AccueilLa UNETunisie : Oui, la Tunisie peut s’en tirer, affirme Carnegie

Tunisie : Oui, la Tunisie peut s’en tirer, affirme Carnegie

Aux antipodes du catéchisme implacablement seriné par le Fonds monétaire international et autres institutions assimilées, fait de « recommandations » , en vérité des ukases auxquels les pays à la peine comme la Tunisie sont sommés de se plier, le think tank Carnegie pour la paix internationale vient de livrer une analyse sans concession mais aussi sans arrière-pensée où il avance des clés de lecture de la situation politique et économique, assorties de quelques préconisations et recettes qui aideraient le pays à se redresser.

Après une inédite période de formation d’un consensus politique, la Tunisie et ses partenaires internationaux ont lancé un nouveau mécanisme de coordination pour stimuler l’investissement à long terme et faciliter la croissance du secteur privé. Cependant, ajoute-t-il, pour que cet effort porte ses fruits, une approche « bottom-up » (de bas en haut) doit être également adoptée pour relever les défis les plus urgents tels que le chômage des jeunes, la corruption, la gouvernance centralisée et la méfiance des citoyens. Cela nécessitera la mise en œuvre de réformes économiques et politiques de portée générale qui démocratisent l’accès au marché, associent les acteurs locaux, et répondent aux besoins de tous les citoyens, en particulier ceux qui sont marginalisés dans les régions intérieures.

De nombreux Tunisiens continuent de se sentir exclus politiquement, socialement et économiquement. Pour eux, la révolution reste inachevée, et l’apologue de la réforme et du progrès a peu de crédit. Pour ces Tunisiens, la révolution n’a pas réussi à venir à bout des énormes inégalités entre les régions côtières et celles de l’intérieur, entre jeunes et vieux, et entre ceux qui sont bien introduits et ceux qui ne disposent pas des réseaux personnels et professionnels nécessaires pour réussir dans un système économique délabré par le népotisme et la corruption. Alors que les partis politiques peuvent travailler ensemble à l’enseigne d’un large consensus pour trouver des solutions économiques aux malheurs de la Tunisie, il existe des signes alarmants que les Tunisiens ont perdu foi en le processus: 95 pour cent des jeunes Tunisiens disent qu’ils ne font pas confiance aux partis politiques.

Remodeler l’Etat

Combler ce fossé entre le gouvernement et les citoyens sera essentiel pour entreprendre des réformes durables et consolider les principes démocratiques qui ont commencé à façonner l’expérience politique tunisienne. Dans la pratique, cela dicte de se doter d’un gouvernement qui soit capable de répondre aux besoins et aux attentes des citoyens tout en œuvrant à remodeler l’Etat et la société de la Tunisie en un ordre plus juste et en prospérité partagée. Le gouvernement tunisien actuel et son prédécesseur ont travaillé avec des partenaires internationaux pour restructurer l’économie grâce à des réformes législatives visant à attirer et à faciliter encore plus les flux d’investissements étrangers. Cette approche aura des avantages mais aussi des effets négatifs potentiels. La question est de savoir si cela est suffisant pour renforcer l’adhésion à l’ordre politique, économique, et social tunisien.

Le succès d’un partenariat pérenne avec les institutions et les gouvernements étrangers visant à assurer le développement politique et économique de la Tunisie ne dépend pas uniquement des mécanismes de coopération ou d’une réforme législative. Il y a une foule de défis ascendants, qui, à défaut d’être relevés conjointement par toutes les parties prenantes, risquent de compromettre la consolidation d’un système politique ayant vocation à répondre aux attentes des citoyens. Ces défis sont nombreux, mais les plus urgents à l’heure actuelle sont l’amélioration du ralliement des citoyens, la lutte contre la corruption et la décentralisation de la gouvernance.

La corruption est remédiable

Il existe de nombreuses façons de circonscrire la corruption où les efforts conjugués du gouvernement et des ses partenaires internationaux peuvent être d’un grand secours. Une façon est d’adopter une loi qui exige la divulgation publique des biens pour les élus de haut niveau, conformément à l’article 11 de la Constitution. Une autre est de travailler à la mise en œuvre d’une plus grande transparence fiscale, ce qui pourrait aider à l’amélioration de la mise en conformité fiscale. Une troisième option consiste à développer le dispositif d’enquêtes et de poursuites judiciaires à l’encontre des fonctionnaires ainsi que les acteurs du secteur privé qui se seront rendus coupables de corruption. De strictes lois appliquées avec vigueur contre le lobbying et le financement politique pourraient aussi réduire les risques de corruption.

Il ne fait aucun doute que les défis de la Tunisie exigent des solutions politiques et économiques bien pensées. Les politiques qui tendent à isoler les solutions économiques des tensions politiques peuvent sembler attrayantes, mais les deux sont intimement liées. S’attaquer au mécontentement politique est la clé du succès à long terme de la réforme économique.

Avoir à l’œil les financements !

Tunisie 2020, la conférence sur l’investissement prévue à Tunis les 29 et 30 novembre, offre un opportunité idoine pour les partenaires internationaux de la Tunisie pour réaffirmer leur soutien en tenant compte des besoins de financement des projets de développement qui soutiendront l’avenir politique et économique de la Tunisie.

L’investissement en Tunisie est aujourd’hui plus nécessaire que jamais, mais compte tenu de la situation politique fragile du pays, la nature de l’’investissement est aussi importante pour le succès que l’investissement lui-même. Dans le même temps, ces investissements peuvent aider à construire quelque chose de concret à la condition que les parties prenantes (gouvernement, parlement, entreprises , syndicats et société civile ) s’engagent à la transparence, aient à l’œil les financements et la passation des marchés, et évitent les conflits d’intérêt.

La route est difficile, mais la Tunisie a un atout unique hérité de sa révolution, qui est la capacité de sa société d’élaborer un consensus et un compromis. Ceci est plus crucial et urgent que jamais, conclut la note de Carnegie élaborée par trois de ses éminents chercheurs.

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