AccueilLa UNETunisie-Visite de Macron : Grandes espérances et petits dividendes !

Tunisie-Visite de Macron : Grandes espérances et petits dividendes !

Sous ses dehors de « visite d’Etat », la première du genre qu’effectue le président français Emmanuel Macron dans le monde arabe, ce déplacement du locataire de l’Elysée en Tunisie ne semble pas devoir donner lieu à des annonces spectaculaires qui permettraient au pays de s’extraire de la franchement mauvaise situation économique et de son pendant social dans lesquels il se débat depuis de longues années. « Un message symbolique fort… destiné à montrer le soutien de la France à l‘expérience démocratique tunisienne, qui est la seule expérience de transition réussie après les Printemps arabes », se plaît à expliquer la Présidence française qui « souhaite apporter son soutien à la Tunisie pour l‘aider le mieux qu‘elle peut à répondre au défi économique et social qui sera la sien au cours des prochaines années ».

Des professions de foi davantage que des actes sauf quelques uns ayant trait à l‘aide publique au développement, au soutien aux PME et PMI ainsi qu’à la résorption du chômage. Une conversion d‘une partie de la dette tunisienne pourrait également être annoncée, portant sur une trentaine de millions d’euros. En clair, il n’y aura pas de gros investissements dont la nécessité se fait vivement sentir pour remettre la machine économique en marche, créer de la richesse et surtout offrir de l’emploi aux centaines de milliers de jeunes qui n’en trouvent guère et dont l’espoir d’en trouver ne fait que s’amenuiser à mesure que l’Etat fait l’impasse sur les recrutements dans la fonction publique, et que les entreprises privées se gardent d’investir et d’embaucher.

D’ailleurs, la délégation d’hommes d’affaires qui accompagnera Macron dans sa visite ne sont pas de grosses pointures. On aura droit à de jeunes pousses et à des investisseurs qui ont déjà pignon sur rue en Tunisie, comme, par exemple, le PDG d’Orange dont l’entreprise a pris ses quartiers depuis des années en Tunisie. Une désaffection qu’un membre de la délégation française, cité par Jeune Afrique, a expliqué par le fait que le Tunisie » a du mal, en ce moment, à intéresser d’autres grands groupes qui n’y sont pas déjà ». « La situation des finances publiques et de l’économie tunisienne est compliquée. Au-delà des marques d’amitié et des symboles, la Tunisie a besoin d’investissements », renchérit un homme d’affaires tunisien dont les propos sont rapportés par la même source.

Une visite « business as usual » !

Sarah Yerkes, spécialiste de la Tunisie au programme Moyen-Orient de la Fondation Carnegie pour la paix internationale, a estimé que « les Tunisiens ne devraient pas nourrir de faux espoirs en pensant que Macron résoudra les problèmes économiques du pays », craignant que «  les Tunisiens n’en soient pour leurs frais s’ils pensent que Macron vient pour sauver la mise ». Une analyse partagée par la chercheuse tunisienne au Centre européen de gestion des politiques de développement, Tasnim Abderrahim qui affirme que la visite du président français ressortit au « business as usual ». Ce sera, a-t-elle dit, « de la diplomatie conventionnelle, parée de discours officiels et de communiqués communs … A vrai dire, je ne vois rien d’extraordinaire sortir de cette visite » pour asséner enfin que «  le gouvernement tunisien entretient de grandes attentes à l’opposé de la majorité des citoyens qui lui demandent plus et pas grand-chose aux partenaires internationaux ».

De grosses pointures universitaires

C’est sans doute ailleurs qu’il va falloir chercher des dividendes concrets de cette visite d’Etat de Macron, principalement en termes de sécurité et plus encore de coopération en matière d’enseignement supérieur où la France pourrait et devrait apporter des concours conséquents, comme pourrait donner à le penser la composition de la délégation accompagnant le chef de l’Etat français avec des poids lourds des universités de l’Hexagone, comme le président de Paris Sciences et Lettres qui regroupe 26 prestigieuses institutions parisiennes, la présidente de l’Université Paris-Dauphine, le directeur de Mines Paris Tech et le recteur de Paris. Déjà, on parle d’un projet d’université franco-tunisienne pour l’Afrique et d’un partenariat entre l’Ecole nationale d’administration de Tunis et une grande institution française.

Pour ce qui est enfin de la sécurité, une plus grande contribution française est attendue pour la lutte contre le terrorisme, alors que la Tunisie fournit d’exceptionnels efforts pour sécuriser ses frontières avec la Libye voisine et cherche à s’équiper en armements et se doter de savoir-faire pour s’immuniser contre les atteintes à son territoire et à sa sécurité.

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