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Tunisie : Le patronat sort de ses gonds face à un gouvernement désarmé jusqu’aux dents !

Visiblement las de ronger son frein, le patronat vient de se fendre, par nécessité sans doute, d’un sacré coup de colère qui en dit long sur le dépit qu’il rumine à l’endroit du projet de la loi de finances 2018 déjà avant même son adoption formelle en Conseil des ministres. Sa présidente, Wided Bouchammaoui, sortie d’une réserve qui n’aurait que trop duré, a carrément brandi la menace d’un retrait de l’UTICA du Pacte de Carthage. Une initiative inusitée venant d’une organisation signataire d’un document fondateur du gouvernement d’union nationale.

On savait que les mesures fiscales dont avait accouché cette LF échafaudée dans le secret du palais de la Kasbah avaient tout pour constituer un casus belli. D’où le grief qui lui est fait par les patrons de ne pas avoir été consultés. Un reproche balayé par le conseiller économique du chef du gouvernement qui affirmait quelques heures après la sortie de Bouchammaoui que « le projet de la loi de finances 2018 a été déposé au Parlement après de larges consultations avec toutes les parties ». Certes, il ne s’agissait pas de consultations en bonne et due forme, mais on serait en peine de se convaincre que le gouvernement n’a pas eu connaissance des propositions de l’UTICA exposées dans tous leurs détails dans l’opuscule qu’elle avait publié fin septembre, ni cherché à en savoir davantage à la source même, d’une façon ou d’une autre. Il reste que ces propositions ont été apparemment ignorées par le gouvernement qui semble en avoir fait à sa tête en chargeant la barque fiscale, soulevant les foudres du patronat.

La principale revendication des chefs d’entreprise tourne autour de la stabilisation de la pression fiscale à son niveau de 2016, c’est-à-dire 20,7%. Or la LF 2018, pour autant qu’elle ait retiré la contribution exceptionnelle de 7,5%, n’en a pas moins instauré d’autres impôts et prélèvements çà et là, de sorte que l’imposition due par les entreprises va s’alourdir pour monter jusqu’à plus de 30%, dans une fourchette de 34-35%. Outre l’impôt sur le revenu et celui sur les sociétés, l’impôt sur les dividendes passe du simple au double alors qu’il était question de le maintenir à son niveau initial, pour ne citer que ceux-ci.

« Petits replâtrages »

Tout en pointant les « petits replâtrage qui ne suffisent plus… et les ressources fiscales classiques qui offrent très peu de possibilités, sauf à contrarier la croissance économique par des relèvements de taux d’imposition », l’UTICA plaide pour la recherche de nouvelles sources de financement et pour le passage d’une logique d’adaptation des ressources aux emplois à une logique d’adaptation des emplois aux ressources. Et à l’effet d’améliorer les rentrées fiscales, elle propose l’élargissement des bases d’imposition à l’ensemble des catégories socioprofessionnelles « sans exclusives ni privilèges ». Surtout, l’urgence se fait impérieuse d’accélérer une mise en œuvre « cohérente » de la réforme fiscale sur la base d’un consensus, en bannissant les dispositions « non coordonnées, voire contradictoires et contre-productives » qui entachent les différentes lois des fiances.

Coup de semonce ou coup de colère !

L la menace agitée par Wided Bouchammaoui a de quoi interpeller sérieusement le gouvernement, plus amène envers les préconisations de l’autre organisation nationale, l’UGTT qui le lui rend bien en renonçant à quelques thèses élevées au rang de dogmes, comme par exemple, le relèvement de l’âge de départ à la retraite. En réagissant à la volée à la menace du patronat de claquer la porte du Pacte de Carthage, le gouvernement donne la nette impression qu’il est disposé à transiger et à se livrer à une autre gymnastique qui ramènerait peu ou prou l’UTICA dans le giron consensuel. Au demeurant, il n’écarte pas de parvenir par le dialogue à une issue qui satisfasse tout le monde.

Mais la question qui va inévitablement se poser est de savoir comment et dans quelle mesure. La nécessité de renflouer les caisses de l’Etat et de tempérer un tant soit peu le déficit budgétaire est si tyrannique que l’on imagine mal le gouvernement négocier une reculade significative au risque de bouleverser des pans entiers de son projet loi des finances pour amener à composition l’entreprise et l’organisation dans laquelle elle se reconnaît.

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