AccueilLa UNETunisie-BTK suite : Le président du conseil d’administration dit tout !

Tunisie-BTK suite : Le président du conseil d’administration dit tout !

Une Assemblée Générale Extraordinaire des actionnaires de la Banque tuniso-koweïtienne (BTK) s’est tenue le mardi 7 novembre 2017 au siège social de la banque à Tunis, sous la Présidence de Radhi Meddeb, qui l’a confirmé hier mercredi pour Africanmanager. Selon la même source, il y a été «proposé de doubler le capital social de la banque pour le porter de 100 Millions TND à 200 Millions TND» et «les actionnaires – l’Etat tunisien, le Kuweit Investment Authority et BPCE International – ont donné leur accord pour participer à cette augmentation de capital à hauteur de leur pourcentage actuel de détention». Bernard Frémont, Directeur général de la BTK, comme le rapporte la même source, a déclaré à cette occasion que «cette opération (…) permet à la BTK d’asseoir sa solidité financière. Après ces années 2016 et 2017 marquées par un travail d’assainissement et de remise aux normes, cette augmentation de capital donne à la BTK les moyens d’un développement sain et durable, lui permettant de contribuer pleinement au développement de l’économie tunisienne». Ça, c’est pour l’information qu’on ne trouvait encore nulle part sur le site web de la banque en question, et encore moins sur le site du CMF qui publiait le 13 octobre 2017 le rapport des deux commissaires aux comptes de la banque pour l’exercice 2016.

  • Pourquoi l’augmentation du capital ?

Expliquant cette décision d’augmentation du capital, le président du conseil d’administration de la BTK rappelle d’abord la décision prise en septembre 2016 de changer de gouvernance. Désormais, c’est un Tunisien pour la présidence du conseil d’administration, en l’occurrence Radhi Meddeb et un Français pour la direction générale qui est Bernard Fremont. Selon la même source, «ce changement avait pour but d’accélérer le transfert du savoir-faire et l’intégration de la banque dans le groupe. La BTK étant détenue à hauteur de 60 % par BPCE, le 15ème groupe à l’échelle mondiale et de l’Europe et les comptes consolidés de BPCE étant assujettis à la supervision de la banque centrale européenne, la maison-mère a aussi décidé de mettre la banque tunisienne aux normes européennes». Radhi Meddeb rappelle, à ce propos, que la Tunisie est juste entrain de migrer vers les normes internationales dites Bâle II avec engagement de la BCT d’y amener toutes les banques à l’horizon 2020, alors que les banques européennes sont déjà au-delà de Bâle III, avec les méthodes, les directives et les procédures de supervision qui vont avec.

Cela implique une perception différente de la notion de risque et son traitement. «Appliquer cela, de manière brutale, à un établissement tunisien, revient à relever des risques qui ne sont pas considérés comme tels par une banque assujettie à d’autres normes de supervision et à les traiter séparément. Le groupe a pourtant décidé d’appliquer cela, à l’ensemble de ses filiales dans le monde pour consolider. Des discussions s’en sont suivies avec les autorités tunisiennes qui ont estimé que celui qui peut le moins peut le plus et qu’il n’y a pas de souci si cela amène en plus vers plus de rigueur». Et d’en venir à l’effet de ce changement de régime pour ainsi dire, il explique que «cela a amené la BTK à identifier des risques, non considérés comme tels par la banque auparavant. Cela a engendré un niveau de provisionnement important dans les comptes de la BTK. Cela a abouti au résultat déficitaire de 84 MDT de 2016, provenant essentiellement d’une augmentation du coût du risque».

Les 82,543 MDT ne sont donc pas nécessairement des pertes, mais des provisions de 82 MDT et les fonds propres étaient à 168 MDT, avant cette provision. Tout cela n’a été acté par l’AGO que le mardi 7 novembre 2017. «On a tenu à ce qu’il n’y ait pas de rupture par rapport aux ratios de supervision en place en Tunisie, et que le jour même où l’AG ramène les fonds propres de 168 à 84 MDT, une AGE décide d’augmenter le capital de 100 MDT, fasse passer les fonds propres de 84 à 184 MDT. Ce fut fait en une journée, mais cela avait été précédé par des discussions avec la BCT, le ministère des Finances et le partenaire koweitien, qui ont tous participé à cette nouvelle augmentation du capital. Cela remet les fonds propres de la BTK et remet ses comptes en conformité avec tous les ratios prudentiels de la place et surtout d’injecter des liquidités dans les caisses pour pouvoir redémarrer ses activités et même les renforcer. Tout est donc rentré dans l’ordre à la BTK», dit fièrement le président du conseil d’administration de la banque de droit tunisien.

