AccueilLa UNETunisie : Le décrochage scolaire n’est pas une fatalité !

Tunisie : Le décrochage scolaire n’est pas une fatalité !

L’abandon ou le décrochage scolaire, un  fléau qui ne cesse de se propager en Tunisie, comme en témoignent les chiffres dévoilés lors d’une journée d’étude organisée samedi 19 mars 2016 à Tunis par la fondation Amana relevant du groupe Loukil. Selon les chiffres du ministère de l’Education, entre 1981 et 2015, l’abandon scolaire a touché 4 325 127 élèves. 106 mille élèves ont, en 2015,  quitté les établissements éducatifs sans diplôme.

Lors de son intervention en marge de cette rencontre, Néji Jalloul, le ministre de l’Education a appelé à la nécessité de mobiliser tous les moyens nécessaires pour réhabiliter le travail, promouvoir la culture et développer  l’esprit d’entreprise auprès des jeunes. Il faut aussi réconcilier les élèves avec l’école, laquelle doit être, selon lui, un espace attractif offrant  un encadrement personnalisé et des activités périscolaires essentielles à l’épanouissement des élèves.

Le ministre a également insisté sur le rôle fondamental de la formation professionnelle et l’enseignement technique qui doivent prévaloir dans la lutte contre l’échec scolaire. « Ils doivent devenir l’axe structurant de notre politique éducative et de lutte contre l’abandon scolaire », a-t-il dit.

De son côté, Bassam Loukil a souligné que le taux de l’abandon scolaire entre le primaire et le collège est de 10 %, faisant remarquer à ce propos qu’il s’agit d’un diagnostic alarmant dont les conséquences économiques et sociales sont inquiétantes. En effet, ces jeunes se retrouvent très précocement sur le marché du travail, sans diplôme, sans qualification et sans aucune aptitude à répondre aux besoins des entreprises qui, paradoxalement, peinent à recruter, a souligné le président de la fondation.

Quant à lui, Adel Haddad, directeur des programmes au ministère de l’Education, a indiqué que l’abandon scolaire conduit inéluctablement à l’oisiveté, au repli sur soi, à l’isolement, à la frustration, au désespoir, à la révolte contre la société et forcément à la délinquance. « Psychologiquement fragilisés et livrés à eux-mêmes, ces jeunes constituent une proie facile pour les trafiquants, les filières de l’immigration clandestine et évidement celles de la radicalisation », a expliqué Haddad, avant d’ajouter que ce que coûte le décrochage scolaire à la société est largement supérieur au coût qu’on aurait dépensé en éducation ou en formation professionnelle pour ces jeunes.

Bouzid Nsiri, directeur des études et de la planification au ministère de l’éducation a dans le même contexte indiqué que les jeunes âgés de 15 à 19 ans qui sont en abandon scolaire sont majoritairement analphabètes et sans activité. « Ce sont surtout eux les grandes victimes du chômage de long terme », a-t-il affirmé, précisant qu’il y a une forte corrélation entre cette réalité et la catégorie sociale de l’élève. Les filles en zones rurales sont toutefois les plus touchées par l’abandon de la scolarité, selon ses déclarations.

Face à ce constat alarmant, tous les intervenants à cette rencontre ont appelé à la nécessité d’agir sur plusieurs fronts et  ont proposé des issues de secours pour contrer ce fléau et inverser cette tendance qui, selon eux, ne doit pas être considérée comme une fatalité. Des mesures curatives ont été avancées appelant à venir en aide aux élèves ayant quitté l’école et à ne pas tirer tout de suite un trait définitif sur leur scolarité. « Les jeunes décrocheurs qui reviennent doivent être entourés et bénéficier de notre programme éducatif baptisé ‘’ l’école récupère ses enfants » a déclaré Adel Haddad.

Selon des statistiques présentées par le ministère de l’éducation, parmi les 100 mille élèves en décrochage scolaire en 2015, figurent six mille élèves de l’enseignement primaire. Un taux de 60% des élèves en décrochage scolaire abandonnent volontairement les études contre 40% renvoyés conformément à la loi.

Bien encore, près de 360 mille élèves âgés de 6 à 18 ans ne poursuivent plus leurs études, sachant que l’abandon scolaire cause une perte du budget du ministère estimée à 1400 millions de dinars, soit 36%. C’est dans ce cadre déjà que s’inscrit la campagne nationale « l’école reprend ses enfants » lancée par le ministère de l’Education depuis le 11 novembre 2015, ce qui a permis la réinsertion plus de 6 mille élèves.

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