Le dernier communiqué du ministère tunisien de la Santé relatif à l’expansion journalière du coronavirus, faisait état hier de 50 nouveaux cas. Le même communiqué attirait l’attention sur la rapide propagation de l’épidémie dans différentes régions du pays, et insistait sur l’impératif d’un strict respect du confinement.
Or, on le constate à vue d’œil, une partie de la population restait encore dans un déni paradoxal. D’abord, déni des chiffres officiels du Covid-19 donnés chaque jour par le ministère tunisien de la Santé, pour bien faire peur. Et ensuite de l’importance et l’efficacité des mesures prescrites par les autorités pour ne pas être contaminé ou de contaminer les autres.
S’y ajoute un certain laxisme dans l’application des mesures de confinement. Ajoutez-y encore la réalité du manque de produits de première nécessité, induite par la fermeture de beaucoup de surfaces commerciales, et qui pousse une partie de la population à braver allègrement le risque de contamination pour aller s’approvisionner.
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Un approvisionnement, que le nouveau ministre du Commerce ne semble pas pouvoir maîtriser, ou même simplement bien réguler, en grande partie, à cause de ses relations dégradées avec les opérateurs de la grande et petite distribution. Des perturbations, qui ont immédiatement impacté les prix, un autre aspect de la crise sanitaire du Coronavirus, que le ministre tunisien du Commerce semble n’avoir pas réussi à maîtriser. Selon des informations non encore officielles, les prix des fruits et légumes ont augmenté de plus de 20 % au cours du mois de mars 2020 dans le Grand Tunis.
Mauvaise maîtrise aussi, chez la Poste tunisienne, par laquelle passe une grande partie des petites aides financières de l’Etat, les pensions de retraite et vieillesse. Et c’est ainsi de longues files d’attente, sans aucune astreinte à la distance de sécurité sanitaire, devant le bureau de poste, dans les grandes surfaces et autres circuits de distribution.
A tout cela, ajoutez encore une fois, les promesses d’aides financières faites par le gouvernement d’une aide financière à 900 mille familles pour un montant de 150 MDT, qui mettent du temps à se réaliser. A travers l’UTSS (Union Tunisienne de Solidarité Sociale), le gouvernement tunisien avait aussi promis 60 mille colis de produits de première nécessité à distribuer aux familles nécessiteuses. Les annonces avaient été faites au début du confinement. Elles ne seront concrétisées que le 3 avril, à la veille de la première période du confinement qui pourrait être prolongée bien au-delà. Et dans tout cela, il y a tous les autres laissés-pour-compte, les travailleurs à la tâche et ceux qui se débrouillent à la quotidienne. Mais aussi tous ceux que le confinement a mis en chômage, technique ou forcé, ainsi que ceux qui vivaient du commerce parallèle dans les rues de Tunis et toutes les villes.
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Ce sont tous ces impactés par le confinement et les mécontents de cette mesure sanitaire, qui sont déjà descendus dans la rue braver les ordres de confinement. C’est aussi ceux-là qui n’écouteront, ni entendront jamais les instructions de confinement. Ils risquent certes leur vie et celles des autres, mais « ventre qui a faim n’a point d’oreilles ». Eux, ils ont déjà fait leur choix, entre manque de moyens et faim, et la maladie. Et ce seront eux, dans un réflexe d’instinct de survie compréhensible, qui risqueraient d’allonger la liste des contaminés.
Quelques ministres du gouvernement d’Elyes Fakhfakh qui a ordonné le confinement total et général, commencent déjà à remettre en cause le confinement, comme pour le marché de gros ou pour le transport. D’autres sources de la société civile tunisienne, contestent aussi cette mesure, pourtant vitale et de vie ou de mort.
Commentant une toute récente déclaration du président béninois Patrice Talon, le dimanche 29 mars sur la riposte de son pays au coronavirus, le chef d’entreprise Nafaa Ennaifer reprend Talon qui se demandait « comment peut-on, dans un tel contexte où la plupart de nos concitoyens donnent la popote avec les revenus de la veille, décréter sans préavis, un confinement général de longue durée », et que « dans le contexte socio-économique béninois, les mesures de confinement général seraient contre-productives ». Elles auraient pour conséquence d’« affamer tout le monde à la fois et trop longtemps ».
Et Ennaifer de commenter que « c’est exactement notre cas. Il faudra donc beaucoup de lucidité et de courage à nos responsables pour prendre les mesures qui s’imposent ! D’autant plus que même après 1 ou 2 mois de confinement, les épidémiologistes affirment qu’une « seconde vague » du virus est inévitable ».
On reste donc dans l’attente de ce que va décider le gouvernement, et il a théoriquement plus de 2 Milliards DT en dons et aides, sans oublier les 2,5 autres Milliards DT déjà budgétisés en urgence, pour faire face à la crise. On attendait des solutions dans la dernière allocution du chef de l’Etat. En lieu et place de solution, et signe de l’impuissance du chef de l’Etat à donner les solutions urgentes, c’est un discours de guerre contre tous les nantis du pays, les menaçant encore de confiscation. « Tu attendras ,ma poule, que le blé t’arrive de Béja » !