L’organisation tunisienne des jeunes médecins (OTJM) a annoncé, dans un communiqué publié jeudi, qu’un accord a été conclu avec l’autorité de tutelle en vue de pallier le manque de médecins internes dans les centres de stage des hôpitaux universitaires du Grand-Tunis, de Nabeul et de Bizerte.
L’organisation a souligné que les solutions proposées ont permis d’augmenter le nombre des médecins internes à plus du double de celui requis, qui est d’environ 200 médecins, appelant les médecins internes à choisir leurs centres de stages et à les rejoindre.
Les médecins internes avaient décidé de boycotter leurs stages dans les hôpitaux depuis le 4 novembre dernier, pour protester contre la réduction du nombre des stagiaires, ce qui a abouti à une surcharge de travail ayant atteint 100 heures par semaine, selon le même communiqué.
L’organisation a précisé que cet accord porte sur le recrutement des médecins internes qui n’ont pas réussi au concours de spécialisation en médecine, en vue de pallier le manque de médecins stagiaires dans les hôpitaux du Grand- Tunis, de Nabeul et de Bizerte.
Selon l’OTJM, les médecins internes seront recrutés contractuellement pour une période d’un an et doivent prendre leurs fonctions à partir du 15 janvier 2025, ajoutant que le recrutement de ces médecins se fera sous forme de contrat de prestation de service pour l’Etat.
« L’OTJM assurera le suivi des opérations de recrutement des médecins internes et interviendra en cas de problématiques », a ajouté l’organisation, soulignant son engagement à plaider en faveur des principes du dialogue et de la concertation, afin de réformer le secteur de la santé au service des citoyens.
Les médecins spécialistes absents dans les régions
La simple idée de s’installer dans des zones rurales rebute encore un grand nombre de jeunes médecins spécialistes qui refusent de travailler dans les hôpitaux régionaux à cause des mauvaises conditions de travail et de l’absence de plateau technique dans certains services.
Le paradoxe, c’est que le pays ne manque pas de médecins spécialistes, puisque ses quatre facultés de médecine en forment chaque année des dizaines.
Malheureusement, cette richesse extraordinaire est mal répartie car la quasi-majorité est déployée dans les grandes villes et les régions côtières alors que les régions intérieures restent désertes ou presque.
C’est vrai que le manque de moyens, les agressions répétitives à l’encontre des médecins, l’absence d’une vision claire pour le secteur figurent parmi les entraves qui se dressent devant les médecins et les obligent à ne pas travailler dans les régions l’intérieur de la République.
Mais l’accueil chaleureux connu chez les citoyens de ces régions et leur générosité peuvent compenser ces difficultés et permettre aux jeunes médecins de vivre une expérience professionnelle et personnelle unique et enrichissante…
Manifestement, la fuite des cerveaux, notamment les médecins, surtout ces dernières années, alimente le débat sur la place publique. Les médias en font leurs choux gras, l’opinion publique s’en saisit, en parle abondamment, épilogue sur les raisons de cette hémorragie et pleure un bon coup sur les ratés d’un système de santé devenu endémique.
Mais jusqu’ici on ne disposait pas d’éléments tangibles sur l’acuité de ce fléau, sa gravité et son impact sur un système de santé déjà sinistré à bien des égards.
L’Europe, principale destination de ces cerveaux tunisiens, a anticipé son problème de vieillissement de la population, et donc son gros besoin en personnels soignants, en mettant en place un dispositif d’équivalence qui donne la possibilité aux médecins étrangers d’y pratiquer.
Il faudra des milliers d’actions pour convaincre les médecins que quelque chose est en train de changer dans le pays et que cela vaut la peine de rester !