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Tunisie : La «bouc émissaire» qu’on accuse de tous les maux du pays !

Chedly Ayari, qu’on croit généralement détenteur du «bâton de Moïse»           et derrière lui toute la BCT qu’on croit être la Cour des miracles, est devenu le bouc émissaire de tout le monde, et dernièrement du secrétaire général de l’UGTT qui se laisse aussi embarquer dans la cabale.

Tout le monde veut son départ et beaucoup attendent impatiemment le mois de juillet prochain, date d’expiration du contrat d’Ayari, pour prendre sa place. Mais ce n’est pas une première. Avant Ayari, Mustapha Kamel Nabli avait essuyé les mêmes critiques, aussi incongrues les unes que les autres.

Dans une déclaration à la presse, le jeudi 25 janvier 2018, le SG de l’UGTT, Noureddine Taboubi demandait la tête du gouverneur de la BCT. Dans un pays, classé 1ère démocratie dans le monde (on serait presque tenté de s’arrêter là !)… arabe, c’est son droit d’exprimer son opinion que lui garantit la «meilleure constitution au monde ». C’est plutôt les griefs que nourrit Taboubi contre Ayari qui sont pour le moins…étranges pour celui qui parle au nom de 500.000 ouvriers et qui dispose d’un des plus importants think tanks du pays du jasmin flétrissant.

Selon cette déclaration du patron des travailleurs, Ayari serait responsable de «la dégringolade du Dinar, de la baisse de 1 jour des réserves en devises et de la détérioration de la situation économique générale en Tunisie». Rien que cela !

On remarquera au passage que Taboubi n’est en cela que l’écho de ce que répètent, depuis des années, tous les adversaires du gouverneur de la BCT. Bien avant lui, Mustapha Kamel Nabli avait fait l’objet de la même cabale politique, qui a fini par faire perdre à la transition économique de la Tunisie, l’éminent économiste qu’il était, et le fin connaisseur des arcanes des finances internationales qui a longtemps travaillé à la Banque Mondiale.

A ce dernier, on reprochait officieusement son refus de laisser le gouvernement de Hammadi Jbali disposer librement de l’argent de la vente des 35 % de Tunisie Télécom et officiellement l’attribution par l’agence de notation américaine «Standard and Poor’s» de la note de la dette à long terme « BB » à la Tunisie.

Dans ce cas comme dans l’autre, il est utile de rappeler ce que stipule la Constitution à propos du poste de Gouverneur de la BCT. Pour le licencier, il faudra donc s’adresser à l’ARP et y convaincre 108,5 des 2015 députés (50 % des voix plus une).

Article 78 de la Constitution :

Le Président de la République procède, par voie de décrets présidentiels à la nomination du Gouverneur de la Banque centrale sur proposition du Chef du Gouvernement et après approbation de la majorité absolue des membres de l’Assemblée des représentants du peuple. Il est mis fin à ses fonctions selon les mêmes modalités ou à la demande du tiers des membres de l’Assemblée des représentants du peuple et l’approbation de la majorité absolue de ses membres.

Sans vouloir porter atteinte à qui que ce soit, l’UGTT, rapide à la détente, et ses membres au sang bouillonnant, il nous parait utile de lui conseiller de lire les statuts de la BCT, pour s’y informer des réelles missions et prérogatives de l’Institut d’émission. L’organisation syndicale et son chargé de communication (là on va bientôt se faire insulter), pourront ainsi y découvrir que la conduite de la politique économique est du seul ressort du gouvernement et … de ses partenaires, dont l’UGTT.

Ce n’est pas la BCT qui décide de l’augmentation des prix des biens et services. C’est le GUN, choisi par les signataires de l’accord de Carthage, dont l’UGTT et certains partis qui appellent au départ du gouverneur. Ce n’est pas la BCT qui a dévalué la monnaie locale, mais les opérateurs économiques, réels et informels, dont certains bénéficient de couverture. La BCT décide certes du taux d’intérêt, mais c’est dans la droite ligne de sa mission de veille au dérapage de l’inflation. Ce n’est cependant pas cette institution qui décide de la dette. Elle en reçoit l’ordre du gouvernement, sous le contrôle de l’ARP, et c’est ensuite cette dernière qui décide du montant, de l’intérêt et de la maturité.

Neji Jalloul, directeur général de l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES) a affirmé dans une déclaration accordée mercredi 31 janvier 2018 à Mosaïque Fm, que «la crise financière ne sera pas résolue si on remplace le gouverneur de la BCT, si on le remplace même par Einstein rien ne changera ! Tout le monde devrait assumer la responsabilité de cette crise qui concerne tous les Tunisiens, alors, soit on en sort ensemble, soit on s’y enfonce ensemble ». Il n’est en effet un secret pour personne que la crise économique tunisienne est d’abord une crise de travail, de production et de productivité. Comme pour tout chef de gouvernement, tout autre gouverneur de la BCT se retrouvera devant les mêmes difficultés, contraintes, pressions et tensions. Einstein, pour reprendre Jalloul, ou même Adam Smith, père de l’École classique et de l’économie moderne, ou encore le Nobel de 1990 Sharpe William, n’y pourraient rien s’ils n’étaient pas soutenus dans les mesures, douloureuses et incontournables et connues de tous, que nécessitent une telle situation, économique et financière, plus que serrée. Qui est en fait responsable de la situation de crise économique aigue et pourquoi cherche-t-on un coupable ?

Jalloul ou n’importe lequel des économistes tunisiens non politisés, dira comme lui que «la dépréciation du dinar ainsi que la chute des réserves en devises reflètent la dégradation de la culture du travail. On est encore dans un discours électoraliste et il est temps, aujourd’hui, de penser à l’avenir du pays et de prendre des mesures difficiles, douloureuses et audacieuses qui vont nous permettre de dépasser la crise économique qui s’amplifie de plus en plus» et que il y a « un manque de responsabilité politique ».

C’est là, à notre sens, qu’il faudra chercher la véritable cause de tout ce qui se passe en Tunisie et les véritables boucs émissaires sur lesquels devraient, l’UGTT comme beaucoup d’autres parties, déverser leur colère et demander le départ. Les Municipales, qui sont le véritable enjeu de toutes les déclarations, qui se font contre l’un ou l’autre des gouvernants, montreront si le peuple a appris la leçon.

Adorateur du chanteur Léo Ferré, je réécouterais bien volontiers ses mots !

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