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Tunisie-USA : Une rhétorique qui sonne creux face aux menées de Trump !

Différé d’une quinzaine de jours à la demande de Tunis, le troisième dialogue stratégique tuniso-américain s’ouvre demain mardi à Washington autour des ministres des Affaires étrangères des deux pays, Mike Pompeo et Khemaies Jhinaoui, une rencontre qui marque « la fin d’une série de démarches diplomatiques de haut niveau destinées à exprimer publiquement le soutien américain à la plus jeune démocratie du monde », comme l’écrit le Washigton Post dans un article signé par Sarah Yerkes qui dirige le projet « Tunisia Monitor » de Carnegie.

Ce dialogue stratégique se tient dans le droit fil de la réunion de la Commission économique mixte du 14 juin, au cours de laquelle des représentants des deux pays ont discuté des moyens d’accroître les investissements du secteur privé américain en Tunisie. En juin, les commissions des affaires étrangères de la Chambre des représentants et du Sénat ont présenté des résolutions réaffirmant l’appui des États-Unis à la Tunisie.

Des initiatives qui cachent mal un épisode de deux années pendant lesquelles « les États-Unis ont ignoré la Tunisie sur fond d’une belle rhétorique qui sonne creux face à la demande répétée de l’administration Trump de réduire considérablement l’aide américaine à la Tunisie ». En témoigne la demande budgétaire de 86,4 millions de dollars du président Donald Trump pour l’exercice 20, soit une réduction de près des deux tiers par rapport aux 241,4 millions de dollars alloués par le Congrès au titre de l’exercice budgétaire de 2019. Et alors que le Congrès a régulièrement opposé une fin de non recevoir aux coupes demandées par l’administration Trump et a continué à financer la Tunisie à peu près au même niveau chaque année, « la volonté ininterrompue de l’administration de réduire l’aide à un pays en première ligne dans la lutte contre Daech qui est également confronté à de graves défis économiques et est en pleine transition politique, ne passe pas inaperçu », souligne le Washington Post.

L’anti-américanisme ambiant des Tunisiens

C’est probablement l’une des raisons pour laquelle les Tunisiens se tournent de plus en plus vers les rivaux des Américains, la Russie et la Chine, pour obtenir leur soutien. Une récente enquête du Baromètre arabe sur la Tunisie a révélé que seulement 45 % des Tunisiens préfèrent des liens plus étroits avec les États-Unis, contre 63 % pour la Chine, 57 % pour la Turquie et 50 % pour la Russie. En outre, plus de Tunisiens disent vouloir que l’aide étrangère de la Chine et de la Russie augmente (50 et 46 pour cent, respectivement), que celle des États-Unis (45 pour cent).

Ce changement d’attitude à l’égard des Etats-Unis intervient en tout cas dans un contexte de crise politique qui a commencé à Tunis fin juin, soulignant la fragilité de la transition démocratique du pays. Lorsque le président Beji Caïd Essebsi, âgé de 92 ans, a été transporté d’urgence à l’hôpital après avoir souffert d’une  » grave crise « , il est rapidement apparu que le pays n’avait pas de plan de succession viable. Et si le président s’était trouvé dans une incapacité permanente, le pouvoir aurait été transféré au président du Parlement, âgé de 85 ans, qui était également été hospitalisé à l’époque, souligne avec un brin de malice l’auteure de l’article.

Le tableau est également assez sombre pour l’économie tunisienne, bien qu’il y ait quelques signes positifs tels que l’augmentation du nombre de touristes cet été et que le Fonds monétaire international et la Banque mondiale aient récemment accordé des prêts à la Tunisie pour aider le pays à relever certains de leurs défis économiques. Cependant, le chômage reste plus élevé qu’avant la révolution et les Tunisiens partent de plus en plus en Europe et aux Etats-Unis à la recherche d’emplois et de meilleures conditions de vie.

Une aide US à montant stable

L’attention que l’administration américaine accorde à la Tunisie cet été est rare pour un petit pays qui, comparé à ses voisins, se porte relativement bien. Mais le dialogue stratégique n’est pas seulement l’occasion d’une séance photo entre les responsables tunisiens et américains. Les Etats-Unis pourraient fournir à la Tunisie le type d’appui substantiel dont elle a besoin pour passer à la phase suivante de sa transition démocratique. Une possibilité serait que les États-Unis et la Tunisie signent un protocole d’accord à court terme garantissant un certain niveau d’aide étrangère (peut-être 180 millions de dollars – la moyenne de l’aide bilatérale de l’exercice 2016 à l’exercice 2019- pour apaiser les craintes de la Tunisie face aux tentatives continues de l’administration de réduire le budget et aider à la planification stratégique à long terme des dépenses de sécurité et de soutien économique.

Le dialogue portera probablement sur les prochaines élections nationales et les défis en matière de sécurité. Toutefois, étant donné que l’opinion publique tunisienne se détourne de plus en plus de Washington, « il serait sage que les dirigeants des deux pays se penchent également sur les moyens d’améliorer les relations américano-tunisiennes au niveau local et de voir au-delà de nos valeurs démocratiques communes comme des liens qui unissent nos deux pays », recommande Sarah Yerkes pour qui «  les Etats-Unis ne peuvent plus tenir pour acquis le soutien tunisien à eux témoigné ».

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1 COMMENTAIRE

  1. 180 millions de dollars qu’espèrent recevoir autorité auprès des USA ? Pour 12 millions de Tunisiens dont l’écrasante majorité ne veut pas se transformer en mendiants (15 dollars /an / mendiant). Les autorités Tunisiennes doivent chercher d’autres façons de collaborer avec les géants de la planète tout en sauvant notre dignité de pays pauvre mais optimiste pour avoir un meilleur avenir.
    L’état doit investir pour guérir psycho sociologiquement plusieurs maux qui empêchent les Tunisiens de redémarrer. Ils doivent croire en leur réel potentiel de prendre place parmi les pays les plus développés.
    Il n’y a pas que les monnaies fortes qui peuvent nous rendre plus heureux. Notre optimisme, notre honnêteté, notre respect des uns les autres, notre capacité de supporter ensemble et équitablement les sacrifices avec un partage mérité des résultats de nos efforts, notre attachement à la disciplines sociale, vont aider les Tunisiens aujourd’hui et de demain à sauver leur dignité.
    Messieurs les gouvernants, je refuse d’être un mendiant de qui conque. Gardons notre amitié séculaire à nos amis les américains, européens et asiatiques sans être leurs mendiants. Yes we can, Nous ne comptons pas plus de 12 millions d’individus dont la plus part est d’un niveau universitaire. Sauvons ensemble notre dignité quelque soit notre niveau de pauvreté.

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