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Tunisie : J’ai activé les mesures de sauvegarde contre la Turquie, affirme Z. Laadhari

Natif de la ville de Msaken, comme la femme du chef du gouvernement tunisien, Zied Laadhari s’est beaucoup fait remarquer au poste de porte-parole du parti islamiste Ennahdha, où son éloquence et son sens de la répartie sur les plateaux TV, lui valent d’occuper l’un des premiers postes accordés à Ennahdha dans le GUN, celui de ministre de l’Emploi. Propulsé ensuite au commerce et à l’industrie, il n’arrive toujours pas à inverser la courbe de l’inflation, comme lorsqu’il était à l’emploi, même s’il serait plus juste de dédouaner le ministre de l’effet de la très molle conjoncture économique. Ce n’est bien sûr pas son avis. Pour lui, «4,8 % d’inflation, c’est une baisse par rapport aux 5 % du mois d’avril 2017 ». Il n’avait certainement pas encore les derniers chiffres de l’INS qui font état d’une inflation de 5,6 % en juillet 2017, en hausse de presqu’un point entier par rapport aux 4,8 % de juin de la même année. C’est peut-être là qu’il aurait dû placer, et à juste titre, l’argument de l’inflation importée par l’effet pervers de la dépréciation du Dinar tunisien. Pour lui, «il faut inscrire l’action [Ndlr : la sienne] dans la durée et réformer structurellement les choses».

Zied Laadhari évoque à ce sujet, pour Africanmanager mais sans plus de détails, une prochaine réforme des circuits de distribution qui devrait faire l’objet d’une conférence nationale et dont l’objectif est «de faire en sorte qu’ils puissent contribuer à l’effort national de maîtrise des prix». Et lorsqu’on lui demande les axes de cette prochaine réforme des circuits de distribution, le ministre tunisien du Commerce évoque la question du transport et de la collecte des marchandises par les agriculteurs, ainsi que les intervenants en dehors des circuits légaux «pour rationaliser tout cela et permettre aux petits producteurs d’acheminer leurs produits dans des conditions satisfaisantes et un retour raisonnable en matière de prix. Apres cela, il y a une grande réforme à faire de la loi sur la distribution et ses circuits, actuellement en cours, avec peut-être des partenariats publics-privés dans ces activités, de manière à permettre à l’Etat d’intervenir de manière structurelle qui puisse impacter les prix».

  • 700 MDT d’importation de produits de consommation sur un total de 3.138 MDT

La même démarche, à moyen et long terme et structurante, semble aussi guider la réflexion du ministre du Commerce et de l’industrie, lorsqu’Africanmanager évoque avec lui la question du déficit de la balance commerciale dont il semble toujours incapable d’inverser le déficit. Pour lui, «l’orientation générale, est la maîtrise raisonnable de nos importations, dans le cadre de la loi et de nos engagements internationaux et qui doit s’accompagner d’une véritable relance de nos exportations». Et d’annoncer que «nous sommes en train de travailler sur un grand plan de développement des exportations pour équilibrer la balance». Pour Zied Laadhari, il y a en Tunisie «un appareil productif très performant qui, moyennant une vraie stratégie de relance des exportations, peut créer l’équilibre». Il parle de l’Afrique et annonce que l’accord relatif à l’adhésion de la Tunisie au Comesa (Common Market for Eastern and Southern Africa) «sera finalisée en 2017».

Le ministre du Commerce et de l’industrie annonce aussi la prochaine «ouverture de cinq représentations commerciales dans des pays de l’Afrique subsaharienne, une nouvelle ligne maritime directe et régulière, avant la fin de l’année 2017 par la CTN (Compagnie tunisienne de Navigation) pour appuyer les exportations tunisiennes vers l’Afrique».

Chiffres du mois de juin 2017 à l’appui, le ministre Laadhari semble pour l’instant satisfait de l’évolution des exportations, mettant en exergue «une croissance à deux chiffres, de 12,7 % avec la contribution de tous les secteurs qui enregistrent ainsi une reprise et pour la première fois depuis longtemps, le niveau le plus bas du déficit commercial à 1060 MDT». Et lorsqu’on le met en face de la hausse, pour la même période de juin 2017, des importations qui a été plus importante que celle des exportations, le ministre tunisien du Commerce fait remarquer que «dans les 3.318 MDT d’importation, il y a 1138 MDT de matières premières et produits semi-finis, 256 MDT en biens d’équipements, 698 MDT pour l’énergie, 530 MDT pour les produits alimentaires et seulement 700 MDT pour les produits de consommation par rapport à un total de 3.138 MDT d’importation ». Et de rappeler encore que, «contrairement à ce qu’on pense, la grande majorité de nos importations sont des produits qui sont nécessaires à l’économie tunisienne et la Tunisie n’a pas le droit de fermer ses frontières aux produits étrangers, ès lors qu’ils sont conformes aux standards et aux normes».

  • Laadhari «ministre du Commerce turc en Tunisie»

La question de la balance commerciale a dernièrement pris une importance particulière, au regard de l’important déficit enregistré avec la Turquie, liée à la Tunisie par un ancien accord de libre-échange. Pour l’anecdote, ayant pris la défense de ce traité, Zied Laadhari a été appelé le «ministre du Commerce turc en Tunisie». Au courant de ce genre de commentaire, le Nahdhaoui Laadhari ne manque pas l’occasion de politiser lui-même cette affaire en dénonçant qu’il «y a une part de politisation, l’accord ayant été signé depuis 2004. Plusieurs ministres se sont succédé, sans que personne ne remette en question cet accord », dit-il. Et d’ajouter, fièrement, lorsque nous lui demandons ce qu’il a fait, lui, que «je suis le seul ministre qui a activé les clauses de sauvegarde avec la Turquie. Nous en avons déjà informé la partie turque et avons programmé une réunion du conseil d’association pour le faire en juillet, suite aux réunions techniques du début de l’année, au cours desquelles nous avons acté cette activation des clauses de sauvegarde». Concrètement donc, selon la propre explication du ministre tunisien du Commerce et de l’industrie, «on va rétablir les droits de douane sur les produits importés de Turquie, comme le textile et habillement, les produits de cuir et chaussure, alors que les produits agricoles n’étaient déjà pas concernés par l’accord de libre-échange. Nous avions déjà, depuis l’année dernière, rétabli une taxe de 35 % sur d’autres produits de consommation importés de Turquie». Et Zied Laadhari de préciser que «nous avons aussi demandé aux autorités turques de faciliter l’accession à leurs marchés des exportations tunisiennes, de développer le niveau des investissements turcs en Tunisie, d’aider la Tunisie par le biais de lignes de crédit pour le financement des importations et enfin de veiller à mettre fin aux pratiques anti-concurrentielles de certains de leurs opérateurs».

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