AccueilInterviewTunisie : Y a-t-il une nouvelle vie pour l’aéroport de Tabarka ?

Tunisie : Y a-t-il une nouvelle vie pour l’aéroport de Tabarka ?

Sa visite à Jendouba ainsi qu’à l’aéroport de Tabarka, et les défis du développement régional constituent certains des thèmes d’une Interview accordée par le ministre du Développement régional et de la Planification, Jameledine Gharbi, à Africanmanager ? et ce en marge d’une visite effectuée, vendredi, 20 juillet, 2012 dans la région de Jendouba.

Quel bilan peut-on attirer de votre visite à Jendouba ?

C’est un bilan très positif. On a contacté les investisseurs qui ont exprimé leur intérêt à investir et à développer leurs activités en Tunisie, ce qui fournit un grand potentiel à la Tunisie. Il s’agit d’entreprises réelles offrant de l’emploi et valorisant le patrimoine national. Environ 20 projets dans différents secteurs, à savoir le thermalisme, le tourisme, la santé, l’industrie automobile et l’industrie pharmaceutique ont été inaugurés. Toutefois, il reste un effort stratégique de développement à faire dans la région. Un développement au niveau de l’infrastructure devrait être réalisé. La route entre Jendouba et Tabarka a besoin d’ une intervention urgente afin de lever les obstacles devant le tourisme. Par contre, si on veut que ces régions soient développées, il faut fondamentalement améliorer les infrastructures routières. Le chemin de fer qui relie Tunis à Tabarka est totalement marginalisé. Pourquoi ne pas valoriser cette route ?

D’autre part, l’aéroport de Tabarka fonctionne d’une manière très faible. Il est déficitaire. Il faut que cet aéroport développe ses activités et ses liaisons internationales puisque le potentiel de développement dans cette région existe déjà.

Que reprochez-vous aux responsables de cet aéroport ?

Les responsables de l’aéroport considèrent que leur intervention est limitée à l’intérieur de l’aéroport. Devoir respecter les normes et les standards et les réseaux de l’entretien de l’aéroport, cela, ils l’ont fait. L’aéroport est extraordinaire au niveau de l’entretien. Mais le problème c’est que ces responsables considèrent que leurs fonctions ne peuvent pas dépasser cette frontière, c’est-à-dire vers la promotion de l’aéroport et défendre l’aéroport et le trafic contre la concurrence qui existe entre les différents autres aéroports, à savoir de Monastir, Tozeur, Carthage et Enfidha. Actuellement, il n ya pas une stratégie claire au niveau de la mise en valeur et la valorisation de l’investissement dans cette région, situé aux alentours de 50 millions de dinars.

Il n’y a pas de retour sur investissement ni de capitalisation. Pourtant, il s’agit d’une infrastructure qui devrait avoir un impact très fort comme levier de développement dans la région.

Peut-être que ce n’est pas un reproche mais plutôt une invitation. Il faut que les responsables défendent l’aéroport et les vols. On a beaucoup d’émigrés originaires de la région et qui veulent retourner à travers cet aéroport. Il faut aussi qu’il y ait une coopération avec les différents acteurs de la région. Puisque les hôtels dans la région ne sont pas dynamiques et il n’y a pas vraiment une activité touristique intéressante, l’aéroport ne fonctionne pas. D’où la nécessité de fédérer tous les efforts en matière d’industrie, de tourisme et de culture afin de proposer une stratégie globale de développement. Il est aussi très important de procéder à une révision profonde d’aménagement du territoire à Tabarka.

Peut-on parler dans ce cas de la responsabilité du gouvernement ?

Oui, c’est une responsabilité conjointe. Il faut qu’on développe ensemble une stratégie commune, ce qui manque vraiment au niveau de la région d’où est absente toute visibilité future. Les différents responsables et acteurs de la région n’arrivent même pas à se projeter dans l’avenir de la région de Tabarka à l’horizon 2025. C’est pour cela que la ville se structure d’une manière totalement anarchique. Il n ya pas un schéma directeur ni un plan à long terme. Actuellement, nous avons 300 mille touristes algériens qui entrent en Tunisie à travers Melloula. Mais aucun intérêt n’a été accordé à cette région. Pire ! La route entre Melloula et Tabarka s’appelle « la route à la mort » et ce à cause d’une mauvaise infrastructure.

L’Etat est appelé, dans ce cadre, à planifier, le plus tôt possible, dans le budget 2012 ou 2013 l’aménagement de cette route reliant Melloula à Tabarka. Mais, il faut aussi qu’il y ait une responsabilité, une autonomie et une prise en charge par la région de son propre développement.

On peut injecter beaucoup de financements dans la région de Tabarka. Mais s’il n y a pas à l’intérieur de la région des personnes qui réfléchissent et réagissent d’une manière autonome, cela tue complètement le développement. Le rôle de l’Etat est de préparer l’infrastructure et développer tout ce qui est environnement des affaires et d’encourager les investissements. Plusieurs projets ont été créés dans la région de Jendouba. Cependant, ils n’ont fonctionné que durant des périodes limitées.

Pourquoi le choix de la région de Jendouba ?

On a commencé par la région de Jendouba parce que telle est la proposition des citoyens de cette région. Ces derniers sont venus, la semaine dernière, pour nous proposer de visiter leurs projets. C’est pour cette raison-là qu’on a organisé cette visite. L’emploi c’est l’investissement.

La Turquie a débloqué, la semaine dernière, 500 millions de dinars au profit de la Tunisie. Quels seront les domaines d’intervention ?

Il faut rappeler que les 500 millions de dinars se partagent comme suit : 100 millions de dinars en tant que don et le reste, en tant qu’emprunt remboursable à long terme, et cela ne peut qu’être bénéfique pour la Tunisie.

Trois secteurs ont été identifiés, le premier est celui de l’infrastructure et les projets structurants de l’économie qui ont une envergure capitale sur la société et l’économie nationale tels que le projet de protection des villes des inondations, la construction des barrages, et des villes intégrés.

Le deuxième axe consiste à appuyer les petites et moyennes entreprises. Pour le troisième secteur, il s’agit d’une intervention pour la construction de logements et pour fournir des moyens financiers aux familles nécessiteuses afin de les aider à disposer de sources de revenus.

Quels sont les défis en matière de développement régional ?

Le premier défi concerne la responsabilité des régions de prendre en charge leur propre développement. Si on veut concrétiser la démocratie, c’est à travers une décentralisation basée sur une approche participative. En effet, chaque région doit identifier ses régions. Le deuxième défi est de savoir comment chaque région développe des ressources indépendamment de l’Etat. Chaque région devrait avoir son propre fonds qui doit être constitué par ses propres moyens. La région doit pouvoir orienter ses priorités à travers son propre budget.

Il faut aussi que chaque région possède sa propre stratégie de développement indépendamment des potentialités et des ressources qu’elle possède.

Comment vous jugez le budget de la loi complémentaire alloué au développement régional ?

Le budget 2012 a répondu à hauteur de 35% à l’ensemble des projets proposés par les régions. Les régions de Sidi Bouzid et El kef ont la part de lion, soit environ 43% de ce budget. Pour le reste des demandes, nous sommes en train de chercher d’autres sources de financement avec les différents organismes et bailleurs de fonds nationaux et internationaux. Nous recevons continuellement des demandes de financement de l’extérieur. La dernière demande de financement est venue de l’Allemagne.

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