AccueilLa UNETunisie-Fonction publique : Un mammouth difficile à dégraisser !

Tunisie-Fonction publique : Un mammouth difficile à dégraisser !

Le gouvernement a enfin pris le mors aux dents pour aller vite en besogne dans la mise en œuvre de l’injonction qui lui a été faite et souvent rappelée de dégraisser ce mammouth qu’est la fonction publique. Son ministre de la Fonction publique, Abid Briki, vient d’annoncer un programme de départs volontaires pour plus de 50.000 employés du secteur public moyennant deux années de salaire et l’aide à obtenir des prêts bancaires pour des projets dans le secteur privé. Davantage qu’un projet, c’est une décision qui doit être impérativement appliquée dès cette année pour soulager le budget de l’Etat dont le solde ainsi dégagé servira à financer les projets de développement.

A première vue audacieuse et sensée, cette mesure pourrait cultiver le mérite d’être indolore pour ceux auxquels elle s’applique au sens où elle leur ouvre de nouvelles perspectives en s’installant à leur propre compte sans obérer de fait les rémunérations qu’ils tirent de leurs ci-devant emplois. Dans le même temps, – et c’est là où loge le sens premier de cette décision-, le gouvernement donne corps à l’engagement que son prédécesseur avait pris dans sa lettre d’intention du 2 mai 2016 au Fonds monétaire international, de « mettre en œuvre le programme de départs volontaires des fonctionnaires qui commencerait en 2018 ». Or, dans l’entretemps, le FMI s’est ravisé pour ne pas dire s’est emmêlé les pinceaux et les calculs, obligeant le gouvernement Chahed à sortir dans l’urgence un «Plan B», celui de la préretraite, pour certifier qu’il honore ses engagements tant vis à vis du Fonds que de l’UGTT. Et c’est ce qui expliquerait la célérité avec laquelle a été annoncé le plan de départ à la préretraite pour 50.000 fonctionnaires.

Une goutte dans un océan !

Pareil contingent, c’est sans doute une goutte dans l’océan des 650.000 employés dont regorge la fonction publique, mais aussi des économies peu significatives dans sa masse salariale qui s’élève à 13 milliard de dinars, soit 46% du budget de l’Etat et 14% du PIB. De fait, c’est bien d’un dégraissage massif que l’emploi public a besoin pour se mettre aux normes internationalement fixées. Il serait incongru de laisser la Tunisie s’épuiser sous le joug d’une fonction publique pléthorique, surpayée par rapport au privé, en travail réduit de droit ou de fait, bénéficiant de régimes de retraite plus ou moins, mais toujours, préférentiels, avec des fonctionnaires qui travaillent, au mieux, mollement , et sont payés les jours de grève… au grand dam de la loi.

Pour sacrifier à la terminologie ambiante, c’est de « mesures douloureuses » mais indispensables que la réforme de la fonction publique a cruellement besoin. De prime abord, il va falloir savoir qui fait quoi et qui paie pour quoi. Dans ce maquis qu’est l’administration, chacun s’occupe un peu de tout s’il lui arrive de travailler, ce qui se traduit par des doublons de compétence à tous les étages administratifs et génère des postes et du temps de travail aussi inutiles que dispendieux. La réforme, c’est aussi renforcer le rendement de l’administration publique et améliorer les services aux citoyens et aux entreprises, y compris par une meilleure gouvernance afin de soutenir la croissance. Le gouvernement s’y est engagé solennellement et noir sur blanc auprès du FMI. Il s’emploiera à redéfinir les fonctions et les missions de l’Etat, à créer un statut de la haute fonction publique en plus de la révision en cours du statut général de la fonction publique, à redéployer les agents entre ministères et régions pour optimiser l’action de l’Etat en fonction des besoins, à réviser le processus de recrutement des fonctionnaires, à revoir la structure des salaires et indemnités, et redéfinir l’évaluation de performance et l’évolution de la carrière des fonctionnaires, le tout visant l’objectif de réduire la masse salariale à 12% du PIB en 2020, soit 53% des recettes fiscales. Pour ce faire, le gouvernement est strictement tenu de contenir l’accroissement de la masse salariale en 2017 au taux d’inflation, soit 4%. Et ceci dicte la mise en œuvre de mesures qui généreraient des économies de 0,6% du PIB qui pourraient englober un menu d’options incluant l’harmonisation et la rationalisation des indemnités et primes de rendement ainsi que la suspension des promotions.

Comme on peut le voir, le gouvernement ne sera pas au bout de ses peines pour se conformer aux injonctions qui lui ont été faites par les bailleurs de fonds internationaux, et d’abord le FMI. Dans cet exercice, il se loge bien des écueils, en particulier l’attitude de la puissante centrale syndicale, l’UGTT, qui, sous sa nouvelle direction, ne pourrait pas être moins dure à l’égard du gouvernement, ayant déjà donné le ton en jurant ses grands dieux qu’elle sera intraitable sur la défense des droits des travailleurs.

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