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Tunisie : Pourquoi Leoni décide de fermer après avoir démenti et menacé ? Utica et Jbali feraient-ils cause commune ?

Il y a deux jours, le 10 de ce mois de février, le groupe allemand Leoni spécialisé dans la câblerie, annonçait sa décision de fermer son unité de Mateur. L’annonce a été faite par Wissem Boujemâa, son directeur des ressources humaines sur les ondes de Radio Mosaïque.  Ce dernier a expliqué cette décision par la « situation ingérable » dans laquelle se trouve la câblerie et par les  pressions syndicales répétées et de plus en plus insistantes exercées par l’Union tunisienne des travailleurs (UTT). Le syndicat ouvrier d’Ismaïl Sahbani s’est pourtant toujours défendu, depuis l’annonce de cette affaire par le Chef du gouvernement tunisien, en janvier dernier, d’être derrière les mouvements sociaux qui secouent l’entreprise.

Cette décision de Leoni intervient, cependant, après  un démenti de Leoni de toute fermeture ou délocalisation. Le 31 janvier 2012, l’investisseur allemand démentait vouloir fermer et menaçait en même temps de délocaliser au Maroc. Ce jour-là, Leoni avait exclu toute intention de l’entreprise de fermer ses usines dans la région de Bizerte (à Mateur).  Ce démenti, avait été fait par Mohamed Larbi Rouis, directeur général du groupe Leoni.

Ce dernier a cependant directement accusé, dans une déclaration à l’agence Tap, le syndicat UTT d’Ismail Sahbani, de propager des rumeurs sur une improbable délocalisation de Mateur à Sousse, n’oubliant pas de menacer de délocaliser carrément en dehors de la Tunisie, vers la Roumanie ou le Maroc. «Si cette situation persistait, l’investisseur allemand pourrait être obligé de délocaliser vers la Roumanie ou le Maroc», précise-t-il à l’agence Tap qui affirme avoir reçu un communiqué de Leoni dans ce sens.

Où est donc la vérité ? Que doit-on retenir de Leoni, son premier démenti ou sa dernière décision que le ministère de l’industrie tentera de tempérer ? Que cherchait à faire Leoni par son premier démenti ? Noyer le poisson pour sortir dans des conditions plus calmes ou menacer pour avoir la paix ?

Une sortie de crise «à la Yazaki» ?

Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Mohamed Lamine Chakhari, entrait, en effet, dès samedi, en lice, pour déclarer «au bout d’intenses négociations avec la direction et le personnel de l’usine de Leoni », selon ce que rapporte son bureau d’information,  que « le gouvernement est en concertation avec les autorités allemandes et la société Leoni afin  de renouer le dialogue entre les parties concernées et d’aboutir à des solutions qui prennent en considération l’avenir de l’entreprise et du secteur de la câblerie».

Le communiqué du bureau d’information du ministre, rapporte aussi que ce dernier «a visité l’usine Leoni –Nord, a contacté les représentants des travailleurs sur les lieux et  présidé une réunion au siège de la délégation de Mateur, en présence du Gouverneur de Bizerte, de la direction de l’entreprise et des représentants des travailleurs de l’usine concernée». Et le même communiqué d’ajouter que «au bout d’une réunion qui a duré plus de 5 heures et la reprise des consultations avec le partenaire allemand qui se sont prolongées jusqu’au soir, le ministre a appelé le personnel à faire preuve de responsabilité, en attendant le suite des négociations,  en vue de préserver leur entreprise, appelant notamment les représentants de travailleurs à Mateur à privilégier l’intérêt aussi bien de l’entreprise que du secteur de la câblerie où les investissements sont sensibles.

Le principal message de ce communiqué, c’est que le ministre s’est déplacé dans la région et a fait son métier de responsable dans un gouvernement, provisoire, qui ne peut faire plus que ce que tout le pays peut. On comprendra donc que l’issue de l’affaire Leoni Mateur sera semblable à celle de Yazaki d’Om Larayes qui restera fermée jusqu’à rétablissement de la paix sociale.

L’Utica, partie prenante dans un règlement de comptes intersyndical ?

Intervient ensuite la principale organisation patronale tunisienne, d’habitude très réservée sur ce genre de conflits «politico-intersyndicaux-patronaux», pour donner un autre son de cloche qui ne fera qu’ajouter encore plus à la cacophonie ambiante où l’on ne pouvait pas ignorer les relents de règlements de comptes politiques et syndicaux.

Selon l’Utica, en effet, «le conflit provoqué à Mateur ne relève aucunement de revendications sociales ni de blocage de négociations de la part de l’employeur». Un avis complètement contraire à ce qu’affirmait le Chef du gouvernement et les informations issues de l’entreprise. Selon le patronat qui semble ainsi se rallier à une campagne anti Ismaïl Sahbani, «la crise dans cette usine est due exclusivement au comportement personnel et irresponsable du représentant UTT, Monêem Darragi [et c’est encore là une première que de nommer un responsable syndical], qui veut se mettre au-dessus de la loi et des règles de bonne conduite et privilégie le recours à la violence et à la menace vis-à-vis des responsables de l’entreprise aussi bien que vis-à-vis des autres employés».

La centrale patronale «dénonce ces pratiques qui mettent en danger aussi bien l’activité industrielle dans le pays et sa stabilité sociale que  la crédibilité de l’action sociale» et lance, presqu’un appel à mobilisation contre l’UTT. L’Utica «demande à la Société Civile de la région, à ses autorités régionales et aux autorités nationales (ministères de la Défense, de l’Intérieur, de l’Industrie et des Affaires sociales) ainsi qu’aux partenaires sociaux de se mobiliser pour dénoncer ces agissements irresponsables et agir pour rétablir un climat de travail serein dans la région». Inimaginable, jusque là, d’une organisation comme l’Utica. On ne peut cependant ne pas remarquer, que cette position est presque semblable à celle prise par le gouvernement, provisoire, de Hammadi Jbali ,le 24 janvier dernier et de ce dernier personnellement devant la Constituante, contre le concurrent de l’UGTT, seul partenaire historique de l’Utica !

Des questions sans réponse !

Où est la vérité dans tout cela ? Pourquoi Leoni décide-t-il de fermer après avoir démenti de le faire ? Que signifie ce revirement et quel était le degré de vérité ou de menace de délocaliser au Maroc ? Et s’il est vrai, comme l’affirme Leoni Allemagne, qui démentait lundi toute fermeture assurant comme sur le site Internet de TF1 qu’il ne s’agissait que d’une fermeture pour le vendredi, qui envoie à la presse locale ce genre d’information ? Le ministère de l’industrie qui le fait, serait-il entrain de désinformer ? Dans quel but désinforme-t-on ainsi et pour quel agenda politique ? Pourquoi Leoni n’a-t-il pas tenu la parole donnée d’investir 30 MDT pour une usine à Sidi Bouzid ««en concrétisation de l’intérêt constant qu’accorde le chef de l’Etat au développement régional, en particulier, dans les régions intérieures» comme l’annonçait son CEO juste avant la Révolution du 14 janvier ? Le ministre peut-il réellement empêcher un IDE d’alléger ses positions en situation de crise internationale ?  Leoni Mateur prendra-t-il simplement le chemin de Yazaki Oum Larayes ?

Khaled Boumiza

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