AccueilLa UNETunisie : L’éloge de la flemme !

Tunisie : L’éloge de la flemme !

Qui parmi les Tunisiens ne s’est pas plaint, pendant les fêtes de l’Aïd el-Idha, de cette paralysie qui a frappé indistinctement service public, commerces et toute une variété de prestations les empêchant de vaquer passablement à leurs occupations ordinaires. La trêve des confiseurs est passée par là. D’autant plus qu’aux jours fériés légaux, on ne s’est pas dispensé d’ajouter d’autres, de son propre chef, soit pour convenances personnelles, soit dans le droit fil de cette indolence érigée en sport national.

C’est en tout cas un épisode qui en dit long sur cette répugnance à l’effort qui possède une large majorité des Tunisiens actifs sous différents formes, dont on citera aléatoirement l’inassuidité au travail, les congés à tout-va, les sit-in et dérivés… Autant de pratiques sur lesquelles l’administration surtout, a pris l’habitude de fermer les yeux depuis un lustre, et auxquelles se sont joints deux « bizarreries » légales monumentales : le congé du samedi et la séance unique au sujet desquels des voix officielles ont commencé à émerger demandant leur annulation pure et simple au regard de leur fort impact sur la productivité.

Un secteur public pléthorique et inefficace

Et pour cause, ce ne serait pas le dévouement au labeur qui étouffe nos concitoyens, notamment parmi les plus de 600 mille de la fonction publique, d’invétérés budgétivores, dont les rangs se sont immodérément gonflés d’environ 20% en 2012, propulsant la Tunisie aux premières loges en termes de masse salariale dans le monde. Paradoxalement, cette exponentielle prolifération ne s’est point traduite par aucune amélioration des prestations du service public, dégradant même leur qualité et excédant encore plus les administrés autant que les usagers.

Pourrait-on éprouver pire quand on sait qu’au sortir d’une révolution que l’on espérait rédemptrice, les Tunisiens sont impérieusement appelés à retrousser les manches, travailler plus, débrayer moins, en un mot aller au charbon, d’abord pour rompre avec les pratiques d’antan et en chemin, jeter les fondements d’une nouvelle architecture de développement à la faveur de laquelle ils pourraient enfin récolter les fruits de ce que les jeunes parmi eux ont osé faire et entreprendre, un certain 14 janvier 2011. L’univers du travail s’offrait pourtant comme un domaine parmi les plus idoines pour fonder une nouvelle culture, voire un culte voué à l’effort, réhabiliter la valeur du travail, longtemps mise à mal.

Management très directif !

Il est vrai, comme le soulignait le professeur en psychologie à l’université tunisienne, Noureddine Kridis, qu’on a des difficultés à « demander aux gens d’avoir des valeurs positives par rapport au travail quand les conditions de travail ne sont pas favorables et si dans l’entreprise, on ne cherche que la force du travail négligeant le développement de l’homme qui est derrière ». Il est vrai aussi, constate-t-il, que « la Tunisie a hérité d’un style de management très directif, partout, il n’y a que des directeurs, beaucoup de directeurs, alors que les autres ne sont que des exécutants et des laissés-pour-compte, ce qui fait que vu de l’extérieur, les Tunisiens n’aiment pas travailler, ou travaillent peu et sont paresseux. La valeur travail est en chute libre ».

Certes, mais encore, on ne doit pas se voiler la face devant cette tendance quasi générale qui incite les citoyens à se transformer en irréductibles tir-au-flanc qui regardent les missions à eux assignées comme une corvée mal rétribuée, fastidieuse, peu valorisante. Corollaire fatal : la paresse prend rang d’ « activité » ambiante aux dividendes réels et contagieux. D’autant comme il est souvent dit, « il est reposant de voir les autres travailler ».

Un Etat impécunieux

De toute évidence, cela a un coût pour le budget de l’Etat qui traîne un déficit abyssal, obligeant les pouvoirs publics à solliciter sans répit les bailleurs de fonds, tels que l’implacable Fonds monétaire international qui joue à la Tunisie, à chaque fois, le mélodrame du déboursement des tranches de son prêt dont l’essentiel sert à éponger le déficit budgétaire et payer les salaires. On ne s’empêchera pas d’y ajouter la désaffection des investisseurs tant domestiques et étrangers, pour cause de « repoussantes » conditions de travail dans le pays, et cela, sans conteste, rejaillit fort négativement sur la croissance, l’emploi, et bien d’autres paramètres qui fondent le développement dans toutes ses composantes.

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