Six marins pêcheurs tunisiens ont été arrêtés par les autorités italiennes pour des allégations de contrebande à travers la Méditerranée, rapporte BBC News cité par Al-Monitor.
Des dizaines de Tunisiens se sont rassemblés jeudi devant l’ambassade d’Italie à Tunis, à l’initiative de l’ONG tunisienne « La Terre pour Tous », pour protester contre la détention des pêcheurs qui affirment avoir sauvé un groupe de migrants en mer et tenté de les livrer aux autorités.
Parmi les pêcheurs originaires de la ville côtière de Zarzis, se trouve le président de l’Association des pêcheurs de Zarzis, connu pour avoir sauvé des migrants et ramené à terre des restes humains pris dans ses filets pour donner une sépulture digne aux morts souvent anonymes.
Les hommes ont affirmé avoir sauvé 14 migrants à bord d’un bateau suite à la panne de son moteur le 29 août. La version a été étayée par les migrants à bord. L’un d’eux a déclaré à la presse que le moteur du bateau avait cessé de fonctionner et qu’ils «flottaient au milieu de la mer et qu’il y avait des enfants avec nous en train de pleurer… c’était une situation que vous ne pouviez même pas imaginer».
Is ont ajouté que les membres de l’équipage du chalutier arraisonné leur ont fourni de la nourriture et, après avoir échoué à persuader les migrants de retourner en Tunisie, ont déclaré qu’ils essaieraient de contacter les autorités italiennes.
Contre toute attente, les pêcheurs ont été placés en détention aux côtés des migrants et accusés d’infractions de contrebande, ce qui est passible d’une peine de 15 ans de prison s’ils sont reconnus coupables.
Le président de l’Association des pêcheurs de Zarzis, Chamseddine Bourassine est connu comme un défenseur de la dissuasion des jeunes Tunisiens contre la migration illégale. En 2015, il a participé à un exercice de sauvetage en mer organisé par « Médecins sans frontières » à Zarzis et a sauvé des milliers de personnes.
Les garde-côtes italiens ont contesté la version qui leur a été livrée, soutenant qu’il n’y avait aucune trace d’un appel lancé aux autorités italiennes, ni par les pêcheurs ni par les migrants.
Ce n’est pas la première fois que l’Italie a arrêté des pêcheurs. En 2007, les autorités italiennes ont intenté un procès qui s’est poursuivi pendant quatre ans après que la police a arrêté deux pêcheurs tunisiens accusés d’avoir conduit 44 migrants vers les eaux italiennes. Les deux hommes ont finalement été acquittés de toutes les accusations criminelles.
L’Italie sévit contre les migrants qui tentaient de voyager depuis l’Afrique du Nord vers l’Europe via la Méditerranée. Le nouveau gouvernement populiste du pays s’est engagé à faire face à la crise migratoire et a aidé les autorités libyennes à rassembler les réfugiés et à les empêcher de voyager en Europe, malgré le risque de passage à tabac, d’abus, de viol et d’esclavage.
