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Tunisie : Le naufrage annoncé de Nidaâ et les soubresauts de ses alliés !

Ce qui devait arriver est arrivé. Le parti Nidaâ Tounès n’est plus que l’ombre de lui-même. Traversé au départ par des accès de grogne, puis par des scissions qui ont vit fait de se transformer en guerre larvée entre ex-dirigeants, il réfléchit  aujourd’hui l’image d’une formation  politique en voie d’irrésistible démembrement. Le dernier en date des actes de cette course vers l’abîme est la décision prise par 16 députés du mouvement de geler leur adhésion au groupe parlementaire du « premier parti issu des élections législatives » alors que 4 autres ont effectivement présenté leur démission du bloc.

Le président du groupe parlementaire de Nidaa Tounes, Sofiene Toubel, est, cependant, monté au créneau pour démentir la démission des 4 députés affirmant qu’un seul élu l’a fait, en l’occurrence , Noureddine Ben Achour, alors que deux autres, à savoir Ali Ben Salem et Ali Belakhoua, se sont rétractés, sans omettre de rappeler que «  le règlement intérieur de l’ARP ne comporte disposition  relative au gel d’adhésion, se limitant à faire état , et uniquement,  d’appartenance à un groupe ou de démission d’un groupe ».

Par-delà  ces arguties juridiques et tout à fait politiciennes, il se pose la question centrale de savoir dans quelle mesure ces convulsions vont peser sur l’existence d’un parti, partie prenante majeure dans l’exercice du pouvoir dans ses institutions prépondérantes, l’exécutif et la Représentation nationale. D’autant qu’il est encore question que le chef du gouvernement devienne le nouveau patron de ce parti, sans que ce projet qui lui est prêté ne soit formellement démenti.

Nidaâ, une formation politique à vau-l’eau, cela ne fait plus l’ombre d’un doute. Et son fondateur, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, envisagerait sérieusement de s’en débarrasser en créant un nouveau parti en lieu et place, convaincu qu’il est que Nidaâ Tounès n’est plus en mesure de retrouver sa « vitalité et sa cohésion ».

Manœuvre politique !

De guerre lasse ou autre manœuvre politique du locataire du palais de Carthage, cette initiative aura tout pour introduire une troublante donnée dans l’échiquier politique tunisien, déjà croulant sous une périlleux composé de diversions, de volte-face et de soubresauts qui n’augurent rien de bon pour l’architecture politique et , fait plus grave encore, pour le pays en son entier. Sans noircir le trait, il pourrait être dans l’ordre des choses que cette foire d’empoigne tourne au chaos qui viendrait s’ajouter à une situation économique, financière  et sociale littéralement désastreuse.

On ne s’empêcherait pas de voir dans cette pétaudière annoncée la rançon d’une démocratie mal partie, mal comprise et mal gérée où chacun tire la couverture à soi, où les partis politiques, formés dans la précipitation, n’ont rien à offrir aux Tunisiens que le spectacle désolant de chamailleries sans fin, d’agendas nébuleux et peu scrupuleux, et d’acteurs  trop disposés aux manœuvres politiques retorses. Et fatalement, ils séduisent de moins en moins, les militants les désertent et leurs discours apparaissent souvent en décalage avec les réalités.

Pour s’en convaincre, il suffit d’ailleurs de voir comment bien des formations politiques s’échinent à « se refonder » et à se recomposer autrement. C’est le cas du fidèle allié du président de la République, l’Union patriotique libre (UPL) de Slim Riahi, miné par une vague de démissions au sein de son groupe parlementaire et ailleurs, et plus encore, même moins franchement, le mouvement Ennahdha où les légions des mécontents ne cessent de se gonfler en protestation à la ligne politique adoptée par son Cheikh fondateur et à l’emprise sans partage qu’il exerce sur l’appareil du parti, ci-devant islamiste. Les autres partis ne sont pas en reste où cependant  la grogne n’a pas encore viré à la scission ou à la dissidence, comme c’est le cas du Front populaire dont le dirigeant Mongi Rahoui s’est vu offrir un portefeuille ministériel dans le gouvernement de Youssef Chahed. Il est vrai que « l’incident » a été circonscrit, mais la cohésion ne semble avoir été rétablie qu’en apparence.

Autant dire que les lignes bougent, mais dans le mauvais sens. Et cette dérive  porte en elle  les germes d’une vraie menace pour la stabilité du pays. Si bien que  de nouvelles initiatives se font jour pour battre de nouveau les cartes par l’émergence de nouveaux fronts politiques et électoraux, pour occuper le terrain laissé par Nidaâ Tounès, autrement dit le Centre incrusté par Béji Caïd Essebsi dans l’échiquier politique, un certain automne 2014.

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