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Tunisie : BCE garderait Chahed … à la tête d’un gouvernement de technocrates !

Le sort du gouvernement de Youssef Chahed sera-t-il scellé mardi prochain ? C’est la déchirante question à laquelle devra répondre le président de la République, Béji Caïd Essebsi, sitôt présentées les conclusions de la commission issue des signataires du Document de Carthage 2. Soumis à de fortes pressions pour se débarrasser d’un chef du gouvernement, un homme du sérail, qu’il a lui-même choisi, le chef de l’Etat sera en face d’un drame cornélien qu’il devra trancher, dans les cas de figure…dans un sens comme dans l’autre.

Du reste, tous les signataires du Document de Carthage appellent de leurs vœux une issue à ce processus initié voici deux ans, dans la foulée du relatif échec qui a sanctionné sa mise en œuvre, convenue mais peu respectée, et qui a nécessité une sorte d’aggiornamento pouvant fédérer de nouveau les partis politiques et les organisations qui y ont souscrit, chacun à sa manière et selon ses conditions. Bousculé ainsi par le temps et les partenaires, le président de la République devra livrer un verdict, celui qu’il jugera le mieux à même de correspondre à l’état du pays et à l’équilibre de ses institutions. Soit, il congédie l’actuel gouvernement, soit il le garde moyennant quelques aménagements ministériels.

L’essentiel et l’accessoire

BCE-il l’a bien montré- n’y ira pas allégrement. L’on se remémore ses déclarations à l’ouverture, plus tôt cette semaine, de la réunion des signataires où il affirmait que la question du changement du gouvernement importait beaucoup moins que la politique qu’il y a lieu d’appliquer par ce gouvernement ». « On verra plus tard qui est le plus à même d’appliquer cette politique. Chaque chose en son temps». Changer le gouvernement serait, à ses yeux, secondaire voire accessoire, alors que l’UGTT, et dans une moindre mesure l’UTICA, font de cette question leur cri de ralliement et une revendication essentielle, et même pour l’organisation ouvrière, sa raison d’être au sein du Document de Carthage, et pour tout dire, d’y rester. Son secrétaire général adjoint, Bouali Mbarki, a été d’une clarté cristalline lorsqu’il a déclaré au quotidien Al-Maghreb que « l’UGTT se retirera du Document de Carthage si ses propositions ne sont pas retenues ».

Mise en garde ou menace ! Béji Caïd Essebsi ne pourra pas faire autre chose qu’arbitrer entre ce que lui demandent les signataires et l’intérêt de l’Etat dont il est le garant, quitte à faire office de juge et de partie à la fois. On le soupçonnera peu de se ranger du côté de la centrale syndicale au motif que le prix à payer sera lourd, et blanchi sous le harnais comme il l’est, il ne sera pas enclin à déférer à semblable proposition, pas plus qu’il s’attachera à garder les choses en l’état, c’est-à-dire conserver dans ses grands traits la composition gouvernementale actuelle en y changeant quelques maroquins.

BCE, l’arbitre suprême !

C’est pour ne pas tomber dans l’un comme dans l’autre travers que le président de la République maintiendra Youssef Chahed à la tête du gouvernement, à charge pour lui de renoncer à toute ambition politique au titre des échéances 2019. D’après le même scénario, le gouvernement que Chahed aura à former sera composé exclusivement de technocrates, c’est-à-dire de personnalités sans la moindre vocation partisane, autrement dit des ministres qui vaqueront à leurs occupations ministérielles et à rien d’autre, surtout pas à des mandats électifs, comme ceux du Parlement.

Sans préjuger de la pensée intime du chef de l’Etat, on comprendrait que le scénario sur lequel il travaillerait a le mérite de ne pas bloquer encore plus la situation politique du pays. Changer le gouvernement dans son intégralité comme l’exige l’UGTT, demande beaucoup de temps, pas moins de trois mois, pour désigner le chef du gouvernement, engager les consultations, choisir les ministres, solliciter la confiance des députés. Et compter sans le refus de l’actuel chef du gouvernement de démissionner et de faire place nette pour permettre à son successeur de prendre le relais.

Dans tous les cas de figure, il ne s’agira que d’un gouvernement d’expédition des affaires courantes, plus porté à réduire ses activités qu’à faire des projets alors qu’approchent les dates de préparation et d’élaboration du projet de budget de l’Etat pour l’exercice 2019, et les négociations sociales sur les augmentations salariales, notamment. Et puis en se convertissant en gouvernement d’expédition des affaires courantes, l’attelage gouvernemental alors en place n’aura qu’une longévité d’une année et quelques semaines eu égard aux échéances de 2019, ce qui signifie le report d’autant des grands choix politiques, économiques et sociaux.

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