

Sur cette question, Nizar Ben Sghaïer, sous directeur au comité général de la fonction publique, estime qu’il n’y pas des effets négatifs sur l’économie nationale, particulièrement la rentabilité de l’administration publique.

Selon lui, la décision du gouvernement de rallonger la séance unique jusqu’au 15 septembre «vise à soutenir l’équilibre familial en permettant aux fonctionnaires d’honorer leurs engagements et de satisfaire leurs besoins familiaux ». Il cite à cet effet, une étude récemment réalisée, qui affirme que la majorité des fonctionnaires ont accordé une attention particulière à la révision des horaires administratifs.

Le responsable rappelle qu’il a un texte en cours d’élaboration, selon lequel «on a jugé opportun de rallonger la séance unique, le temps qu’on finisse la consultation avec les différents ministères et les intervenants à la question de l’instauration d’un nouveau horaire administratif qui tient aux comptes la rentabilité économique et l’équilibre familial des fonctionnaires».

Wiem Thebti

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