AccueilLa UNEUn autre présidentiel pavé dans la mare!

Un autre présidentiel pavé dans la mare!

Pour un autre pavé jeté dans la mare par le président de la République, c’en était un de taille, laissant sans voix une myriade de dirigeants politiques, qu’ils appartiennent à la coalition ou même à l’opposition, s’agissant surtout des  parties « non spécifiées » qu’il a accusées au début de cette semaine de comploter pour l’assassiner. C’était lors d’une rencontre avec le chef de gouvernement,  Hichem Mechichi et trois de ses prédécesseurs dans le cadre de la préparation d’un dialogue national visant à trouver des solutions aux difficultés actuelles du pays.

 Saied affirme qu’il tient les preuves étayant ce qu’il avance. « Le dialogue ne peut pas être abordé de la même manière que les anciens dialogues. Les vrais patriotes n’organisent pas des réunions à l’étranger pour trouver un moyen de destituer le président de la république, même en l’assassinant », a-t-il déclaré à ses hôtes. Ses propos concernant des plans d’assassinat par des partis tunisiens coordonnés avec des partis étrangers ont suscité une controverse politique sur l’identité des personnes impliquées dans le « prétendu » complot. Les dirigeants politiques ont remis en question ces affirmations  qu’ils ont qualifiées d' »ambiguës », étant donné que le chef de l’Etat aurait pu et dû communiquer au ministère public toutes les preuves qu’il détiendrait pour confirmation.

Mais ce n’était pas là l’unique propos politiquement anxiogène tenu par Kais Saied. Il a gratifié son auditoire  d’un appel à un dialogue avec les partis politiques sur la création d’un nouveau système politique et à amender la Constitution de 2014, qu’il a décrite comme « verrouillée de partout ». La Loi fondamentale tunisienne  a été généralement louée comme un document moderniste. Mais de nombreux politiciens et experts tunisiens admettent qu’elle comporte de nombreuses dispositions ambiguës et qu’elle doit être modifiée. Plus controversée est l’affirmation d’un certain nombre d’hommes politiques et de juristes selon laquelle le pays doit passer du système majoritairement parlementaire en place aujourd’hui à un régime plus présidentiel.

Dans une vidéo postée sur la page officielle de la présidence de la République, Saied a ajouté qu’il est « ouvert au dialogue », mais refuse que ce dialogue se déroule « comme les précédents », ou qu’il s’agisse d’une « tentative vaine de conférer une fausse légitimité à des traîtres et des escrocs ». « Le dialogue n’aura lieu que si des solutions réelles sont recherchées aux problèmes des Tunisiens », a-t-il noté, réitérant  son engagement à défendre les institutions de l’État et à les protéger contre « les complots et les magouilles », en attendant la mise en place d’un nouveau système politique. La présidence de la République ne sera pas « un faux témoin, ni un allié pour aucun parti », a-t-il dit, rappelant qu’il n’appartient à aucun parti politique, alliance ou coalition.

Pas d’amendement en l’absence d’une Cour constitutionnelle

Certains experts ont exprimé leurs réserves quant à la position du président. Certains ont trouvé trop sévère sa critique des précédentes sessions de dialogue comme étant « ni nationales ni des dialogues ».  « « Le dialogue organisé après l’assassinat des personnalités politiques de gauche Chokri Belaid et Mohammed Brahmi a sauvé le pays de  la guerre civile et lui a valu un prix Nobel de la paix », a déclaré un analyste politique tunisien, cité par «The Arab Weekly».

Commentant l’appel de Saied à amender la constitution de 2014,  la constitutionnaliste  Salsabil Klibi a soutenu  qu’un amendement ne serait pas possible en l’absence d’une Cour constitutionnelle.

« Abandonner la constitution pour aller, comme le propose le chef de l’État, vers un modèle transitoire représente un danger pour le pays. Des questions se poseront sur la légitimité du processus. Ensuite, le succès d’une telle démarche n’est pas garanti car il faudra un consensus général », a-t-elle expliqué.

Sur la question de l’organisation d’un référendum sur l’amendement de la constitution, elle  a déclaré que les divergences demeurent sans issue , car le recours à cette option reste  tributaire de l’approbation du parlement. D’autres analystes ont déclaré que l’ordre du jour du dialogue devrait inclure les crises sanitaire et économique, et pas seulement les systèmes constitutionnel et électoral.

Lutte de pouvoir

Les commentaires les plus récents de Saied pourraient ouvrir la voie à la résolution d’une impasse politique qui dure depuis des mois avec le chef du gouvernement Hichem Mechichi, qui est soutenu par le président du Parlement Rached Ghannouchi, chef  du mouvement islamiste Ennahda, au sujet des pouvoirs et des alliances politiques.

Alors qu’Ennahda, le plus grand parti au Parlement, soutient un système parlementaire complet, Saied souhaite un système présidentiel. Le système actuel est mixte, dans lequel le président est élu directement, tandis que la plupart des pouvoirs sont entre les mains du chef du gouvernement, qui est nommé par la coalition au pouvoir.

La réunion de mardi a laissé entendre que le gouvernement de Mechichi est là pour rester, malgré les critiques sévères adressées au chef du gouvernement, qui est également ministre de l’intérieur, par intérim, selon des   sources politiques tunisiennes qui soulignent que Saied a renoncé à l’escalade dans le but de montrer sa bonne volonté à l’égard de l’organisation d’un dialogue national pour mettre fin à la crise qui frappe le pays.

Les sources, qui ont parlé à The Arab Weekly sous couvert d’anonymat, ont déclaré que le secrétaire général du puissant syndicat tunisien, Noureddine Tabboubi, a joué un rôle clé en tant que médiateur pour résoudre le conflit entre le président, le premier ministre et le président du parlement.

Ghannouchi avait déclaré auparavant que le Tabboubi  l’avait informé que Saied avait accepté de parrainer  un dialogue national, « et nous attendons de discuter des détails, des conditions et des fondements de ce dialogue, car c’est la seule solution pour résoudre les problèmes de la Tunisie, sans exclure aucune partie ».

Une source médiatique a estimé que « le dialogue que propose le président ne permettra pas de régler les problèmes immédiats, comme celui du remaniement ministériel suspendu depuis quatre mois et demi, l’impasse sur la création d’une cour constitutionnelle et la crise actuelle des institutions de l’État. Il semble que toutes ces questions ne fassent pas partie des priorités du président », a-telle ajouté, qualifiant les propositions du président de la République de « clivantes ».

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1 COMMENTAIRE

  1. Monsieur le Président, puisqu’il s’agit « de réitérer votre engagement à défendre les institutions de l’etat et de la protéger contre les complots et les magouilles », qu’attendez vous de commencer d’abord par la dissolution du parlement pour des élections anticipées, constituer une équipe restreinte de ministres pour la gestion courante des affaires et enfin charger la justice militaire d’enquêter sur le projet de l’assassinat du président, quels sont les commenditaires,….

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