AccueilLa UNETunisie : Quelle « nouvelle » UGTT ?

Tunisie : Quelle « nouvelle » UGTT ?

L’UGTT, réputée organisation ouvrière puissante, tient, depuis ce dimanche, son 23ème congrès en l’étant manifestement encore plus. En jouant comme elle l’a fait un rôle central dans la vie sociale et sans le dire explicitement politique du pays, il n’entrera sans doute pas dans sa logique de « s’arrêter en si bon chemin » !

« Allégeance à la Tunisie, fidélité aux martyrs et dévouement aux travailleurs ». Un slogan où transparaissent à tous les étages les ambitions que la centrale cultive et entend réaliser nonobstant l’équipe appelée à la diriger et, selon toute vraisemblance, sera celle de la liste de Noureddine Taboubi, un homme du sérail et plus encore compagnon de Houcine Abassi sous la houlette duquel l’organisation ouvrière a donné la mesure de son omnipotence en faisant en quelque sorte la pluie et le beau temps, dans une Tunisie en proie à une inédite effervescence due à la Révolution du 14 janvier, faite de troubles, de mouvements sociaux à répétition et d’affligeantes convulsions politiques et de maints épisodes d’insécurité due notamment au terrorisme.

On ne sait pas si le secrétaire général sortant va être entendu, mais il s’est autorisé à donner le la de ce qu’il importera de faire dans une sorte de feuille de route où il appelle à « la vigilance pour protéger l’unité de notre pays et sa réussite dans la mise en place d’un modèle politique et sociétal unique, dans son environnement ». Surtout, il a enjoint aux syndicalistes de «  préserver leur unité, leur indépendance et la position avant-gardiste de leur organisation et son rôle dans la protection de notre société, ses valeurs et ses équilibres politiques ».

Moteur du Dialogue national

On doit à la vérité de dire que, depuis son dernier congrès, l’UGTT est parvenue, notamment durant la transition politique, à consolider son rayonnement syndical et son rôle social et politique, devenant un acteur incontournable du paysage national et une force de pression, de proposition et de régulation au bénéfice des travailleurs. Nul ne peut nier non plus le rôle qui a été le sien dans le processus de consensus politique et du Dialogue national dont elle a été l’un des parrains majeurs, ce qui lui a valu le prix Nobel de la paix. Mais dans le même temps, elle ne s’est pas dispensée de faire moins bien lorsqu’il s’était agi de désamorcer les tensions sociales pour rendre la vie difficile aux successifs gouvernements en place, placer la barre très haut, gagnée en cela par une virulente fièvre revendicative. L’extrême intransigeance dont elle avait la tyrannique habitude de faire montre dans les négociations salariales avec le gouvernement et l’organisation patronale, l’UTICA, en est l’exemple le plus patent. Mais il y avait aussi et surtout cette spirale des grèves, le plus souvent dans des secteurs stratégiques et en prise sur la vie des citoyens, que la centrale syndicale avalisait faisant fi des énormes difficultés que traversait l’économie du pays.

Un scrutin peu disputé !

On peut comprendre qu’en décidant et en agissant de la sorte, l’UGTT ait eu peu à faire pour ne pas céder à la pression des ses bases fébrilement déterminées à obtenir coûte que coûte gain de cause et arracher des avantages salariaux et autres que les pouvoirs publics et les entreprises étaient bien en peine d’accorder. Mais le propre d’une organisation syndicale n’est-il pas de pouvoir et savoir garder ses troupes et tempérer leurs ardeurs ?

L’espoir doit être formé que telle sera la ligne que suivra la nouvelle équipe qui sortira des urnes de ce 23ème congrès à l’issue d’un scrutin, d’ailleurs, peu âprement disputé. Le nouveau secrétaire général sur lequel sera porté le choix des congressistes et qui serait très probablement Noureddine Taboubi, est en mesure d’imprimer cette orientation à l’organisation ouvrière, passant pour un homme de compromis et porteur de synthèse même s’il est de lui qu’il a des accointances avec le mouvement d’Ennahdha sans être toutefois son homme. Mais par-delà toutes les considération qui présideraient à ce choix, il sera de la plus haute importance pour l’UGTT comme pour le pays que l’on rompe, même progressivement, avec cette ligne dure qui a caractérisé la direction sortante pour devoir s’engager dans une voie participative et hautement patriotique l’affranchissant de cette posture d’otage des revendications d’une base bien rivée aux formes de militantisme primaire.

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