Les autorités françaises viennent de rejeter les demandes de visa déposées par des étudiants tunisiens qui projetaient de participer à la conférence internationale dans le domaine des circuits et systèmes électroniques, prévue à Nancy entre le 18 et le 20 novembre 2024.
D’importantes personnalités académiques et intellectuelles en Tunisie ont exprimé leur inquiétude quant à cette décision du gouvernement français, rappelant que cette conférence réunit chaque année des personnes intéressées par la question, promouvant la francophonie et la coopération scientifique. Cela va à l’encontre de ce que le Président français tente de mettre en avant sur la scène internationale de l’éducation, ajoutent-ils.
De plus, cette situation véhicule également un message négatif auprès de la communauté scientifique internationale. Cela risque de décourager de nombreux talents tunisiens de se tourner vers la France pour leurs projets académiques et professionnels, préviennent-ils.
Un ancien directeur général de l’Instance nationale des télécommunications (INT), aujourd’hui universitaire, s’est rendu sur les réseaux sociaux pour se plaindre de cette décision et a soulevé des questions sur la « francophonie », rapporte Schengen.news.
Pourquoi la France ne donne-t-elle pas à nos étudiants un visa pour aller présenter leurs résultats à une conférence internationale de renom (ICECS) ? Motif : fichier non fiable. Et on nous parle de francophonie.
La communauté tunisienne demande un traitement équitable
Les personnalités universitaires tunisiennes ont formulé plusieurs recommandations au gouvernement français, dont celle d’être plus transparent sur les refus de visas.
En outre, ils demandent un traitement différent pour les chercheurs, l’élite tunisienne estimant que les étudiants et les professionnels devraient bénéficier de règles simplifiées.
Le réexamen rapide des décisions injustifiées figure également dans la liste des recommandations, afin de préserver les chances des candidats.
Selon les statistiques publiées par SchengenVisaInfo, la France est le pays qui refuse le plus de demandes de visa pour les candidats tunisiens. En 2023, la France a rejeté 17 274 demandes déposées par des Tunisiens. Au total, la France représente 44,4 % des demandes rejetées par les Tunisiens pour l’année.
Le deuxième pays est l’Italie, avec 3 787 visas rejetés. À l’inverse, c’est la Belgique qui a enregistré les taux de rejet les plus élevés pour les demandeurs tunisiens, en n’approuvant que 47 % des demandes de visa.
Cependant, moins de Tunisiens ont demandé des visas Schengen ces dernières années. Par exemple, en 2019, les Tunisiens étaient le dixième groupe de demandeurs de visas Schengen. En 2023, ils sont passés au 19e rang, ce qui témoigne d’une baisse du taux d’intérêt pour l’obtention de visas.
Les Algériens ne sont pas en reste !
Les ressortissants algériens qui demandent un visa d’études en France sont logés à la même enseigne, et ils ont fait part de leurs inquiétudes quant à la lourdeur des procédures administratives de dépôt de leur demande. En raison de cette situation, certains étudiants algériens entament leur procédure de demande avant leur dernière année d’études.
Le processus de demande de visa étudiant pour les Algériens est long : il faut d’abord remplir les dossiers, obtenir une place dans les universités françaises, passer le test de compétence linguistique, payer les frais universitaires, ainsi que les frais de transfert de 8 000 euros, tout en s’assurant un logement, les Schengen.s., etc.
Le nombre d’étudiants algériens en France est en augmentation. En 2022, il y avait 32 147 étudiants algériens en France, soit une hausse de 4 % par rapport à l’année précédente.
Ils ont dépensé environ 10 000 dinars pour le dossier de candidature et entre 12 000 et 19 000 dinars pour le test de langue [un peu plus de 200 euros au taux de change officiel], en plus des frais de visa [99 euros], de l’AVI et des économies nécessaires pour les premiers mois avant de trouver un petit emploi.