AccueilLa UNETunisie : Le traquenard des Municipales !

Tunisie : Le traquenard des Municipales !

Sauf événement imprévu, les élections municipales se tiendront le 25 mars 2018. C’est l’Instance supérieure indépendante pour les élections qui l’a annoncé, apparemment après en avoir discuté avec des représentants des partis politiques, du gouvernement et de la société civile.

Cette fois serait-elle la bonne ? On ne peut que l’espérer au regard des antécédents de la même veine qui meublent le registre de l’ISIE laquelle avait fixé au 17 décembre de l’année cours le déroulement du scrutin municipal, une échéance vite tombée à l’eau pour des raisons inhérentes à l’Instance, privée d’un président qui a préféré partir au moment où il ne fallait pas le faire, mais plus encore pour des raisons parlementaires, l’Assemblée des représentants du peuple ne voulant pas ou n’étant pas en état d’élire un président pour l’ISIE et           pourvoir à la vacance des postes y constatée.

Mais rien ne peut être tenu pour définitif, et d’aucuns n’excluent pas que les électeurs puissent encore ronger leur frein pour cause d’impréparation ou de bisbilles partisanes et politiques, ce qui arrangerait opportunément les affaires des formations politiques qui ne se sentent pas encore en mesure de croiser le fer avec les partis politiques majeurs sur leur terrain de chasse. Mais il n’est pas non plus de bon aloi, voire désastreux que l’architecture municipale et communale demeure en l’état.

Un ténu espoir

Un ténu espoir commence toutefois à poindre à l’horizon sous la coupole du Bardo où l’on travaillerait à un compromis frappé comme souvent du coin du consensus avec la tenue, le 17 octobre courant, d’une séance plénière dans la foulée de l’ouverture des candidatures pour la présidence de l’ISIE dont le patron devra recueillir 108 voix. Ce sera sans aucun doute la dernière chance que s’offriraient les uns et les autres, nommément l’ARP, précisément les présidents des groupes parlementaires, et l’ISIE elle-même, pour tourner définitivement la page de l’élection du président de l’Instance et paver la voie vers l’adoption du Code des collectivités locales, nécessairement avant la fin de l’année en cours. L’urgence se fait donc impérieuse de ne plus courir le risque de repousser pour la cinquième fois le scrutin municipal, ce qui dans ce cas, devrait compromettre dans une large mesure l’organisation des élections tant présidentielles que législatives devant se tenir en 2019.

Jacobinisme excessif

Le fait est que la gabegie municipale est si délétère que non seulement elle porte un sérieux coup à la transition démocratique en son entier, mais aussi et surtout abîme abondamment le vécu du citoyen le privant des prestations de base auxquelles il a droit. Avec son lot d’insalubrité exponentielle, l’incivisme institutionnalisé des usagers, et le flagrant manque de ressources tant financières que logistiques et matérielles dont souffrent les communes dirigées par des délégations spéciales, l’exercice municipal a transformé la Tunisie en un dépotoir aux dimensions nationales doublé d’une zone de non-droit.

Mais il y a pire. Le pouvoir central, dans la capitale, contrôle 96% les dépenses publiques tandis que les structures du pouvoir local n’en détiennent que quatre pour cent, alors que la moyenne mondiale se situe dans une fourchette de 15- 35 pour cent. Un jacobinisme si effrontément vertical qu’il tient d’une main de fer tout ce qui se décide et se fait dans les régions. Au demeurant, les gouverneurs, les conseils locaux et les maires sont sous la houlette du pouvoir central faisant des structures du pouvoir local un terreau pour la corruption et un terrain de prédilection sans égal pour les partis politiques.

Et alors que la démocratie est progressivement construite au niveau national en répartissant horizontalement le pouvoir entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire, on n’en décèle peu de trace à l’échelle locale. Au point que la Tunisie demeure l’un des pays les plus centralisés au monde, en termes de répartition des pouvoirs entre le gouvernement central et local.

Un mode de scrutin incongru

Mais il y a une sérieuse problématique qui va indiscutablement se poser au cas où le scrutin municipal arriverait à avoir lieu. Elle loge dans le mode de scrutin à un tour où la liste qui a obtenu le plus grand nombre de suffrages exprimés obtiendra la majorité des sièges quel que soit son score, le restant des sièges à pourvoir étant distribué selon la proportionnelle au plus fort reste. Nombreux sont ceux qui estiment que ce mode de scrutin ne pourra que se décliner dans le partage par les deux principaux partis de l’échiquier politique, à savoir Ennahdha et Nidaa Tounes des sièges des conseils municipaux et régionaux. Il s’agirait en fait d’un partage géographique du pays, à savoir les conseils municipaux et les régionaux du Nord revenant à Nidaa Tounes et ceux du Sud tombant dans l’escarcelle d’Ennahdha. Résultat des courses, c’est le parti de Rached Ghannouchi qui raflera la mise du fait des dissensions et des scissions qui agitent Nidaa Tounes.

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -