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Tunisie-Syphax : Des annonces, incomplètes et prématurées, pour doubler les plans de Tunisair.

«La flotte de la compagnie aérienne Syphax Airlines sera renforcée, à partir du mois d’avril 2013, par l’arrivée d’un nouvel avion de type Airbus A330». L’information est donnée, dans un communiqué de presse de la compagnie qui précise même que l’appareil qui aura «une capacité de 278 sièges ; 28 en business class et 250 en classe économique, sera destiné pour les vols long-courrier, transatlantiques. Sa longueur avoisine les 60 mètres et sa hauteur les 17 mètres pour une envergure d’à peu près 60 mètres ». Le communiqué, comme le propriétaire de Syphax, Mohamed Frikha, ne disent pas que l’avion en question sera repris de chez la compagnie Emirates et surtout, qu’il a au moins 7 ans d’âge. Des sources de la concurrence, affirment que son âge est entre 7 et 10 ans. La réglementation en vigueur en Tunisie interdit pourtant aux compagnies tunisiennes l’achat de tout avion dont l’âge dépasse les 5 années. Une source proche de Syphax nous précise que son avion, qui vole toujours pour le compte de la compagnie émiratie, «dispose de son certificat de navigabilité ». Notons enfin, concernant cette question de l’âge, qu’une jurisprudence existe déjà, avec Tunisair qui avait pu faire voler un avion de 10 ans d’âge. 

– Syphax prend de court ministère et Conseil supérieur et menace le B.P de Tunisair.

L’annonce de cette nouvelle acquisition prend, cependant, de court la démarche nécessaire de la dérogation à donner par le ministre du Transport, un ministre qui a déjà fait l’objet de pressions de cette compagnie qui avait même su transformer, pour les besoins de sa cause, ses demandes en cause régionale. Il faudra aussi que la compagnie change son AOC (Air operating certificat), renouvelable chaque année, par la direction générale de l’aviation civile après expertise de l’état de l’avion et enregistrement au registre des immatriculations des aéronefs.

«Cet avion, précise le dernier communiqué de Syphax, permettra à la compagnie de lancer, dans une première étape, ses vols vers deux nouvelles destinations la Chine et le Canada et ce, durant l’été 2013. Dans une deuxième étape, cet avion pourra desservir le Brésil, les USA ou encore l’Afrique du Sud». Cela pose, d’après nos informations, quelques questions et en remet d’autres sur la table.

Il ne fait pas de doute que Syphax a pu obtenir son autorisation de création, en septembre 2011, sur la base d’un programme de vol où il était clairement spécifié que cette compagnie aura la ville de Sfax comme base et fera des courts et moyens courriers. L’autorisation lui avait était accordée sur la base de ces informations, par le Conseil supérieur de l’aviation civile où, Tunisair, comme Nouvelair, sont membres à part entière. Légalement, tout changement devra se faire, après réunion dudit Conseil et après son accord. Ce dernier, d’après nos informations que le ministère pourrait démentir sur présentation du PV de la réunion du Conseil à la date exacte, ne s’est pas réuni, depuis septembre 2011, pour statuer sur les changements intervenus dans le programme d’activité de Syphax. Il est ainsi plausible de se poser la question de savoir si l’extension de l’activité pour lui accorder la permission de voler à partir de l’aéroport de Tunis-Carthage, n’aurait pas été faite sans l’accord du Conseil supérieur de l’aviation civile, simplement suite à des pressions ?

– «Je ne crois pas que le Canada donne 2 autorisations», dixit Rabah Jrad.

L’autre question à poser, est en lien direct avec le plan de flotte de Tunisair. Un plan de flotte pour lequel Tunisair a prévu de dépenser, à hauteur de 70 % par la dette, 950 millions USD. Un plan dont la colonne vertébrale est la destination long-courrier. Un plan, désormais fortement contrarié par les ambitions, pas toujours réglementaires, de Syphax. Alors que l’opérateur historique tunisien dans le domaine de l’aviation civile, prépare son premier vol long courrier pour 2014, date de la livraison de son prochain A300, tout neuf, Syphax annonce son premier vol, sur la même destination long courrier qui est le Canada. Un dessein, celui de l’extension de l’activité de Syphax Airlines aux longs courriers comme elle l’annonce dans son propre communiqué, qui se fait plus est, sans aucune référence à une quelconque réunion ou décision du Conseil supérieur de l’aviation civile. «Syphax copie ce qui marche chez Tunisair [ndlr : L’ancien ministre du transport et ancien membre du Conseil  de Tunisair, au cours du mandat duquel elle a obtenu son AOC, fait partie de ses partenaires] », commente à notre demande le PDG de l’opérateur historique dans le domaine aérien, avant d’ajouter que «elle veut brûler les étapes et sachant que Tunisair a un léger retard dans son plan de flotte, elle veut le devancer. Annoncer, c’est une chose et pouvoir réaliser en est une autre » finit par dire avec un petit sourire Rabah Jrad.

– «Le Conseil supérieur de l’aviation ne s’est pas réuni depuis longtemps et Syphax n’a pas l’autorisation du long courrier», dit le PDG de Tunisair.

Le gros problème et qui constitue une inconnue dans le business plan que présentera Syphax Airlines au CMF pour sa prochaine entrée en bourse, reste l’accord des autorités aériennes canadiennes. La demande doit en être présentée officiellement par les autorités aériennes tunisiennes, via le ministère des Affaires étrangères. Tunisair aurait déjà fait cette demande, «et je ne crois pas que les autorités canadiennes donnent deux autorisations à deux compagnies tunisiennes différentes», indique le PDG de Tunisair. Ce dernier revient même sur cette annonce de vols long courrier de Syphax, qui sont du seul ressort du Conseil supérieur de l’aviation civile, pour rappeler que ce dernier «ne s’est pas réuni depuis longtemps » et que «Syphax a eu l’autorisation, uniquement pour 7 vols quotidiens, à partir de Tunis Carthage vers Paris en plus des vols à partir de Sfax, et rien d’autre » et de redire, toujours avec un petit sourire, que «les annonces sur les journaux sont une chose et les autorisations en sont une autre». Reste à savoir, devant un Mohamed Frikha qui refuse de parler et essaie même de faire taire la presse, si Syphax qui s’est présentée au conseil d’administration de la bourse qui lui a donné son accord pour une levée de fonds de 25 MDT pour financer son extension, a réellement obtenu toutes les autorisations nécessaires du Conseil supérieur de l’aviation civile et des autorités canadiennes et chinoises, comme elle l’annonce dans son communiqué ?

Khaled Boumiza.

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