AccueilLa UNETunisie : Le gouvernement dans le « trente-sixième dessous »!

Tunisie : Le gouvernement dans le « trente-sixième dessous »!

Déjà gêné aux entournures en raclant les fonds de tiroirs, le gouvernement est, depuis samedi, carrément dans de bien mauvais draps. Ses persévérantes tentatives de faire entendre raison à l’UGTT sur le report des augmentations salariales se sont soldées par un échec retentissant, ouvrant une période d’incertitudes et de remous avec son cortège de grèves générales et de sit-ins, prévient l’Organisation ouvrière. C’est à se demander si le pire n’est pas à venir alors que les clignotants sont invariablement au rouge et l’évocation d’un « automne de la colère » se fait insistante sur le plan social.

Faisant montre d’un remarquable esprit de suite dès le départ, c’est-à-dire sitôt le chef du gouvernement avait proposé que l’échéance des augmentations salariales soir repoussée à 2019, l’UGTT vient, le plus officiellement et le plus comminatoirement du monde, opposé une fin de non-recevoir irréversible à cette proposition. Youssef Chahed a beau titiller le sens patriotique de la centrale syndicale et lui expliquer les insondables difficultés auxquelles se heurtent les finances de l’Etat sans perspective de redressement sur le court terme, mais son argumentaire s’est échoué sur un roc, même sa nouvelle proposition d’avancer le versement des majorations salariales à 2018 au lieu de 2019.

Rejet doublé d’une menace

Ce rejet ne manque ne manque pas d’interpeller dès lors qu’il est assorti de menaces telles que celles agitées par le secrétaire général adjoint de l’Organisation ouvrière, Sami Tahri qui a affirmé, ce weekend, que « toutes les formes de militantisme, aussi bien des grèves générales dans la fonction publique, des manifestations ou des sit-in sont possibles en cas d’adoption du projet de la loi de finances 2017 dans sa version actuelle ». Au passage, il ne s’est pas gardé d’accuser le gouvernement d’opérer des « choix irraisonnés qui conduisent à une confrontation que la situation dans le pays ne supporte pas ». Bonjour les dégâts !

Pour autant, la direction de l’UGTT est-elle bouchée à l’émeri ? Pas totalement. Et on ne peut pas ne pas lui donner raison sur le grief-et uniquement le grief- qu’elle n’a pas été consultée sur le projet de la loi des finances 2017 et plus encore sur l’intention du gouvernement de renvoyer à 2019 le déboursement des augmentations salariales. Mais à supposer qu’elle l’ait été, le gouvernement aurait-il fait l’économie de cette impasse. Pour le reste, tout pouvait être négociable, et le gouvernement ne s’en est pas excepté en faisant machine arrière sur des point de litige tel que, par exemple, l’abandon de la contribution exceptionnelle des salariés.

Mais par-delà cette concession, il est clair que Youssef Chahed et son équipe n’ont pas livré des morceaux d’anthologie concernant la philosophie même de la loi des finances, l’articulation de ses dispositions et surtout la stratégie de communication y afférente. Surtout, ils se sont emmêlés les pinceaux en soulignant que le projet de la LF 2017, ayant été élaboré par le gouvernement sortant d’Essid, ils n’avaient d’autre choix que d’y apporter quelques amendements, plus est, dans la précipitation, parce que bousculés par le calendrier parlementaire et la date fatidique du 15 octobre pour la présentation dudit projet à la Représentation nationale. Soucieux de gagner encore du temps, le chef du gouvernement vient de demander, de surcroît, le report de trois jours de la première séance plénière de l’ARP consacrée à l’examen du projet de la LF 2017. Un moratoire dont il ne faudra pas attendre grand-chose au regard du fait que les problèmes sont gardés en l’état et que le gouvernement est au bout des concessions dont il est capable.

Une médiation du FLMI, une incongruité majeure !

Sur ces entrefaites, un appel a été lancé au Fonds monétaire international pour entreprendre des bons offices entre le gouvernement et l’UGTT pour amener cette dernière à composition et lui arracher une certaine souplesse concernant l’épineuse question du rééchelonnement du calendrier des augmentations salariales. Une proposition qui a été quasi unanimement rejetée. Et à juste titre, car on ne voit pas en vertu de quel mandat et de quelle prérogative une organisation financière internationale comme le FMI s’autoriserait à offrir une médiation pour régler un conflit entre un gouvernement donné et une organisation syndicale. D’autant que l’on ne trouve nulle part dans ses statuts ni dans son exercice, encore moins dans sa littérature pareille latitude. Est-il nécessaire de rappeler à cet égard que le FMI a exclusivement vocation à assurer la stabilité du système financier international et à créer les conditions d’une croissance économique durable. Et en cela, le Fonds est habilité à faire usage de deux mécanismes, la surveillance et l’assistance financière et technique dans des domaines très variés (budgétaire, monétaire, fiscal, statistique, juridique, technologies de l’information, etc.). De médiation, il n’est guère question. Ce serait une incongruité majeure s’il s’y livrait.

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