Lorsqu’en septembre 2016, nous évoquions sur nos colonnes «l’agence ARP-Voyages», c’est une levée de boucliers générale de l’ARP qui s’attaquait à Africanmanager et démentait les chiffres que notre journal rapportait sur les voyages de nos députés à l’étranger, mettant en cause l’origine de ces chiffres, nous appelant à s’adresser à la Chambres des représentants du peuple pour en avoir les vrais (chose que nous avions fait sans rien recevoir) et se posant des questions sur l’objectif d’un tel article. Le seul résultat probant de tout ce remue-ménage des députés et de leurs porte-parole, officiels ou officieux, c’est enfin la publication par l’ARP elle-même, de «la liste des députés participant à des missions à l’étranger).
- 174 voyages en moins de 10 mois, dont 121 financés par le contribuable
A fin août 2016, nous parlions dans notre article de 152 voyages en seulement 8 mois, correspondant à 1 mission à l’étranger tous les deux jours. Au 13 octobre 2016, ce sont 22 voyages ou missions à l’étranger de plus. En effet, selon les propres chiffres de l’ARP, en moins de 10 mois ou plus exactement 9 mois et demi, les députés d’un pays où la dette représentera 67 % du PIB en 2016 selon le FMI et où les dépenses de gestion de l’Etat (18.619,5 MDT sur un total de 25.970 MDT de dépenses hors principal de dette à fin novembre 2016) tous départements confondus dont l’ARP, avalent une très grande partie du total des dépenses. Loin donc de se refréner, l’ARP a ainsi continué à financer toujours plus de voyages pour les députés.
On nous avait aussi alors opposé le fait que ces «missions» n’étaient pas toutes financées sur le budget de l’ARP et donc sur le budget de l’Etat, puisant dans l’argent des contribuables et de la dette extérieure notamment. Au 13 octobre 2016 et selon les propres chiffres de l’ARP, ce sont … 121 voyages à l’étranger sur un total de 174 missions, qui ont été financés par l’argent du contribuable.
Sur les 53 autres voyages restants, on retrouve aussi 6 missions à Washington, financées par le NDI (National Democratic Institute), une ONG américaine dont Wikipédia (dont nous ne partageons pas l’avis pour manque d’informations vérifiées) dit que, «il prétend promouvoir la démocratie dans le monde, notamment en organisant des opérations de subversion».
On retrouve aussi que 8 autres «missions» à l’étranger ont été financées par la Suède, 2 par la Banque Mondiale, 3 par le Parlement européen, 9 par l’Allemagne et 7 par le conseil de l’Europe. On notera, pour être juste, que 24 sur les 121 «missions» à, l’étranger ont été cofinancées par d’autres parties, dont 6 par la Compagnie Tunisienne de Navigation (CTN), toutes sur l’Italie.
- 55 voyages pour Nidaa et 49 pour Ennahdha
La destination préférée de l’ARP-Voyage, reste l’Egypte avec 29 «missions» dont 8 sur le Caire et le reste indéfini (!) et 17 autres sur les différentes villes des USA. Poids des deux plus importants groupes parlementaires oblige, ce sont les députés de Nidaa Tounes qui ont voyagé le plus. Ils ont ainsi bénéficié 55 fois des services de l’agence ARP-Voyage, contre seulement 49 fois pour les députés du second parti de l’ARP, Ennahdha. Mohamed Ennaceur, membre lui aussi de Nidaa, n’est pas inclus dans ce décompte. Au titre de président de l’ARP, Ennaceur n’a eu recours à l’agence de voyage de l’ARP que 8 fois, dont une, croyons-nous savoir, par le biais de l’avion spécial BBJ en théorie loué soit par la Présidence soit par la Primature qui paie moins ses dettes à Tunisair que Carthage.
On notera que, pendant son voyage en Russie, Mohamed Ennaceur avait été accompagné par Mehdi Ben Gharbia qui a voyagé sur ses propres fonds. Son seconde voyage, cette fois à Bruxelles, le conseiller du chef du gouvernement l’a fait à la charge du Parlement Européen comme il est indiqué dans les documents actés de l’ARP qui ont étés publiés sur le site de la chambre des représentants du peuple.
