AccueilLa UNETunisie-Turquie : Une inflation également galopante mais comparaison n’est pas raison !

Tunisie-Turquie : Une inflation également galopante mais comparaison n’est pas raison !

Les prix s’envolent en Turquie pour surfer sur un taux à deux chiffres ramenant le pays à la situation qui était la sienne voici une quinzaine d’années. Selon les chiffres officiels rendus publics cette semaine, l’indice des prix à la consommation, l’inflation a atteint 15,39% en glissement annuel à la suite de l’introduction d’une nouvelle méthode de calcul des hausses de prix et de l’inflation en glissement mensuel à 2,61%, soit près du double des prévisions.

Il en a découlé deux conséquences majeures, le relèvement du taux directeur de la Banque centrale et la baisse de la monnaie turque, la lire, de 18% cette année. En effet, l’institut d’émission turc a augmenté de 500 points de base son taux directeur malgré la farouche opposition du président Tayyip Erdogan à des taux plus élevés. Son comité de politique monétaire (MPC) doit se réunir à nouveau le 24 juillet.

« Le marché est voué pour connaître d’autres hausses », a déclaré Henrik Gullberg, stratégiste de Nomura Emerging Markets, cité par Reuters. « La banque centrale doit briser ce cercle vicieux où la faiblesse de la monnaie alimente l’inflation, mais une réponse insuffisante de la banque centrale nourrira encore plus la faiblesse de la lire ». « Ils ont été réactifs alors que ce qu’ils doivent faire, c’est d’être préventifs. Ils ont besoin de hausser les taux de façon agressive », a-t-il ajouté.

Erdogan « ennemi des taux d’intérêt »

La lire, l’une des monnaies des marchés émergents les moins performantes qui a atteint des plus bas historiques cette année, s’est dépréciée à 4,6973 contre le dollar contre 4,66215, juste avant les données. Elle était à 4.6740 ce mardi à 9 heures 55 GMT.

Les chiffres de l’inflation mardi pourraient indiquer un nouveau resserrement de la politique monétaire pour élever le taux repo d’une semaine de référence à 20% contre 17,75%, a déclaré le stratège de BlueBay Asset Management, Timothy Ash, dans une note.

Cependant, les investisseurs craignent qu’Erdogan, un «ennemi des taux d’intérêt», puisse exercer des pressions sur la banque centrale pour qu’elle réduise ses coûts d’emprunt après sa réélection le mois dernier à une nouvelle présidence exécutive, alors que d’autres augmentations pourraient également aggraver un ralentissement économique attendu plus tard cette année.

« Nous prévoyons que la Banque centrale maintiendra sa politique monétaire stricte, mais ne prévoit pas de nouvelles hausses de taux prenant en compte le risque d’atterrissage brutal au second semestre », a déclaré l’économiste spécialisé dans d’Investissement, Muammer Komurcuoglu. « Après la surprise d’aujourd’hui et la hausse continue des prix à la production, nous avons revu à la hausse notre estimation de l’inflation à 12% en fin d’année », a-t-il ajouté, estimant que le taux atteindrait près de 16%. Les prix à la production ont augmenté de 3,03% en glissement mensuel en juin pour une hausse annuelle de 23,71%.

Vérité en-deçà du Taurus erreur au-delà

Sous d’autres cieux, pareille situation aurait été jugé désastreuse n’eût été la résilience de l’économie turque. Erdogan s’en est vivement félicité en affirmant que son pays se dirigera vers un modèle économique renforcé par la technologie de pointe et la productivité. « Les taux de change ne détermineront pas notre avenir. Nous déterminerons nous-mêmes notre avenir», a-t-il claironné, non sans raison, puisque Fitch, dans sa dernière notation, juge que la Turquie a survécu à un certain nombre de chocs économiques et financiers au cours des dernières années malgré ses vulnérabilités sous-jacentes, attribuant cette résilience aux «  atouts fondamentaux du crédit issus d’une économie large et diversifiée et d’une position budgétaire solide, ainsi que des conditions monétaires mondiales favorables ».

Pas uniquement, doit-on noter, car la Turquie, dirigé par un président objet de bien des controverses, n’en lui doit pas moins la solidité de son économie autant que ses performances et sa quiétude sociale, le tout assuré par une autorité parfois peu indemne de dérives et d’excès mais très souvent efficace et respectée. C’est sans doute cela qui aurait dû inspirer les zélateurs d’Erdogan en Tunisie et pourquoi pas ses détracteurs. En prenant le parti de faire usage à sa manière de cette autorité, l’homme fort de Turquie se met en état de mobiliser son peuple autour d’objectifs pour la réalisation desquelles les Turcs se mettent en ordre de bataille, mouillent la chemise et dépensent des énergies sans geindre ni se lamenter.

C’est dans cet exemple que les Tunisiens seraient bien avertis de chercher leur muse, autant que ceux qui les dirigent de fait comme de droit. Il est entendu par cela le pouvoir exécutif avec ses deux têtes, la Représentation nationale, et surtout l’UGTT, un attelage occupé plus à pérorer qu’à agir autant et comme le leur commande l’intérêt du pays. Un pays qui enchaîne les déboires depuis plus d’un lustre sans la moindre tentative de sursaut, tout en se dépensant à ergoter, revendiquer, se plaindre et se morfondre, le tout dans une somnolence qui ne fait que se prolonger.

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