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Tunisie : Va-t-on droit dans le mur ?

An lendemain de la Révolution, les conjoncturistes  économiques se sont pris dans l’exercice de prévoir combien la Tunisie pourrait-elle tenir avant d’aller droit dans le mur. Il est vrai que le décor était bel est bien planté pour que ce « pire » ait lieu et dont les expressions les plus tangibles et immédiates avaient pour noms insécurité avec son corollaire le couvre-feu, un appareil de production abîmé, des investisseurs qui commençaient à tourner le dos au pays et cherchaient à délocaliser ailleurs, des agences de notation qui dégradaient à tour de bras, et « cerise sur le gâteau » un blocage politique qui n’en finit pas de tourmenter les plus béats des Tunisiens.

Six semaines plus tard,  le pays ne semble pas être sorti de l’auberge. Pis, il semble s’enfoncer encore plus dans un marécage politico-socio-économique que le départ du tant décrié Mohamed Ghannouchi  n’a pas réussi à apaiser. Son successeur s’offre à son tour à des menées cabalistiques qui sentent de moins en moins le jus de boudin, car les vrais instigateurs commencent à  ne plus se cacher entièrement la face pour se signaler par des revendications politiques qui tiennent plus de l’ukase que de la proposition.

C’est à se demander si l’UGTT par exemple  a bien vocation à faire et défaire les gouvernements, à dessiner l’horizon politique de la Nation et à démolir avec méthode et un remarquable esprit de suite ce qui ne concorderait  pas avec  ses nouvelles professions de foi. Certes, il lui est parfaitement loisible de se réapproprier à l’égal de toutes les forces sociales et politiques, mais à son échelle, la chose publique. Toutefois, il doit sembler hors de propos et fondamentalement contraire à la mission d’un syndicat, plus est ouvrier, de s’engouffrer dans une brèche laissée béante par une conjoncture politique singulière et enchaîner les diktats sans se soucier des enjeux prioritaires du pays et de son devenir économique.

Certes aussi, la Nation a besoin d’un avenir politique clair, d’une feuille de route politique qui ne l’est pas moins ,d’une Constituante, d’élections libres et transparentes, d’un Parlement qui fasse office de contre-pouvoir, d’une justice indépendante, d’une presse affranchie et responsable, mais  cette Nation-là a aussi et même surtout besoin  du minimum requis de sécurité, d’une économie qui fonctionne , qui attire les investisseurs et les capitaux, qui donne du travail aux centaines de milliers de jeunes qui se bousculent au portillon auxquels viennent s’ajouter de nouveaux chômeurs qu’il se soit agi de ceux touchés par les fermetures dues aux pillages ou des expatriés tunisiens de retour de Libye.
Est-ce l’heure de s’enliser dans d’interminables arguties politiques d’où l’esprit de chicane n’est, au demeurant, nullement  absent alors  même que 4 pour cent du PIB se sont  envolés en fumée coûtant au pays  au bas mot pas moins de 5 milliards de dinars et que l’appareil de production a du mal à redémarrer, que les investisseurs étrangers, échaudés par des événements auxquels  ils s’attendaient le moins du monde, y réfléchiront à deux fois plutôt qu’une avant de revenir sur le site et que, enfin, la spirale revendicative touche pratiquement tous les compartiments de l’activité nationale ?

D’autant que, comme vient de le signaler l’agence de notation Moody’s , le prolongement de la crise  sera potentiellement dommageable pour l’économie du pays, étant donné sa dépendance envers le secteur du tourisme et les investissements étrangers, au même moment que les événements récents « vont affecter les recettes fiscales et la croissance en 2011 ».

A la vérité, l’exercice démocratique est indissociable de la croissance économique et du bien-être social, il en  est même la condition sine qua non  pourvu qu’il se fasse à l’abri des turbulences, de ce qui pourrait s’apparenter à l’anarchie, mais, en premier et dernier ressort, il doit s’effectuer à l’enseigne de la fibre nationaliste qui doit être celle de tous les citoyens, sans exclusive.
Voici la profession de foi qui doit animer les protestataires de la Kasbah et d’ailleurs, car enfin, et à mesure que retomberont les transes révolutionnaires et que se dessilleront les yeux et les esprits, on mesurera les ravages faits, dans l’entretemps,  à l’économie et à la condition des gens.  

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