L’agence de notation Fitch Ratings a confirmé la note de défaut émetteur à long terme en devises étrangères et en monnaie locale de Tunisiana à ‘BBB-‘ et sa note nationale à long terme à ‘AA-(tun)’. La perspective de toutes les notes est stable.
Les notes de Tunisiana reposent sur la performance autonome et le profil financier de son entreprise de téléphonie mobile en Tunisie sous la marque Tunisiana. Wataniya, qui détenait déjà 50% de Tunisiana avant l’acquisition de la participation d’Orascom Telecom, est devenue l’actionnaire majoritaire avec une participation de 75% au premier trimestre 2011. L’acquisition renforce la relation de Tunisiana avec sa société mère ultime, Qatar Telecom QSC (Qtel, ‘A +’ / Stable), qui détient 52,5% de Wataniya.
La perspective stable reflète la capacité de Tunisiana à défendre sa position sur le marché contre toute menace potentielle de la concurrence et l’impact limité sur son pré-dividende en cash flow libre à partir d’une baisse attendue des marges EBITDA. Le marché tunisien du mobile a atteint sa maturité en 2010 et un taux de pénétration actuel de près de 115% à 2011, ce qui signifie qu’une croissance du nombre des abonnés sera probablement limitée. Toute croissance du marché devrait être tirée par les services prépayés et le taux de désabonnement du fixe au mobile.
Fitch note également que le taux de change tunisien est un régime de flottement dirigé n’ayant subi qu’une légère érosion par rapport à l’euro en 2011. Même si le dinar tunisien n’est pas totalement convertible, il n’existe aucune restriction sur les transferts de devises à l’étranger, et la société ne dispose pas actuellement des problèmes d’accès au Forex.
Tunisiana avait une longueur d’avance sur ses concurrents, alors que Tunisie Télécom et Divona-Orange sont aux prises avec des questions relatives aux actionnaires internes, mais cette situation devrait changer à moyen terme. Fitch considère que la concurrence élevée générée par Divona-Orange mettra davantage de pression sur le long terme concernant les revenus moyens par utilisateur (ARPU), qui semblaient se stabiliser durant le 2ème et 3ème trimestres 2011. Si le régulateur introduit la portabilité du numéro mobile (MNP), que Fitch donne comme probable en 2012-2013, ce sera bénéfique pour le nouvel arrivant. Toutefois, l’agence estime que, en termes de couverture et de qualité de service, Tunisiana a encore un avantage sur les nouveaux concurrents.
Les marges EBITDA de Tunisiana sont demeurées à environ 56,5% au 9ème mois 2011 et à55% au titre de l’année fiscale 2010 10 malgré la baisse de l’ARPU. La baisse de l’ARPU a représenté une tendance significative depuis 2007 en raison d’une concurrence accrue, mais n’a pas affecté les marges d’exploitation en raison du leadership de l’entreprise sur le marché et des mesures de contrôle des coûts mises en œuvre par une équipe managériale solide. Le retard important dans l’octroi d’une licence 3G à Tunisiana n’a pas affecté la performance opérationnelle de l’entreprise même si les concurrents ont obtenu la licence depuis près de deux ans. Fitch note que, malgré les lourds investissements nécessaires au cours des trois prochaines années, l’entreprise va générer des flux de trésorerie sains avant dividendes grâce à une forte position sur le marché et aux marges EBITDA.
Une forte détérioration du climat des affaires (par exemple, un marché mature exacerbé par une forte concurrence) conduisant à des marges d’exploitation significativement plus faibles et à un effet de levier plus important serait négative pour la notation. En outre, les lourds investissements dans la 3G ou des paiements de dividendes excessifs pourraient être préjudiciables pour les notes.
Fitch prévoit que les ratios d’endettement demeureront conformes à l’actuel niveau de notation. Un abaissement de plusieurs crans de la note souveraine de la Tunisie aurait également des répercussions sur la notation de Tunisiana en raison de son impact sur le plafond pays. Fitch s’attend à ce que l’orientation stratégique de Tunisiana demeure concentrée sur le segment mobile. Les notes ne tiennent pas compte du potentiel d’importantes acquisitions internationales. Une telle évolution serait traitée comme un risque exceptionnel.