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Tunisie : Une épreuve de force ou un scénario à la « Bouvard et Pécuchet » !

C’est sans conteste l’épreuve la plus difficile avec laquelle l’UGTT est en train d’être aux prises depuis la nuit des temps syndicaux en Tunisie. Dans le cas de l’espèce, elle n’est pas appelée à en découdre avec son adversaire historique, le gouvernement, encore moins le patronat. C’est chez elle, en son sein, qu’elle est contestée et que son autorité se trouve bafouée. La fédération de l’enseignement secondaire, sous la houlette de son secrétaire général, un va-t-en guerre devant l’Eternel, Lassaad Yacoubi, se paye le luxe de s’insurger contre les décisions « contraignantes » que sa commission administrative, une instance qui fait office de parlement syndical, a solennellement prises pour désamorcer une crise qui tourmente non seulement les élèves et leurs parents, mais toute l’opinion publique.

A vrai dire, il ne s’agit pas d’une jacquerie comme il pourrait s’en éclater dans des organisations syndicales, limitée dans le temps et liée à des objectifs conjoncturels, en l’occurrence des revendications salariales ou purement professionnelles. Certes on peut y repérer quelques unes sous le sempiternel couvert de la réforme de l’école, mais à bien y regarder, on comprendra qu’il faudra remonter à d’autres ressorts, forcément inavoués et que d’aucuns qualifient d’inavouables.

Déjà solidement implanté tant en nombre qu’en termes d’influence, le syndicat de l’enseignement secondaire est un corps avec lequel tout le monde est obligé de compter. Il peut toujours s’appuyer sur sa force et sa capacité de mobilisation pour tenir la dragée haute à ses adversaires. Le gouvernement en avait fait les frais l’année dernière en sacrifiant son ministre de l’Education d’alors, Néji Jalloul. Et contre toute attente, on avait compris en chemin que ce n’était que partie remise. Car, d’autres casus belli ont pris le relais pour empoisonner, et dès ses aurores, une année scolaire, pratiquement « blanche », malgré les protestations de « bonne volonté » et les assurances que ce ne sera nullement le cas.

L’antienne des négociations « sérieuses »

Et pour cause, les convulsions dans lesquelles se débat toute l’architecture de l’enseignement secondaire ne permettent guère de jurer de quoi que ce soit. Certes la fédération a accepté de reprendre les cours, mais elle ne transige pas sur la rétention des notes qu’elle continue d’utiliser comme arme pour rendre la vie encore plus difficile au gouvernement sommé d’ouvrir des négociations « sérieuses », un qualificatif enténébré et à géométrie variable à souhait. D’ailleurs, aucun indice n’est décelable donnant à penser que ces pourparlers auront bel et bien lieu, d’autant qu’il est exigé du gouvernement qu’il revienne sur sa décision de prélever les jours de grève sur les salaires des enseignants.

Mais, c’est cette rébellion du syndicat du Secondaire qui interpelle le plus, portant un coup inédit et délétère à la centrale syndicale dont l’une des décisions majeures prises par sa commission administrative relative à la levée de la rétention des notes, a été balayée d’un revers de main par la « Rencontre des régions », un conclave surgi de nulle part et qui semble jouir de vastes prérogatives. Pis, il n’a fait nulle mention dans son communiqué de la réunion de la commission administrative, ni de ses décisions prises à la quasi unanimité, encore mois expliqué les motifs fondant son rejet des mesures « contraignantes » arrêtées par cette haute instance de la centrale syndicale.

Une « guerre des tranchées » !

En bonne logique syndicale, c’est une épreuve de force qui s’engage entre la direction de l’Organisation ouvrière et une structure, après tout subalterne, tenue, dans tous les cas de figure, de déférer de ce qui vient d’en haut. Un bras de fer dont se dégage le brandon d’une « guerre de tranchées » dont personne ne peut prévoir ni calculer, pour l’heure, les conséquences pour l’un comme pour l’autre. Même le bureau exécutif de l’UGTT, prévu pour se réunir ce mardi après-midi, n’a pas pu siéger, évoquant une « suspension due à des engagements antérieurs » de son secrétaire général !!!

D’aucuns sentent dans ce conflit interne des effluves de comptes que Lassaad Yacoubi est en train de régler avec les caciques de la centrale syndicale qui lui avaient barré la route lors du dernier congrès de l’Organisation ouvrière. C’est de l’ordre de la probabilité connaissant le personnage dont on dit qu’il est dévoré par l’ambition d’une ascension syndicale voire d’un autre ordre. Au demeurant, on ne pourrait pas avoir peine à détecter ce cheminement au regard de ses tactiques, de sa capacité de mobilisation, peut-être aussi de son ascendant et son emprise sur ses troupes.

Mais il y a d’autres qui voient dans cet épisode intersyndical un scénario composé à l’enseigne d’une répartition des rôles entre les deux secrétaires généraux, celui de l’UGTT et celui de la fédération de l’enseignement secondaire, alors qu’en fait, ils seraient unis par les mêmes intérêts et viseraient les mêmes objectifs, Bouvard et Pécuchet en somme.

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