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Ces chefs d’Etat africains qui tiennent tête aux Occidentaux et verrouillent le pouvoir

Très souvent, ce sont des voix occidentales qui viennent troubler le long fleuve tranquille des chefs d’Etat africains, qui ont une fâcheuse tendance à rester ad vitam eternam au pouvoir. Récemment, c’était au tour de l’indéboulonnable président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, de subir les foudres de Paris et de Washington, qui l’ont sommé de songer sérieusement à réunir les conditions d’une alternance démocratique, après deux mandats. Requête à laquelle les autorités congolaises ont répondu de manière véhémente hier vendredi 12 février, en dénonçant les « habitudes insensées et surannées » de l’Elysée et de la Maison Blanche. Vous l’avez compris, Kabila a envoyé promener la France et les USA, comme l’a fait avant lui le président du Rwanda, Paul Kagamé. L’heure de la révolte a sonné !

Certes leurs ainés répliquaient aux Occidentaux de manière plus feutrée, plus démocratique, mais le résultat était le même : Des règnes interminables qui battent tous les records de longévité de la planète.

Washington n’y est pas allé de main morte !

« [L’année 2016] déterminera si la RD Congo tirera profit des gains importants de la décennie précédente […], ou si elle déviera de son cap en risquant de sombrer à nouveau dans le conflit et le sous-développement ». Ces propos alarmants sont de Thomas Perrielo, envoyé spécial des USA dans la région des Grands Lacs, devant la commission sénatoriale américaine des Affaires étrangères le 10 février 2016. L’émissaire américain met en exergue l’éventualité d’un soulèvement violent si Kabila s’amusait à tripatouiller la Constitution, un vrai sport en Afrique, pour tenter d’aller au-delà de son deuxième et dernier mandat, qui expire à la fin de cette année. M. Perrielo parle d’«efforts déployés par le gouvernement Kabila pour fermer l’espace civique et reporter le début des préparatifs de scrutin font craindre que Kabila ait l’intention de s’accrocher au pouvoir».

S’il venait à l’idée au président congolais de marcher sur les pas de Mobutu Sese Seko, que d’ailleurs son père, Laurent-Désiré Kabila, a chassé du pouvoir en 1997 après 32 ans de règne absolu, alors les citoyens congolais auraient du souci à se faire.

L’envoyé spécial américain met quand même un bémol en déclarant que le gouvernement congolais n’a « pas encore franchi le point de non-retour » et que « des élections opportunes et crédibles conformes à la Constitution de la RDC sont encore possibles ». Il a ajouté que le véritable frein à l’organisation d’élections d’ici fin 2016 est plus de nature politique que technique.
Linda Thomas-Greenfield, secrétaire d’État adjointe chargée des Affaires africaines pour les USA, verse moins dans l’optimisme et propose déjà des sanctions si le scrutin présidentiel ne se tient pas dans la fourchette fixée par la Constitution de la RDC.

Le mauvais exemple rwandais

Le coup de sang des autorités congolaises intervient deux mois à peine après la passe d’armes entre l’administration américaine et la présidence rwandaise, pour les mêmes raisons. L’ambassadrice américaine à l’ONU, Samantha Power, avait demandé ouvertement à Kagamé de se garder de lorgner vers un troisième mandat et que « personne n’était indispensable ». Tacle auquel le chef de l’État rwandais avait vertement répondu le 03 décembre dernier en demandant aux Américains de ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures de son pays.

Il est vrai que Kagamé, justement pour échapper à ce genre d’attaque, qui était prévisible, avait pris soin de bien bétonner son dossier. D’abord il y a le fait que qu’il ait sorti le pays d’une effroyable et meurtrière guerre civile ; ensuite il y a son éclantate réusssite sur le plan économique, dans l’environnement (la capitale du Rwanda, Kigali, est la plus propre d’Afrique), etc. Les citoyens rwandais seraient tellement satisfaits de leur président qu’environ 3,7 millions de personnes auraient signé des pétitions qui circulaient dans tout le pays pour exiger de Kagamé qu’il se maintienne au pouvoir pour garantir la bonne gouvernance. Le président s’est adossé sur cette prétendue popularité pour rétorquer aux Américains que seuls les citoyens pouvaient décider du destin du Rwanda.

Après les députés rwandais, les sénateurs ont embrayé en agréant la réforme de la Constitution, ouvrant un boulevard à Kagamé. Ainsi va l’Afrique…

S.L.

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