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Tunis : « Il est temps de libéraliser définitivement l’exportation du lait», selon Abdelmajid Zar

Dans une interview accordée  à Africanmanager, le président de l’Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche (UTAP), Abdelmajid Zar a appelé le gouvernement à libéraliser l’exportation du lait pour absorber les surplus de production.

Il a, d’autre part  souligné que le dialogue national  qui se tient actuellement à dreser l’état des lieux et déterminer les choix stratégiques de manière à promouvoir ce domaine vital, mais surtout à mieux conquérir de nouveaux marchés. Interview :

Votre évaluation du secteur en 2015 ?

Le cadre général de notre économie est difficile  et  la situation du secteur agricole l’est encore plus.

Au cours de cette année, les pertes de la saison agricole sont estimées à 450 millions de dinars causés principalement par  la sécheresse, les maladies et surtout les répercussions de l’opération terroriste de Sousse en juin dernier, qui a fortement impacté le secteur entaché d’une inédite contradiction.

Cela veut dire quoi ?

On parle d’une part, d’une abondance de l’offre et de surproduction et on pointe du doigt  d’autre part des pertes post-récoltes estimées à 30%.

Dans pareille situation, une question se pose : pensez-vous que l’agriculteur pourrait gagner alors qu’il continue d’afficher des pertes ?

D’une façon générale, on peut affirmer que le secteur continue à souffrir en raison de l’abondance de l’offre de plusieurs produits comme le lait, les tomates et les viandes rouges dont la surproduction demeure une préoccupation pour les agriculteurs qui se sont trouvés bloqués face à de grandes quantités qui ne sont pas écoulées. A titre d’exemple, les stocks de lait ont atteint actuellement 54 millions de litres sachant qu’au cours de cette période il y a autant de consommation que de production.

Alors comment agir sachant que les centres de collecte du lait ont décidé de ne plus recevoir en recevoir?

C’est illogique surtout que le rythme ira croissant pendant la période de lactation (février et mars).

Que pensez-vous des  grandes quantités de lait   jetées dans les égouts à cause d’un excédent  des stocks ?

La majorité des citoyens  n’est pas indifférente à cette situation alors même  que ce produit est détruit quotidiennement à cause du refus des centres de collecte de recevoir des quantités supplémentaires de lait.

De grandes quantités de lait sont détruites quotidiennement au moment même où les agriculteurs continuent d’enregistrer un manque à gagner dû  à cette surproduction

Y aura-t-il des solutions ?

Les solutions existent et sont nombreuses. Le gouvernement doit,  à mon avis, jouer un rôle important pour y faire face. Il devrait acheter une grande quantité de lait afin de mieux alléger la charge de stockage des centrales laitières.

Autre solution plus rigoureuse, celle d’arrêter automatiquement l’importation de lait en poudre surtout dans cette conjoncture économique délicate. Dans le même temps, il faudra  libéraliser définitivement  l’exportation du lait pour absorber les surplus de production.

Est-on  capable de s’ouvrir sur le marché extérieur ?

Pour l’instant, on n’a pas le choix alors que le marché européen traditionnel  continue à exercer une certaine pression en imposant des conditions excessives  au niveau de la certification. C’est pour cette raison qu’on est incapable de s’ouvrir sur de nouveaux marchés, d’autant que les  moyens logistiques sont insuffisants voire inexistants, comme c’est le  cas du marché russe.

Dans une  telle situation, pensez-vous que le dialogue national pourrait jouer un rôle déterminant pour résoudre ces problèmes ?

L’organisation de dialogue national sur l’agriculture le 23 décembre et qui s’étalera pendant 6 mois  revêt une importance particulière. Car il permettra de définir les choix stratégiques dans l’élaboration de la politique agricole.

Ce dialogue vise à identifier une approche portant sur  le système de production, et ce, dans le but de  mieux positionner ce secteur vital dans l’économie nationale.

C’est une démarche stratégique parce qu’une fois le système productif est touché, on se trouverait dans l’obligation d’importer l’ensemble des produits alimentaires, et c’est grave.

Qu’en est-il de sa valeur ajoutée ?

On voudrait mettre en place un plan adéquat permettant de relever l’ensemble de défis pour qu’on puisse restructurer le secteur agricole. C’est pour cette raison que ce dialogue  est fondé sur une approche participative, scientifique et objective.

Mais ce dialogue a suscité la polémique surtout avec l’exclusion du syndicat des agriculteurs. Qu’en pensez-vous ?

On n’a jamais exclu personne. Toutes les parties intervenantes ont été invitées à cet événement d’envergure et il n’y a pas d’objection à propos de la participation de l’ensemble des acteurs.

Pour le syndicat des agriculteurs, je pense qu’un retard a été affiché au niveau du lancement  des invitations, sinon c’est un acteur déterminant qui fait partie du dialogue national et il est concerné par cette manifestation.

C’est important car ce domaine touche toutes les franges de la population à commencer par les producteurs et les consommateurs. On a voulu donc que ce dialogue soit participatif sans déterminer à l’avance des résultats pour pouvoir diagnostiquer en premier lieu le secteur.

Avez-vous commencé à diagnostiquer la situation ?

C’est notre objectif. C’est pourquoi on pense solliciter les avis  de l’ensemble des parties intervenantes de façon à déterminer les thèmes de référence qu’on va aborder. C’est une opération ouverte à tout le monde et c’est le travail des experts dans tous les domaines pour gagner ce challenge tout en mettant en avant l’intérêt national.

Vos estimations par rapport à la prochaine saison agricole sachant que la conjoncture a été marquée par un déficit pluviométrique?

La saison sera, à mon avis, difficile.

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