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La Tunisie encore sous l’épée de Damoclès de Fitch. La faute aux politiques !

Le verdict est tombé. Frénétiquement attendu, le tout dernier rapport de l’agence de notation Fitch n’a pas, en fait, de quoi tourmenter encore le gouvernement tunisien dès lors qu’il ne dégrade pas les notes du pays et maintient à stable sa perspective. Il n’en demeure pas moins qu’il ne retire pas le pays de la catégorie « non investment grade » hautement spéculatif, en confirmant ses notes de défaut émetteur à long terme en devises étrangères à « B+ ». Ceci doit vouloir signifier qu’il y a un doute important sur le remboursement des emprunts que la Tunisie aura à contracter sur le marché financier international avec le risque assez grand qui s’y attache de ne pas faire face à ses obligations pour cause d’incidents de paiement.

Cela veut dire aussi que pour lever des fonds sur ledit marché, elle devra payer beaucoup plus pour le loyer de l’argent, car il existe un lien ombilical entre le risque de crédit et le taux d’intérêt d’emprunt. Plus le risque de non-remboursement est élevé, plus le taux d’intérêt d’emprunt est élevé, et réciproquement. L’emprunteur, ce qui n’est pas le cas de la Tunisie, bénéficiera d’un faible taux d’intérêt en cas de faible risque de non remboursement, et donc de note de crédit élevée. Au contraire, le taux d’intérêt sera plus élevé en cas de moins bonne note.

Une conjonction de risques

La Tunisie, qui projette à son corps défendant de sortir de nouveau sur le marché international, se trouve tout naturellement désavantagée par la notation de Fitch, alors qu’elle attache une importance capitale à cette sortie pour combler le trou de plusieurs milliards de dinars qui affaisse sa loi de finances 2018 saturée de d’impôts et d’autres prélèvements extrêmement impopulaires. A ceci s’ajoutent les mauvaises grâces que le pays s’est attirées auprès du Fonds monétaire international, visiblement très peu enclin à lui faciliter la tâche en distillant au compte-gouttes et avec une révoltante parcimonie les tranches de son prêt accordé sous le mécanisme élargi de crédit au motif que la Tunisie ne conduit pas à bonne fin et de la manière convenue les réformes exigées.

D’autant que comme l’affirme Fitch, la Tunisie dépend fortement de la communauté internationale pour financer son déficit courant, tout en s’attendant à ce que ce soutien se poursuive. Mais, là où le bât blesse le plus, « des retards potentiels dans les décaissements, par exemple en raison de l’incapacité à achever des réformes dans le cadre du programme du FMI, ou d’un affaiblissement du soutien international, à l’avenir, risquent de réduire l’accès au financement extérieur ». On en a déjà une première indication avec l’intention attribuée à l’Administration américaine de ne pas donner sa garantie au prêt de 500 millions de dollars que la Tunisie projette de rechercher auprès des bailleurs de fonds internationaux.

C’est là le risque majeur que l’agence de notation Fitch a tenu à fortement souligner dans son dernier rapport qui comporte toutefois et au crédit du gouvernement tunisien quelques observations qui peuvent être prises pour des satisfécits, tels que « l’amélioration de la sécurité et de la situation économique depuis 2016, ce qui devrait contribuer à réduire les déficits jumeaux dans les années à venir ». Mais il y a aussi l’accélération d e la croissance du PIB à 2,2%, en 2017, contre 1% en 2016, et encore la reprise du tourisme dont les recettes ont augmenté de 19%, en glissement annuel et celle des investissements directs étrangers (+13%). Un composé de tendances qui a vocation à favoriser un regain de confiance en la Tunisie, ce qui permettrait un rétablissement progressif de l’économie.

L’inhibition politique

Un tableau, sans être idyllique, marque un début de percée vers un léger mieux économique. Mais c’est compter sans la situation politique et dans une moindre mesure sécuritaire de la Tunisie où l’instabilité demeure un handicap absolument inhibitif. Avec des gouvernements qui succèdent à la vitesse grand V sans apporter les avancées nécessaires, des acteurs politiques qui battent la breloque à tout bout de champ et des institutions, pourtant indispensables, qui peinent à voir le jour, ou si c’est le cas, mal fonctionnent, la Tunisie se dispense cruellement de se doter de quoi soutenir sa croissance, si maigre soit-elle, et de s’engager enfin sur la trajectoire qui la délivre du marasme économique dans lequel elle se débat depuis un lustre, c’est-à-dire depuis 2011. Penser autrement la politique et la faire dans l’intérêt suprême et bien compris du pays, est rigoureusement l’unique passerelle qui conduise vers davantage d’emplois, d’investissements, d’équité sociale, en un mot de développement.

Nos politiques en seraient-ils capables ? Voilà toute la question lancinante qu’ils auront à lui trouver l’épilogue nécessaire en reléguant à jamais leurs funestes et inutiles tiraillements et en s’animant de l’ardente obligation qui est celle de servir la Nation comme ils ont mandat de le faire.

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