AccueilLa UNETunis : Une diplomatie anachronique et à des années-lumière de l’économie !

Tunis : Une diplomatie anachronique et à des années-lumière de l’économie !

Rendez-vous d’une régularité de métronome depuis l’aube de l’Indépendance, la conférence annuelle des chefs de missions diplomatiques et consulaires vient de conclure ses travaux à Tunis. Le rétablissement de la sécurité, la lutte contre le terrorisme et la réalisation du développement y étaient les thèmes de réflexion et de discussion majeurs. Et ce ne pouvait être autrement alors que la Tunisie est assaillie par des défis dont elle n’est pas coutumière et qui requièrent de sa part de nouvelles approches où la diplomatie joue un rôle essentiel eu égard au fait que ces défis ne sont pas uniquement d’essence nationale, mais ont des origines et des répercussions qui dépassent les frontières du pays, prioritairement ceux du voisinage immédiat. Le ministre des Affaires étrangères, Taieb Baccouche, a vu juste en présentant la diplomatie sous les contours de la « première ligne de défense la Tunisie, de sa sécurité et de sa souveraineté et de son positionnement dans son environnement régional ».

Le chef du gouvernement, Habib Essid , a , lui , engagé les ambassadeurs et consuls de Tunisie à «  contribuer aux efforts nationaux visant à dépasser la conjoncture difficile par laquelle passe le pays actuellement et à mettre en échec tous les plans ciblant la souveraineté de l’Etat, ses institutions et son modèle de société ainsi qu’à relever les défis sécuritaires dont à leur tête, le phénomène du terrorisme, les appelant à « accorder une importance particulière à l’analyse des mutations rapides que vit la région arabe actuellement ».

A l’évidence, la Tunisie a besoin d’être sûre et immunisée contre le terrorisme, c’est le plus primaire de ses droits autant que de ses devoirs, et ceci lui commande de sonder par tous les biais les concours de ceux des pays qui sont les mieux outillés et les mieux disposés à lui apporter leur aide, leur expertise, leurs renseignements et les équipements de défense et de sécurité qui lui permettent de s’affranchir de l’ornière dans laquelle elle se trouve enserrée, presque paralysée.

Tout aussi cruciale sinon davantage est la quête du développement, de la croissance et de l’investissement. Et ceci ne doit,  en aucun cas, passer au second plan de  la stratégie du gouvernement. Cela doit bien vouloir dire que nos diplomates sont réquisitionnés, oui réquisitionnés, pour chercher l’investissement là où il est susceptible de se trouver, d’être à l’assaut des marchés, surtout en Afrique subsaharienne, de fournir aux entreprises, surtout les PME, tous les moyens de s’y implanter, d’éclairer leur lanterne sur les opportunités qu’ils recèlent , bref leur baliser le chemin vers les débouchés où elles gagnent des marchés.

C’est indiscutablement à travers  la diplomatie économique que pareille équipée, car c’en est une, est possible, d’autant que  l’économie est devenue l’un des champs majeurs de l’activité diplomatique. Il est entendu par là le commerce, l’investissement, les marchés internationaux, les migrations, l’aide, la sécurité économique et les institutions qui façonnent l’environnement international, et comme instruments les relations, la négociation, l’influence et le lobbying.

La diplomatie tunisienne a-t- elle les moyens et encore plus la vocation pour s’y investir ? Rien n’est moins sûr au vu des nominations aux postes diplomatiques et consulaires et des critères qui y sont retenus sous le régime déchu et davantage sous la troïka. C’est à se demander si les temps ne sont pas venus de démanteler toute cette architecture et lui en substituer une qui réponde à  l’évolution rapide de la pratique diplomatique, alimentée par le changement des relations internationales, le phénomène de la globalisation et les crises régionales successives. Et ceci nécessite la mise en place  d’une vision diplomatique plus professionnelle et moins traditionnelle.

Non qu’il faille abandonner la vocation régalienne de la diplomatie tunisienne, mais l’essentiel désormais et plus que jamais est de donner à la diplomatie économique toutes ses lettres de noblesse, comme c’est le cas presque partout dans le monde à l’instar du Maroc dont les dividendes sur ce registre, surtout en Afrique subsaharienne sont indiscutables.

Ne serait-il pas, à ce propos, judicieux et même crucial  de remettre en selle le  Haut Conseil de l’Exportation et de l’Investissement, rangé au magasin des accessoires pour on ne sait qu’elle raison, alors que, par exemple, l’institution similaire de la Corée du Sud continue de faire des miracles, sachant que ce pays est devenu  indépendant en même temps que la Tunisie.

Et puis, la formation de nos diplomates devrait faire sa révolution avec un personnel multidisciplinaire rompu à toutes les facettes de l’activité économique, soutenu par des think-tanks, des compétences idoines, des approches novatrices et des idées en prise sur leur temps. A cet égard, on ne pourra pas ne pas évoquer les revers qui ont jalonné et jalonnent encore le processus de rapatriement des avoirs volés et spoliés sous le régime déchu et  qui coulent de beaux jours dans les banques de bien de pays. C’est tout dire !

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