  • Vol ou pas, la justice dira son dernier mot

Copie des «Notes aux états financiers annuels au 31.12.2016, document public sur le site du Conseil du marché financier

Dans le rapport, rappelons-le, publié sur le site du CMF et rédigé par ses propres commissaires aux comptes, il est aussi mentionné la découverte de «faits délictueux» d’un montant de 239 mille DT, commis par «des employés de la banque» au pluriel, d’où on comprenait que ces délits étaient des détournements. Manifestement frileuse par rapport à ce détail, que rapportaient pourtant ses commissaires aux comptes, car «soucieuse du respect de la présomption d’innocence tant que la justice ne s’est pas exprimée sur le sujet et respectueuse de son personnel et de son intégrité», la direction générale de la Banque a ainsi préféré ne pas répondre aux coups de fil de nos journalistes. Plus ouvert à la communication, le président du conseil d’administration minimise l’impact de ce sujet, sans en nier l’importance et rappelle qu’une plainte a déjà été déposée depuis un an et que la justice dira le fin mot de l’histoire.

  • Quittera ou quittera pas le groupe BPCE ?

Remarquons, tout de même, que la déclaration de Bernard Fremont a zappé la question du désengagement du groupe français BPCE de nombre de pays africains dont la Tunisie. Radhi Meddeb y répond, sans dérobade certes, mais en remettant l’information dans un contexte, à la fois plus précis et plus général, tout en affirmant qu’il ne dispose pas d’information de première main à ce sujet. «D’après la presse internationale spécialisée et notamment la lettre Jeune Afrique Business+, le Conseil de surveillance du groupe BPCE, dans le cadre de la préparation de son plan stratégique 2018-2020, tenu le 11 octobre 2017, aurait donné comme directive au président du Directoire d’étudier la possibilité d’un désengagement des activités, africaine et d’outre-mer de BPCE où l’international ne représente que 10 % du groupe. Ce n’est donc pas encore une décision, mais une démarche à étudier. La démarche ne concerne pas spécifiquement que la Tunisie qui ne représente que peu de choses dans le portefeuille international du groupe», indique Radhi Meddeb à Africanmanager. Et ce dernier de préciser encore que d’après cette information, «les ventes, si jamais il y a cession, et il n’y a pour l’instant aucune décision de ce genre et il n’y a aucune demande d’offre dans ce sens et encore moins de discussion avec d’éventuels acheteurs, ne se feront pas banque par banque, mais en un seul bloc».

Encore plus précis, le président du conseil d’administration de la BTK indique que «le jour où il y aura vente, si cela se décide, à aucun moment il n’y aura vente de la BTK, mais de tout le portefeuille qui comprend une dizaine de banques représentant ses activités africaines et d’outre-mer». Et Radhi Meddeb d’insister, comme pour lever l’équivoque née de la fuite d’information sur le désengagement du groupe BPCE, pour dire que «il s’agira d’une orientation globale à étudier, dans une démarche stratégique. Je n’ai pas d’information précise, mais la décision semble devoir intervenir avant la fin de l’année en cours».

Pour l’instant donc, la BTK reste dans le giron du groupe français BPCE. On attendra ainsi la fin de l’année pour être fixé sur le sort d’une banque où l’Etat vient de participer à une augmentation de capital, malgré le peu de moyens financiers dont il dispose. Mais ce même Etat tunisien, par la voix même de son chef de gouvernement, n’avait-il pas déjà annoncé sa décision de vendre toutes les petites participations dans les anciennes banques, dont la BTK et tout comme la BTE dont la cession a déjà été rendue officielle ?

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1 COMMENTAIRE

  1. Le Gvnt Y.C. se mêle les pieds dans le dossier des participations publiques dans les banques. Il passe de faux-bonds en reculades dont la dernière et celle du marche-arrières-toute pour la cession de la part de l’État dans la BH alors que tout était sur les rails et que même le management de cette banque se disait prêt!

    Mais bon, tant que ce Gvnt a toujours sous la main le pauvre citoyen qu’il peut déplumer à volonté pourquoi donc se casse-t-il les noisettes à chercher autres alternatives pour ses finances.

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