AccueilLa UNETunisie : «Crisis Group» tire la sonnette d’alarme et révèle !

Tunisie : «Crisis Group» tire la sonnette d’alarme et révèle !

«L’urgence est que les partis politiques [Ndlr : tunisiens] montrent qu’ils ont retrouvé le sens de l’Etat et qu’un pouvoir exécutif et administratif stable et efficace parvienne à se placer au-dessus des conflits politiciens et à renforcer la confiance envers les institutions». C’est la judicieuse conclusion d’un long rapport, détaillé et très au fait de tout ce qui se passe en Tunisie, avec force entretiens individuels, du Think Tank «Crisis Group» paru à Bruxelles le 2 août 2018.

CG admet dès le début, comme par ailleurs toute la Tunisie et Navarre, que le pays «traverse une crise politique qui se manifeste principalement par des querelles politiciennes autour du maintien ou du départ du chef du gouvernement, Youssef Chahed, et par une lutte pour le contrôle du parti Nida Tounes». Une «lutte interne qui oppose le chef du gouvernement, Youssef Chahed – marginal au sein des structures du parti lors de sa prise de fonctions en août 2016 mais renforcé aujourd’hui – au fils du président de la République, Hafedh Béji Caïed Essebssi».

Il estime ensuite, contrairement à toute la classe politique locale, que «Cette crise paralyse l’action publique et le travail législatif, divise et discrédite la classe politique, minant la confiance à l’égard des institutions. Elle diminue la capacité du pays à faire face à des évènements imprévus, comme des attaques jihadistes ou des émeutes de grande ampleur, et alimente la tentation autoritaire».

Le papier de CG fait une synthèse détaillée de cette lutte, du nouvel équilibre de coalition qui en est né et révèle que «Parmi les hommes et femmes d’affaires de la région favorisée du Sahel (côte est), la frange la plus anti-islamiste a perdu de son influence politique et administrative au profit d’une mouvance plus favorable au partage du pouvoir avec An-Nahdha». Le parti islamiste tunisien, révèle encore CG, «continue de renforcer son ancrage au sein de l’administration centrale et régionale, où un nombre grandissant de ses sympathisants et militants occupent des emplois civils supérieurs»…

  • La position de la France et de l’UE

S’attardant sur cette lutte, entre Youssef Chahed et BCE via son fils Hafedh et qui a déclenché les envies de pousser le chef du gouvernement vers la sortie, CG estime que «Chahed a fait preuve d’une autonomie conforme à son rôle de principale tête de l’exécutif, définie par la Constitution», ajoutant que «le 28 juillet 2018, le rapport de force au sein de Nida Tounes a basculé provisoirement du côté de Youssef Chahed au détriment de Hafedh Caïd Essebssi». Et d’ajouter même, au terme, dit CG, d’entretiens avec des diplomates étranger, un expert international, des journalistes français, un haut fonctionnaire et un responsable d’un parti de l’opposition, parlementaire, en juin 2018, que «la France et l’Union européenne estiment que l’instabilité gouvernementale retarde la mise en place des réformes et voient en Chahed une personnalité politique dynamique en mesure d’honorer les engagements de la Tunisie envers ses bailleurs de fonds». Un retard dont CG, par la voie de diplomates étrangers et d’experts d’organisations internationales, rend directement responsable l’UGTT. «Nombre de diplomates étrangers et d’experts d’organisations internationales considèrent l’UGTT comme principale responsable du blocage des réformes économiques, de la fragmentation de la chaîne de commandement au sein de l’administration publique et de l’explosion des revendications salariales corporatistes, lesquelles, généralement satisfaites, grèvent le budget de l’Etat», indique ainsi CG.

  • La sonnette d’alarme et les warnings de CG

Face à cette crise qui ne semble pas encore avoir une issue, bien que le Think Tank européen en propose quelques-unes comme le gouvernement de technocrates et surtout la restauration de la confiance, CG met l’accent sur les dangers qui guettent désormais la transition politique en Tunisie. D’abord, selon la même source, «l’incertitude chez le voisin algérien, dont la présidence de la République est l’un des premiers soutiens au consensus entre Béji Caïd Essebssi et Rached Ghannouchi, et non entre Youssef Chahed et Rached Ghannouchi», et qui «pourrait avoir une influence sur la scène politique tunisienne à l’horizon 2019».

Cette crise, si elle durait encore plus, selon CG, «pourrait renforcer la position des technocrates issus notamment de l’appareil sécuritaire ». Selon la même source, «de plus en plus de Tunisiens considéreraient qu’ils sont les seuls capables de préserver l’Etat et ses institutions. Cet état d’esprit pourrait favoriser les comportements aventuriers, c’est-à-dire les tentatives de reprise en main autoritaire».

En dernier et non des moindres, le risque terroriste. CG estime en effet que «il est crucial d’éviter que la crise actuelle – qui expose les divisions de la classe politique et affaiblit les institutions – n’encourage les émeutes ou, pire encore, les attaques jihadistes, qui à leur tour renforceraient ces divisions et créeraient des conditions favorables à une reprise en main autoritaire».

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